Fermeture de l’épicerie à Saint-Cyprien
SERVICES. La localité de Saint-Cyprien est la plus récente à perdre l’un de ses services de proximité, alors que l’épicerie du village a fermé ses portes dimanche.
La baisse drastique des revenus, jumelée aux coûts d’opération à la hausse ont sonné le glas pour le commerce qui avait été mis en vente au cours de l’été, mais sans résultat. Propriétaire de l’endroit depuis huit ans et demi en compagnie de son conjoint, Valérie Maltais a dû se résigner à prendre cette décision à contrecœur, ayant pris la relève de ses beaux-parents qui l’ont opéré pendant 23 ans auparavant. Elle observait depuis un certain temps que l’échéance approchait. «On voyait depuis à peu près deux ans que ça descendait. Il fallait trouver de nouvelles façons pour ajouter des revenus. J’avais commencé les mets préparés, le service de repas chauds, de buffets froids, ça répondait à un besoin».
À l’instar de Mme Maltais, le maire de la localité, Réjean Bédard, aurait préféré un autre dénouement et confirme que des échanges ont eu lieu avec la municipalité dans le but de trouver une solution ou des alternatives. «Nous avons utilisé notre tableau pour inviter les gens à acheter localement si nous souhaitions conserver l’épicerie. Ça avait augmenté un peu, mais pas suffisamment».
L’idée d’une coopérative, pour assurer le maintien du service, a été lancée sur la table, explique M. Bédard. Les difficultés connues par certaines dans les villages avoisinants ont toutefois inquiété les décideurs. «La seule qui fonctionne près de nous est à Sainte-Sabine, mais ils font plein de choses pour la rentabiliser et beaucoup de bénévolat est nécessaire. Il y a aussi beaucoup d’autres facteurs à considérer».
L’idée de mettre à profit le Plan de relance de la MRC des Etchemins sera peut-être considérée un jour, mais était impensable à court terme, puisque celui-ci ne peut être utilisé avec des particuliers. La municipalité a aussi d’autres projets entretemps.
Les choses ont déjà été différentes pour les commerces du village se rappellent Mme Maltais. «Il y a déjà eu une coop, un magasin général, deux dépanneurs, ça a déjà marché à Saint-Cyprien. Aujourd’hui, c’est dur, tout augmente. Quand le salaire minimum est monté à 12 $ de l’heure, j’ai fait un calcul. Il fallait que je vende pour 16 000 $ de plus dans l’année pour combler la différence, alors que le chiffre d’affaires diminuait de 10 000 $ chaque année depuis un certain temps».
Mme Maltais a même débuté un nouvel emploi en juillet dernier pour aller se chercher un revenu d’appoint, sauf qu’une partie de celui-ci se retrouvait à éponger les manques à gagner de l’épicerie. «Je pouvais faire une soixantaine d’heures à l’épicerie, mais mon salaire allait en grande partie dans les dépenses du commerce. J’ai réduit mon nombre d’heures à l’épicerie pour aller chercher un autre salaire, plus lucratif».
Victimes des habitudes nouvelles
Comme la plupart des commerces dans les petites localités ayant des difficultés, Mme Maltais croit la faible population du village à Saint-Cyprien est un facteur, mais aussi que les habitudes des gens sont en cause. «Les gens plus âgés continuaient à venir, mais ceux de ma génération et celle d’après sont plus orientés vers la facilité. Il y a eu des travaux au cœur du village au cours des derniers mois et les gens ne faisaient pas le détour. Tout le monde a affaire en ville à un moment ou l’autre dans la semaine et les grands magasins sont plus attrayants. Les gens regardent les prix et pour nous, c’est difficile de compétitionner».
Selon le maire Bédard, l’un des problèmes de sa localité est que peu de résidents de Saint-Cyprien travaillent dans les limites de la municipalité. «Quand tu n’as pas d’emplois chez toi et que les gens passent devant une épicerie plus grande ailleurs, ils arrêtent en passant, c’est normal».
Valérie Maltais avoue avoir cherché des idées pour changer les tendances. «On se demande à l’occasion si on fait des choses de pas correctes. On posait des questions à la clientèle et il n’y avait rien qui ressortait, mis à part le prix de certains items. En même temps, nous avions certains standards à respecter puisque nous étions sous la bannière Extra».
Ainsi, les produits déjà sur les tablettes ont été en vente pendant quelques semaines de façon à écouler le plus de marchandise possible. Valérie Maltais songe à poursuivre certaines initiatives prises au cours des dernières années ayant un lien avec l’épicerie, et peut-être ouvrir le commerce encore quelques week-ends, le temps d’écouler un peu de son inventaire restant. «J’ai dit aux gens que je continuerais possiblement à faire certaines choses qu’ils aimaient, dont la nourriture pour le temps des fêtes, certaines choses que les gens pourraient venir chercher une fin de semaine par mois par exemple.»
Entretemps, la localité de Saint-Cyprien conserve peu de services de proximité, si ce n’est qu’une Station-service et la caisse Desjardins, dont le bâtiment sera acheté par la municipalité. Le maire Bédard pense que le service pourra être offert possiblement plus longtemps grâce à cette idée.