L’équilibre naturel du lac Etchemin menacé
Baromètre de l’état de santé du lac Etchemin, la situation de sa population indigène de touladi n’est pas catastrophique, mais n’est pas bonne non plus en raison notamment du rétrécissement de son habitat résultant du réchauffement de l’eau du lac et de l’apport de sédiments et de fertilisants imputables notamment aux eaux de ruissellement.
Ce constat est celui de Luc Major, biologiste au ministère des Ressources naturelles, et de Pierre-Yves Collin, technicien de la faune à ce même ministère, qui ont effectué en 2009 une étude de l’état de santé du lac Etchemin et de sa population de touladis (truites grises), étude dont ils ont livré les résultats à la trentaine de personnes qui ont répondu à l’invitation de l’Association de protection du lac Etchemin (APLE) d’assister à la conférence sur l’état de santé du lac Etchemin et de sa population de touladis, présentée au Club nautique de Lac-Etchemin, le vendredi 28 septembre, à sa demande.
D’entrée de jeu, M. Major a précisé que bien qu’ils datent de trois ans les résultats de cette première étude normalisée à être menée au lac Etchemin, n’en demeuraient pas moins d’actualité.
Articulée autour de prises d’échantillons d’eau et de pêches expérimentales notamment avec l’installation de 10 filets pendant une nuit dans l’habitat du touladi soit dans le 26 % du lac ayant une concentration d’oxygène d’au moins 5 ppm et une température de moins de 12 degrés Celsius, cette étude démontre une cote trophique allant de d’oligo-mésantrophe à mésotrophe ce qui est symptomatique d’un envasement du lac et d’un enrichissement au phosphore possiblement imputables à la fertilisation des berges puisque les installations septiques des résidences et chalets présents autour du lac seraient conformes. On note aussi un réchauffement significatif de l’eau en été, qui s’explique par la dévégétalisation des bandes riveraines du lac et de ses tributaires,
@ST :Des constats concluants
À la suite de ces constations, les chercheurs concluent que l’habitat du touladi se rapetisse et se trouve ainsi réduit à 26 % de la superficie du lac, ce qui facilite la vie des pêcheurs qui peuvent ainsi localiser plus facilement l’habitat du touladi et augmenter de ce fait leurs chances de capture. Dans les faits, ce succès de pêche est toutefois inversement proportionnel à la densité des poissons présents dans le lac puisque ceux-ci sont forcément concentrés dans la partie du lac au-dessus de 18 mètres, et en dessous de 10 mètres, puisqu’ailleurs l’eau y est soit insuffisamment oxygénée ou trop chaude.
Compte tenu de la situation précaire du touladi à laquelle la pêche sportive contribue, les chercheurs recommandent de poursuivre la revégétalisation des rives du lac, qui s’est accentuée au cours des dernières années dans la foulée du mandat confié en 2009 à l’escouade lacs par le conseil municipal de Lac-Etchemin. Depuis, un rapport individualisé de la bande riveraine des terrains bordant le lac a été remis à chacun des propriétaires qui se devaient de se conformer aux recommandations de l’Escouade lacs dans les deux années qui suivirent. En septembre, le conseil de Lac-Etchemin a d’ailleurs donné un deuxième mandat à l’Escouade Lacs afin de vérifier si les propriétaires riverains ont donné suite aux recommandations qui leur avaient été faites.
Selon la réponse des propriétaires, la municipalité pourrait adopter une règlementation forçant les propriétaires récalcitrants à se conformer, ce qui plaira sûrement à l’APLE et à son président Daniel Poulin. Ce dernier souhaite d’ailleurs profiter du dépôt de cette étude sur la santé de lac Etchemin et de sa population de touladi pour obtenir du conseil qu’il régisse l’utilisation des pesticides et fertilisants sur les berges du lac. Quant à la possible limitation de l’utilisation des bâteaux à moteur et de leur vitesse de circulation sur le lac, la question a aussi été posée lors de cette soirée mais la difficulté d’appliquer quelque réglementation à cet effet rend selon le maire Harold Gagnon impossible l’adoption de mesure en ce sens.