Jeu de Joffre: des révélations historiques
SAINT-ANSELME. Une professeure de l’Université Queen’s (Ontario) qui effectue un travail de recherche sur le jeu de Joffre, Caroline-Isabelle Caron, s’est rendue à Saint-Anselme pour dévoiler les avancements de son investigation, le 3 août dernier. Ses recherches ont révélé que contrairement à beaucoup de croyances, ce n’est pas Onésime Laliberté qui a inventé ce jeu populaire dans la région.
Cela fait plus de 10 ans que l’universitaire, qui fait de la recherche historique et se spécialise en culture populaire francophone, s’intéresse à ce sujet.
« J’ai grandi dans la région de Québec, donc je savais que ce jeu existait. Je me demandais comment la Première Guerre mondiale se ramassait dans un paquet de cartes. Je trouvais ça fascinant, je me suis donc mise à chercher et à creuser. Au cours des dernières années, j’ai accumulé de l’information et aujourd’hui, je veux dévoiler mes pistes et aussi poser des questions aux gens d’ici pour faire avancer mes recherches », a expliqué Mme Caron.
Des incohérences dans les dates du retour du présumé inventeur de ce jeu à Saint-Anselme, Onésime Laliberté, a ainsi éveillé des doutes chez Caroline-Isabelle Caron concernant l’histoire du Joffre.
« On dit qu’Onésime Laliberté est revenu de la guerre en 1920 avec le jeu de Joffre. L’histoire dit également que c’est lui qui en est l’inventeur. Toutefois, ce que j’ai pu retrouver dans les archives, c’est qu’il n’est pas revenu à Saint-Anselme en 1920, mais plus autour de 1930. J’ai finalement pu confirmer que le jeu de Joffre, ce n’est pas lui qui l’a inventé. C’est un très vieux jeu de carte qui a été adapté plein de fois et le jeu de Joffre a été transformé en 1914 par le journal La Tribune. Onésime Laliberté était en Alberta en 1914 et il n’a pas pu participer à la création du jeu. Onésime était un fan fini de ce jeu, c’est lui qui l’a introduit dans la région, mais on ne sait toujours pas comment il a obtenu les copies de ce jeu ni quand il les a obtenues », a partagé la professeure.
Selon Mme Caron, la première version de ce jeu se nommait Three Spot avant qu’une autre proposition, The Lost Heir, voie le jour. La Tribune a ensuite lancé sa propre version du nom, Choo The Kaiser, sous la thématique de la Première Guerre mondiale, qui faisait alors rage.
Des communautés avec une passion similaire
Alors que le Joffre a eu et continue d’avoir un impact culturel à Saint-Anselme et dans ses environs, deux autres versions du jeu sont populaires dans les régions de Battleford, en Saskatchewan, et de Waterloo, en Ontario, selon Mme Caron.
« Le monde de Saint-Anselme a tellement aimé le jeu que toute la communauté s’identifie à ce jeu-là. Moi dans mes recherches, j’ai trouvé que dans la région de Battleford, ils jouent au Kaiser et à Waterloo, ils jouent à The Lost Heir, qui sont pratiquement le même jeu. Ce qui est fascinant de voir, c’est qu’eux aussi se rallient autour de leur jeu. On dirait que toutes les communautés y accordent une grande importance culturelle. Aussi, une chose qui m’a surpris de Saint-Anselme, c’est qu’il y a plus d’engouement que dans les deux autres villes », a conclu Mme Caron.
La professeure a dévoilé que sa recherche sera publiée dans le journal Canadian Historical Review dans environ six mois. De plus, un très grand passionné du jeu dans la région depuis plus de 60 ans, Jules Lacasse, a demandé à la recherchiste d’écrire un livre ou un texte informatif et potentiellement le publier localement, chose que Mme Caron a promis de faire.