Guy Cormier invite le milieu à se regrouper
AFFAIRES. Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, était l’invité de la Chambre de commerce Bellechasse-Etchemins le mercredi 11 avril dernier. L’événement a d’ailleurs attiré près de 300 personnes au Centre communautaire de Saint-Lazare.
Devant un parterre plutôt attentif, M. Cormier a prononcé une allocution où il a insisté sur différents thèmes, dont la coopération, l’implication de Desjardins dans le milieu et l’économie du Québec, du Canada et ailleurs dans le monde. Il a toutefois particulièrement insisté sur les défis économiques qui se pointent pour la région, citant en exemple la démographie, le vieillissement de la population et la pénurie de travailleurs qui limite les perspectives de croissances des entreprises.
Il a abondamment parlé de la nécessité pour les entreprises de la région de continuer à s’investir dans cette cause et même à se regrouper. «Parfois, on réussit à rapatrier des jeunes, on travaille avec les immigrants, on se partage certaines ressources, on accepte d’investir un peu plus dans notre technologie, il y en a des solutions. Si chaque entreprise essaie de les trouver toute seule, c’est difficile. Si les entrepreneurs se mettent ensemble pour le faire, ce sera plus simple.»
M. Cormier a aussi invité le milieu à s’impliquer davantage, surtout que la région a l’un des plus bas taux de chômage au pays. Il s’est servi du décrochage scolaire pour illustrer son propos. «Chaque jeune qui décroche, c’est un coup énorme pour lui, mais aussi pour la société. C’est quelqu’un qui ne contribuera pas à développer la société par son travail, avoir une famille, etc. On ne peut se permettre de perdre des jeunes en cours de route.»
Les régions doivent s’impliquer dans leur dynamisme, estime Guy Cormier qui a salué au passage plusieurs initiatives locales. «Je le remarque dans la région. Le Salon de l’emploi Lévis-Bellechasse, le plan de relance des Etchemins, il y a une réelle volonté des gens ici de travailler ensemble dans ce sens. L’économie, le social et la société sont intimement liés. Il faut aussi que les chefs d’entreprise se sentent investis, que ce ne soit pas seulement l’affaire des gouvernements.»
Desjardins et les régions
M. Cormier a naturellement été interrogé sur les événements des dernières années impliquant Desjardins dans la région lors d’une rencontre avec la presse régionale après son allocution. Fusion de caisses, fermeture de centres de service et retraits de guichets dans certaines localités ont fait partie de l’actualité dans la région.
Il avoue que l’un de ses plus grands défis à titre de président et chef de la direction de Desjardins sera de composer avec les changements d’habitudes des gens. «Il nous faudra bien réconcilier ces 30, 40 et 50 années d’histoire où ce sont ces gens-là qui ont contribué à la croissance du Mouvement Desjardins, mais en même temps, j’ai la responsabilité de penser aux 40 ou 50 prochaines années. Comment garder leur meilleur service tout en écoutant les nouvelles générations. Nous ne laisserons pas tomber les régions. Est-ce que ce sera toujours par le même point de service, le même guichet à la même adresse?», s’est-il questionné.
Les gens sont durs envers Desjardins à son avis. «Nous sommes souvent les derniers à prendre la décision de retirer un service. Il n’y a plus de station-service, plus de dépanneur, plus de marché d’alimentation ou d’école et nous sommes encore là. Parce que nous sommes les derniers, on se fait taxer du pire et le tollé est plus important. La réalité est que 2 % de nos membres se rendent à la caisse et 7 % utilisent les guichets. Nous sommes néanmoins en recherche de solutions», mentionnant au passage plusieurs rencontres avec les intervenants régionaux, la possibilité de partager des locaux et des ressources et même l’avènement d’une caisse-mobile pour ne nommer que ceux-là.
Mobilité des gens et troisième lien
Le Mouvement Desjardins est le principal employeur sur le territoire de la Ville de Lévis. À cet effet, M. Cormier a avoué qu’il commence à entendre beaucoup de récriminations des employés à l’effet que le transport est de plus en plus un irritant, particulièrement sur le territoire de Lévis et Québec. «Ça peut avoir un impact sur la qualité vie-travail. Je vais laisser aux spécialistes de l’ingénierie et des infrastructures le choix de déterminer quelle forme devrait prendre la solution pour améliorer le déplacement des gens. Nous avons mis en place plusieurs choses déjà, avec le transport en commun, le covoiturage, nous avons même des navettes Montréal-Lévis pour notre personnel. Il est évident que cela commence à nous affecter», a-t-il indiqué.