L’acériculture de demain selon Serge Tanguay

SAINT-LAZARE. Passionné d’acériculture depuis son jeune âge, Serge Tanguay estime que le domaine est en plein essor. Selon lui, les nouvelles techniques et la technologie permettront aux acériculteurs d’atteindre des niveaux de performance encore jamais obtenus.

Natif de Saint-Hilaire-de-Dorset en Beauce, il est aujourd’hui directeur des ventes chez Les Équipements d’Érablière CDL situé à Saint-Lazare et il est propriétaire d’une érablière de plus de 100 000 entailles à Marsoui en Gaspésie. Son entreprise, La Coulée d’Élixir, est possiblement l’une des érablières les plus technologiques au Québec. En effet, M. Tanguay peut quasi entièrement gérer à distance toutes les opérations de son érablière à l’aide de son téléphone portable, de sa tablette ou de son ordinateur, qu’il soit au bureau, à sa résidence à Saint-Henri-de-Lévis et même dans son véhicule.

Sa fonction chez CDL lui permet d’avoir accès aux nouvelles technologies de ce secteur d’activités. Il s’implique toutefois grandement dans la recherche et le développement de la filière. «À mon érablière, j’ai des choses qui ne sont pas encore sur le marché. Quand ça n’existe pas et que nous avons un besoin, nous le faisons ensemble ici chez CDL.»

Le support de son entourage est aussi une partie importante de l’équation selon lui. Sans l’appui de son épouse Caroline Arbour, native d’Armagh, et de ses enfants  Louis-Félix et Lauralie, il ne pourrait mener à bien ses projets.

Automatisation et informatique

Selon Serge Tanguay, le monde acéricole est appelé à se développer rapidement et l’automatisation aura un effet grandiose sur la production. Il a presque doublé la sienne au cours des trois dernières années en raison de tous les travaux effectués. «Présentement, toute la forêt est munie d’un système de surveillance, souvent appelé « monitoring » dans notre domaine. J’ai 32 caméras d’installées et 455 sondes. Elles sont réparties un peu partout afin de me donner le vacuum et la température à chaque fin de ligne. J’ai des niveaux de bassin partout, et je contrôle mes pompes à distance. Je peux aussi voir qui fait quoi et j’ai des alarmes qui me rapportent les problèmes que peuvent vivre mes employés.»

Il convient en souriant que ce ne sont pas tous les projets qui fonctionnent. Il y a beaucoup d’essais-erreur indique-t-il. «Au niveau de l’informatique par exemple, mon érablière est située dans les Chic-Chocs. J’avais un défi de taille, car il n’y a rien. Pas d’électricité, ni de cellulaire, rien. Présentement, j’ai accès à internet haute-vitesse sur l’ensemble de ma propriété. Ça n’a pas fonctionné du premier coup, j’ai investi beaucoup de temps afin de trouver la solution. Aujourd’hui, l’important c’est que tout fonctionne à merveille.»

Son installation lui permet non seulement de produire davantage, mais lui apporte aussi une certaine quiétude en raison de la distance. «Que je sois n’importe où sur le globe, chaque soir, je peux consacrer une trentaine de minutes de gestion où je peux aller voir mes points stratégiques. J’ai l’esprit tranquille, car j’ai le contrôle. C’est encore plus performant que si j’étais sur place.»

Il mijote d’autres améliorations à son érablière et quelques idées qui pourraient être soumises à l’industrie au cours des prochaines années. «L’évaporateur est une pièce que j’embarque l’an prochain. Nous avons développé un équipement qui se nettoie tout seul et tout est prêt pour l’automatiser. Nous sommes aussi à créer ce qui suivra la calibration du sirop», indique M. Tanguay.

«Préparez-vous, car ce que l’on a vécu au cours des années 2000, les six à dix prochaines années seront exponentielles au niveau technologique», à son avis. Il estime que l’automatisation viendra répondre aux besoins de main-d’œuvre de plus en plus criants, mais créera aussi de l’intérêt pour cette industrie.

«Les entreprises seront de 30 à 40 % plus performantes d’ici 5 ans. C’est une question d’installation et de technologie. Autrement dit, l’acériculture dans 5 à 10 ans ce sera 6 livres de sirop à l’entaille, l’automatisation et des propriétaires avec un contrôle absolu de leur entreprise.»