Bon Gîte de Sainte-Justine : passer à travers la pandémie sans aide financière ou presque

ÉCONOMIE. Le passage de la région en zone jaune signifiait la réouverture des bars le 14 juin dernier. Ceux qui avaient des terrasses avaient la possibilité d’accueillir des clients à compter du vendredi 11 juin.

Il va sans dire que la situation a été très difficile pour plusieurs propriétaires d’établissements qui attendaient cette nouvelle avec impatience, du moins pour ceux qui ont pu résister à la plus récente fermeture qui s’est manifestée en novembre 2020 et s’est étirée pendant près de six mois.

Propriétaire du Bon Gîte, établissement bien connu de Sainte-Justine, Marcel Audet est l’un de ces tenanciers qui a su tenir le coup, même s’il n’a eu droit qu’à une infime partie de l’aide annoncée par les deux paliers de gouvernement.

« Je n’ai eu aucun soutien du provincial. Lorsque le fédéral a offert le premier prêt de 40 000 $, les démarches que j’ai effectuées n’ont rien donné non plus puisque nous n’avions pas assez versé de salaires pour y être admissibles. Ma femme, ma fille et moi avons presque travaillé bénévolement lors de cette période de démarrage », indique le propriétaire qui souligne avoir obtenu, un peu plus tard, une aide de 10 000 $ de la SADC Bellechasse-Etchemins avant d’obtenir le prêt supplémentaire de 20 000 $ offert aux entreprises par le fédéral.

« Même si c’était un prêt, je l’ai pris quand même, car j’en avais besoin. Cela a permis de payer le chauffage et les taxes municipales, puis de se maintenir à flot en attendant que ça reparte, même si on ne savait pas quand », précise M. Audet qui ajoute que les seuls frais fixes pour cette période ont atteint les 30 000 $, sinon plus, sans qu’il n’y ait d’entrées d’argent neuf.

M. Audet, qui a acheté le Bon Gîte en 2018, avait investi près de 125 000 $ dans la réfection du commerce qui devait être leur projet de retraite, à lui et sa conjointe. « En deux ans, on a ouvert à peine huit mois. À l’été 2019, l’endroit était difficilement accessible en raison des travaux de réfection de la rue Principale, mais les gens venaient quand même. Puis de novembre 2019 à la mi-janvier 2020, ça allait bien et l’endroit était plein tous les week-ends, avec au moins un party chaque week-end, parfois deux. Puis la pandémie est venue mettre un terme à tout cela », mentionne-t-il en précisant que les partys de l’automne et de l’hiver 2019-2020 ont été annulés en 2020-2021 et qu’il demeure prudent pour les mois à venir.

« J’ai quatre mariages de prévus pour l’été et je ne sais pas ce qui va se passer, je n’ai pas eu de nouvelles encore. Même chose pour les repas de funérailles », ajoute-t-il en précisant que lors de la brève réouverture en 2020, avant la nouvelle fermeture à la mi-novembre, les gens étaient aussi au rendez-vous.

Unir les forces

Si le bâtiment du Bon Gîte est à vendre depuis quelques semaines, Marcel Audet a tout de même décidé de rouvrir son bar, dans l’espoir que les activités reprendront sur des bases solides. Il ne sera toutefois pas seul puisqu’il a confié les rênes de ses cuisines à Jimmy Rouleau. Natif de cette localité et œuvrant dans le domaine de la restauration depuis 12 ans, M. Rouleau en est un autre que la pandémie a durement touché, lui qui opérait un café dans sa résidence de Saint-Joseph, le Pareil Pas pareil, qui a dû fermer ses portes au cours des derniers mois.

« Je n’ai eu droit à aucune aide financière ni du fédéral ni du provincial, car je n’avais pas d’employés », indique le Justinien qui tenait un petit café avec comptoir de prêt-à-manger dans sa résidence.

« Cela a fonctionné 7 ou 8 mois, puis j’ai dû fermer. Je me suis mis à la recherche d’un nouveau défi et avec Marcel, on s’est entendus. On s’était déjà parlé à l’automne 2019 et ça n’avait pas marché, mais là on a décidé de l’essayer », ajoute celui qui a déjà exploité un restaurant du côté de Beaumont.

Marcel Audet continuera donc à s’occuper du bar et Jimmy de la restauration. Si tout va bien, il espère y implanter un concept de bistro-boutique et café, comme celui qu’il avait à Saint-Joseph.

« Nous sommes persuadés que la reprise sera bonne. Le personnel n’est pas facile à trouver, mais on espère que la PCU et la PCRE se termineront sous peu, tout comme les assouplissements à l’assurance-emploi », de conclure les deux partenaires.