Jean-Marie Chabot : une vie consacrée à l’acériculture

ARMAGH. Il aura 70 ans en août et l’acériculture n’a plus de secret pour lui. Jean-Marie Chabot est une figure connue et respectée de cette industrie dans laquelle il évolue sur une base professionnelle depuis 44 ans.

«Cette passion pour le sirop d’érable remonte à mon enfance. Chaque printemps, à l’adolescence, j’entaillais des érables dans le village, je la récoltais la sève et je la faisais bouillir chez moi. Ma mère m’endurait et en fin de compte, je produisais deux ou trois gallons de sirop pour la famille», note-t-il avec amusement.

Après avoir obtenu son baccalauréat comme ingénieur en mécanique, M. Chabot fait son entrée chez IPL en 1967 où il prend la responsabilité du département des produits acéricoles, ainsi que de celui dédié à la recherche et au développement.

Mis au fait des travaux de l’ingénieur Denis Désilets de l’Université Laval qui, en 1969, allait mettre au point un premier système de pompe à vide (vacuum) pour la collecte de l’eau d’érable, il associa son employeur à ces travaux. «IPL produisait des tuyaux de plastique pour le transport de la sève par gravité à la cabane et je voyant un énorme potentiel pour l’entreprise», précise M. Chabot qui en parallèle achètera une érablière à Armagh, tout comme son ami Clément Métivier, copropriétaire d’IPL, à Saint-Damien. Leurs érablières allaient rapidement devenir des laboratoires pour l’implantation de ces nouvelles techniques et les produits d’IPL.

L’industrie acéricole prendra son envol dès le milieu des années 1970 et cet engouement se poursuivra jusqu’au début des années 1990, alors la direction d’IPL décide de vendre sa division des produits de l’érable à trois partenaires, dont le frère de M. Chabot, Christian. L’année suivante, Jean-Marie et son frère Yvan prennent le contrôle de l’entreprise avec Christian et jettent les bases des Équipements d’érablière CDL, entreprise familiale qui est active autant au Canada qu’aux États-Unis.

Jean-Marie Chabot et ses trois fils sont aujourd’hui actionnaires de l’entreprise et de sa filiale CDL USA ainsi que de l’Érablière Jean-Marie Chabot, située dans le rang 7 à Armagh, qui compte 75 000 entailles et continue à servir de laboratoire pour CDL.

Des distinctions méritées

Homme de nature modeste, Jean-Marie Chabot a obtenu quelques distinctions pour sa vaste implication dans le domaine du plastique et du sirop d’érable. En novembre dernier à Wolfville en Nouvelle-Écosse, le Conseil nord-américain du sirop d’érable et l’Institut international du sirop d’érable lui décernaient le prix de la Feuille d’or pour sa contribution à l’industrie acéricole nord-américaine. «C’est la cerise sur le sundae, dira-t-il. Ça m’a touché d’autant plus que cette distinction était remise par mes pairs et que le vote était unanime», indique celui qui est seulement le troisième Québécois à remporter ce prix depuis sa création il y a dix ans.

Place à la concurrence américaine

Si le Québec est depuis longtemps reconnu comme étant La Mecque du sirop d’érable, cela est appelé à changer avec la venue des Américains qui, précise Jean-Marie Chabot, investissement massivement dans cette industrie.

«On retrouve actuellement 80 % des érables au sud de la frontière contre 20 % au Canada, dont 50 % au Québec», précise M. Chabot qui souligne que c’est autour des Grands Lacs, notamment en Ohio, que l’on trouve les plus beaux érables en Amérique du Nord. «Dans mon érablière, je vais chercher trois livres à l’entaille certaines saisons. Là-bas, c’est souvent un gallon l’entaille, ce qui est trois fois plus qu’ici», précise-t-il.

Si 80 % de la production mondiale de sirop d’érable se fait au Canada et au Québec, Jean-Marie Chabot est d’avis que ce ratio changera du tout au tout d’ici les prochaines années. «Ici, on a de petites érablières et on les exploite souvent pour le plaisir. Aux États-Unis, c’est un libre marché et les érablières sont toutes d’envergure. Les gens sont là pour faire des affaires et il est certain qu’un jour, ils domineront le marché. Grâce à eux, on assistera à un nouveau boom dans cette industrie.»