Encore une hausse des signalements à la DPJ de Chaudière-Appalaches

ENFANCE. Comme c’est le cas depuis quelques années, la DPJ Chaudière-Appalaches a de nouveau enregistré une hausse des signalements en 2022-2023. Pour la période allant du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, 7 812 signalements ont été traités par la DPJ de Chaudière-Appalaches, comparativement à 7 605 en 2021-2022, une augmentation de 2,7 %.

En compagnie de son homologue de la Capitale-Nationale, la directrice de la protection de la jeunesse (DPJ) du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), Caroline Brown, a effectué son bilan annuel, le 13 juin. 

Si le nombre de signalements retenus avait diminué lorsque Caroline Brown avait fait son bilan l’an dernier, cet indicateur est à la hausse en 2022-2023. 2 623 signalements à la DPJ ont été retenus pour cette période en Chaudière-Appalaches comparativement à 2 431 en 2021-2022, ce qui représente une augmentation de 7,9 %. À titre comparatif, à l’échelle provinciale, une hausse des signalements à la DPJ de 2,5 % a été enregistrée en 2022-2023, tandis que les signalements retenus ont diminué de 2 %.

Comme dans les dernières années, les signalements proviennent pour la grande majorité d’intervenants des réseaux de la santé et de l’éducation ainsi que des policiers et une majorité d’enfants dont la situation est prise en charge par la DPJ régionale sont suivis dans le milieu familial.

Le taux de rétention des signalements (nombre de signalements retenus/nombre total de signalements) a aussi connu une hausse en 2022-2023 en Chaudière-Appalaches, ayant passé de 31,96 % à 33,6 %. Les deux problématiques les plus courantes quant aux signalements retenus en Chaudière-Appalaches en 2022-2023 sont les abus physiques (21,6 %) et les risques sérieux d’abus physiques (17 %). La négligence est pour sa part la troisième problématique qui a occupé les travailleuses de la DPJ régionale en 2022-2023, avec 16,3 % des signalements retenus.

Plus spécifiquement pour la MRC de Bellechasse, 229 signalements ont été retenus par la DPJ de Chaudière-Appalaches en 2022-2023. Il s’agit d’une augmentation comparativement à 2021-2022, alors que 216 signalements avaient été retenus dans ce secteur. Dans la MRC des Etchemins, une augmentation des signalements retenus a aussi été enregistrée entre 2021-2022 (115 signalements retenus) et 2022-2023 (144 signalements retenus).

Pour expliquer cette nouvelle hausse, Caroline Brown estime que les efforts de sensibilisation auprès de la population pour inciter les situations inacceptables ont porté fruit. Toutefois, elle croit également que d’autres facteurs sociétaux expliquent cette hausse.

« La population fait confiance aux services de la DPJ et on a souvent nommé que la protection de la jeunesse était l’affaire de tous. Le message passe et les gens sont préoccupés (lorsqu’ils font face à une situation qui nécessite un signalement). Après la pandémie, on voit également l’augmentation de la détresse psychologique dans la population en général. Cette problématique se combine avec la pénurie de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux. À moins que ce soit urgent, les gens doivent donc attendre plus longtemps afin d’obtenir des services. C’est sûr que ça l’amène la détérioration de la situation de plusieurs parents », a illustré Mme Brown.

Autres préoccupations

D’ailleurs, si cette problématique ne s’est pas répercutée sur les signalements retenus, la directrice de la protection de la jeunesse au CISSS-CA n’a pas caché son inquiétude face à l’état de la santé mentale des jeunes à la suite de la pandémie

« On constate des troubles anxieux, des troubles alimentaires. Les jeunes ne vont pas bien. Il y a de plus en plus de dépressions chez nos adolescents, et de plus en plus chez les jeunes au début de l’adolescence. Dans le temps, on voyait ces phénomènes, mais c’était anecdotique. Maintenant, la situation est très préoccupante. Mais souvent, on va pouvoir compter sur le soutien des parents, qui sont là en soutien pour leur enfant et qui peuvent utiliser les services de la communauté », a expliqué Caroline Brown.

Dans un autre ordre d’idées, la directrice régionale de la protection de la jeunesse a aussi indiqué que la situation s’était améliorée quant aux ressources humaines de la DPJ régionale. Actuellement, Caroline Brown peut compter sur 55 employés, sur les 65 postes accordées à la direction.

« Il y aura toujours des défis, c’est un enjeu pour tous et la protection de la jeunesse n’y échappe pas, a affirmé Mme Brown. Dans mes services, j’ai 80 à 85 % de mon personnel en place, ce qui n’était pas le cas du tout il y a deux et trois ans. On a apporté plusieurs mesures de soutien pour accompagner et soutenir nos travailleurs. Ça va quand même mieux. Par contre, quand des employées partent pour des congés de maternité ou travaillent sur des projets, on n’est pas capable de les remplacer. C’est là notre défi majeur. »

Une voie importante

À l’occasion de leur 20e bilan annuel, les DPJ de la Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale ont également profité de l’occasion pour souligner le 20e anniversaire de l’application de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA). Des représentantes d’organismes évoluant dans le domaine de la justice alternative ont rappelé les sanctions extrajudiciaires qui peuvent être imposées aux adolescents contrevenants pour favoriser leur réinsertion.

En 2022-2023, 334 adolescents ont reçu des services en Chaudière-Appalaches dans le cadre de la LSJPA. Pour « donner un visage humain aux chiffres et rappeler que derrière chaque statistique se trouve un jeune qui vit de nombreuses difficultés », les DPJ de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale ont mis en ligne des récits numériques présentant cinq histoires d’adolescents contrevenants. Ces récits peuvent être écoutés au bilans-dpj-dp.ca/.

Par Érick Deschênes, Journal de Lévis – Collaboration spéciale