Francisation: une étape nécessaire à l’intégration

IMMIGRATION. Les besoins de main-d’œuvre des entreprises de la région ont accéléré leur recours à l’immigration au cours des dernières années. Si l’investissement des entreprises est important, celui de ces travailleurs étrangers l’est tout autant.

Des organismes existent à peu près partout pour les appuyer à leur arrivée. Cependant, l’élément principal permettant leur intégration demeure la langue et l’importance de pouvoir communiquer. À ce sujet, le Centre d’éducation des adultes de Bellechasse propose différentes formations en francisation pour les immigrants souhaitant apprivoiser la langue de Molière.

Les immigrants que nous avons rencontrés proviennent, pour la plupart du Chili, de la Colombie, du Guatemala ou des Philippines. Certains sont au Québec depuis deux ans, d’autres six ans et un depuis 15 ans. Ils sont employés par différentes entreprises de la région dont Plate 2000 à Saint-Anselme, Plastique Moore à Saint-Damien et Optiplast à Saint-Lazare, ou encore sur des fermes laitières. Des étudiants, parlant déjà le français, vont suivre ce genre de cours également pour se familiariser avec l’accent et les expressions québécoises.

Lorsqu’on leur demande si le français est difficile à maîtriser, ils répondent à l’unisson et en souriant que oui. « La prononciation est difficile à maîtriser », jugent certains d’entre eux. « Le français des Québécois est différent de l’Europe ou d’ailleurs », observent d’autres. « Quand les gens nous parlent à nous, c’est facile, mais quand ils parlent entre eux, c’est plus compliqué, car ils parlent plus vite », constate Paulina, l’une des étudiantes de la classe.

Karine Labrie est l’une des enseignantes qui dirigent ces groupes d’environ une quinzaine d’étudiants. Elle donne des cours de francisation à ces immigrants depuis quatre ans et estime à près d’une centaine le nombre d’immigrants qui fréquentent ce genre de cours dans Bellechasse. « Nous sommes trois enseignantes ici et j’ai six groupes du genre. Il y a des cours de jour et de soir, car on doit s’ajuster à leur horaire de travail », mentionne-t-elle.

« Nous sommes partagés entre leur montrer le français d’ici, versus le français international », explique Karine Labrie. « L’objectif du cours, pour la majorité, est d’aller passer leur examen au ministère de l’Immigration, qui va ensuite leur permettre d’obtenir une résidence permanente. Cet examen est en français international et nous ne connaissons pas le contenu. »

La matière du cours est très simple et vise simplement à permettre aux étudiants de maîtriser certaines bases. « Nous travaillons ici quatre compétences, soit l’écrit, la lecture, l’allocution et la compréhension orale, pour qu’ils soient fonctionnels au travail. Ça les prépare à l’examen, mais nous devons jongler avec le français d’ici et d’ailleurs. »

Karine Labrie souligne d’ailleurs l’investissement personnel dont font preuve ces immigrants pour s’intégrer. « Il ne faut pas oublier qu’ils ont toutes et tous un travail. Certains de jour, d’autres de nuit. Ils vont occasionnellement faire du temps supplémentaire et certains ont même des enfants, mais ils vont toujours trouver le temps, l’énergie et la motivation pour venir en classe de francisation. »

La grande majorité des immigrants qui suivent les formations de francisation souhaitent demeurer au Québec, la plupart dans la région, si les opportunités le permettent. Ils sont ici pour le travail, mais apprécient les grands espaces et la tranquillité qu’offre la région et se sentent bien reçus. Le fait d’être libres de choisir où ils pourraient s’établir est aussi intéressant pour eux, conviennent-ils.