Faux débat entre l’enregistrement des armes et la santé mentale ?

Des chasseurs utilisent l’argument du réinvestissement en santé mentale pour s’opposer au registre des armes d’épaule. Cependant, des associations reliées à la prévention du suicide et la santé mentale ont publié une lettre ouverte pour le maintien de ce registre.

«La majorité des décès par arme à feu au Québec sont des suicides. Si le moyen qu’une personne a en tête pour s’enlever la vie n’est pas disponible au moment où sa détresse est la plus vive, un drame peut être évité. La présence d’une arme à feu, lorsqu’elle n’est pas traçable par les intervenants et policiers, donne peu de temps pour intervenir auprès de la personne suicidaire», est-il écrit.

En verrouillant, en entreposant et en enregistrant leurs armes, les propriétaires contribueraient ainsi à la prévention du suicide.

«Des voix s’élèvent contre le registre des armes à feu et réclament que les sommes qui lui sont investies soient consacrées à la santé mentale. Il est tout à fait injustifié de prétendre qu’investir dans l’une de ces mesures se fait au détriment de l’autre», peut-on lire.

Chasseur pro-registre

Alain Goulet, directeur du Centre d’écoute et de prévention du suicide Beauce-Etchemins (CEPS), est en accord avec les signataires. Pourtant, il est également un amoureux de la chasse.

Alain Goulet, directeur du Centre d’écoute et de prévention du suicide Beauce-Etchemins

«On mélange les concepts ici. Je ne me sens pas brimé comme chasseur parce que je dois enregistrer mon arme. C’est un geste gratuit pour les chasseurs qui pourrait éviter des drames», rappelle-t-il.

Si la création du registre est évaluée à 5 M$, les suicides représenteraient un coût énorme pour la société. «Lorsqu’une personne pense à se suicider, elle peut commettre des gestes impulsifs. Souvent, elle prendra une arme qui ne lui appartient pas On doit agir sur plusieurs fronts. Il faut penser à régler la détresse au lieu de croire que ça atteint notre liberté», soutient Alain Goulet.

Jérôme Gaudreault (Association québécoise de prévention du suicide), Diane Harvey (Association québécoise pour la réadaptation psychosociale), Geneviève Fecteau (Association canadienne pour la santé mentale – Division du Québec), Renée Ouimet (Mouvement Santé mentale Québec), Lynda Poirier (Regroupement des centres de prévention du suicide du Québec) et Roxane Thibeault (Regroupement des services d’intervention de crise du Québec) sont les cosignataires de la lettre sortie le 14 février.

Celle-ci est disponible pour lecture en entier sur le aqps.info.