Le lac Etchemin en santé, mais fragile

ENVIRONNEMENT. Le lac Etchemin est en bonne santé, mais demeure un plan d’eau fragile qui est fragile, car soumis à une grande pression humaine.

Ce constat s’inscrit dans une étude visant à établir un diagnostic environnemental du plan d’eau et son bassin versant qui a été commandée à l’automne 2020 par l’Association de protection du lac Etchemin (APLE), de concert avec la municipalité de Lac-Etchemin et les députés Stéphanie Lachance et Steven Blaney. 

Les détails de ce rapport réalisé par le Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants (RAPPEL) ont été rendus publics la presse, puis à la population le vendredi 6 mai dernier.

Le biologiste Bernard Mercier, qui a réalisé l’étude, a mentionné que selon des données sur la qualité de l’eau entre 2009 et 2020, le lac Etchemin était un lac « jeune et moyennement jeune, mais qu’il pourrait vieillir assez rapidement avec les problèmes que nous avons trouvés dans le bassin versant. »

M. Mercier dit avoir identifié une série de problèmes pouvant porter préjudice au lac et son bassin versant dans le futur. Parmi ceux-ci, notons la proximité des divers développements résidentiels puisqu’en temps de pluie, l’eau des chantiers coule vers le lac.

S’ajoutent les coupes à blanc vécues dans le bassin versant qui peuvent libérer des nutriments qui nourrissent les plantes se trouvant dans le fond de l’eau. « Pour protéger un lac, il faut agir dans le bassin versant, c’est une responsabilité collective, il faut traiter cela dans son ensemble. Le lac Etchemin dispose d’un grand bassin versant. »

Soulignons qu’à l’été 2021, deux biologistes, une géographe et une écologiste du RAPPEL se sont rendus sur place afin de procéder à une caractérisation du plan d’eau et de son bassin versant. « On a procédé à un inventaire des plantes aquatiques et mesuré les épaisseurs de sédiments », indique M. Mercier qui ajoute qu’une série de recommandations ont été déposées auprès de l’APLE et de la municipalité de Lac-Etchemin, qui soutient l’organisme.

S’il restait beaucoup de travail à faire, selon lui, pour empêcher les polluants issus du bassin versant d’avoir accès au lac, il indiquait que la réduction du brassage des sédiments accumulés au fond du lac, par la navigation, devra être adressée.

Il se réjouissait par ailleurs de l’absence du myriophylle à épis ou de tout autre plante exotique envahissante dans le plan d’eau lacetchemoinois. « Il faut tout faire pour éviter cela, car c’est un fléau. Il faut faire de la prévention, de la sensibilisation et l’éducation. Il faut constamment laver les embarcations et surveiller la venue de la plante pour l’enlever dès qu’on identifie sa présence », rappelle-t-il.

Un rapport à ne pas tabletter

À cet égard, le maire de la municipalité de Lac-Etchemin, Camil Turmel, a mentionné qu’il n’était pas question que ce rapport se retrouve sur les tablettes, ajoutant que la municipalité avait déjà mis en place des mesures pour assurer la qualité de l’eau du lac par le passé et que d’autres s’ajouteront dans le futur.

« Conjointement avec l’APLE, il y a des actions qui sont déjà en cours et dès le budget 2023, certaines mesures qui nécessiteront des ressources financières seront mises de l’avant. Nous avons aussi profité de la soirée d’information de vendredi soir pour annoncer la mise en place de nouvelles mesures comme l’embauche d’un patrouilleur qui s’assurera du respect de la règlementation municipale sur le lac Etchemin, en plus de faire de la sensibilisation », précise-t-il en ajoutant que dans les zones peu profondes comme celui de l’Éco-Parc, où il n’y a que 15 ou 16 pieds de profondeur, les gens seront à circuler à basse vitesse.

« On a des zones plus profondes, soit de 80 à 100 pieds, pour faire certaines activités comme le wake board et on veut que les adeptes de ces sports les privilégient », ajoute-t-il.

En ce qui a trait à la question des coupes à blanc, il a rappelé que celles-ci étaient sous l’autorité de la MRC des Etchemins et qu’à cet égard, il n’était pas question de toucher au règlement forestier de la MRC pour l’instant. Il a toutefois ajouté qu’à moyen terme, des modifications pourraient être apportées pour limiter les coupes à blancs dans le bassin versant.

Président de l’APLE, Dany Bouchard a accueilli de façon très favorable ce rapport, ajoutant que la protection du lac Etchemin était l’affaire de tout le monde et que si de belles actions ont été menées au cours des dernières années, le travail devait se poursuivre au cours des prochaines années.