Les Cercles de Fermières en mode recrutement
ORGANISME. Si la pandémie a incité plusieurs de leurs membres à ne pas renouveler leur adhésion, du moins pour un certain temps, les Cercles de Fermières de la région voient la situation se résorber peu à peu au niveau du nombre de membres, mais pas comme avant 2020.
« Avant la pandémie, nos 37 Cercles avaient au total près de 2 000 membres et on en compte près de 1 800 actuellement. Si ce nombre est en hausse constante, il y a toujours du travail à faire et ce n’est pas unique à nous. Tous les organismes font face à la même réalité », indique la présidente de la Fédération 06 des Cercles de Fermières, Andrée Laliberté.
Cette dernière ainsi que trois autres membres du Conseil d’administration de la Fédération qui couvre les MRC de Bellechasse, Les Etchemins et Montmagny, reconnaissent que plusieurs Cercles connaissent des difficultés de recrutement. La Fédération entend toutefois les soutenir dans leurs démarches.
« En mars de chaque année, on demande le rapport annuel des Cercles et dans la plupart des cas, on sent ce souci et surtout ce besoin de parler de recrutement. Récemment, on a tenu une rencontre régionale dans le secteur des Etchemins et on leur a confirmé que nous allions faire des efforts en ce sens », poursuit Mme Laliberté. Elle ajoute que si chaque Cercle s’affiche localement, certaines localités n’ont plus de Cercle de Fermières et souhaitent que le mouvement soit connu davantage des femmes de la région.
Changer les perceptions
Âgée de 26 ans seulement et membre du conseil d’administration du Cercle de Sainte-Rose depuis trois ans et elle-même adepte d’artisanat, Kimberly Dumas rappelle que les Cercles de Fermières, ce n’est pas juste de l’artisanat, bien que cet aspect occupe une place importante.
« C’est une perception à changer. À 16 ans, quand je suis devenue membre de mon Cercle de Fermières, les gens me disaient » Hein, tu fais partie du Cercle de Fermières, mais tu n’es pas vieille ! « Et à cela, je leur répondais que l’âge minimum est 14 ans. J’adore tricoter, coudre et autre, mais il y a tout l’aspect social autour des Cercles, ce qui nous permet d’apprendre constamment de nouvelles choses. Il est important de conserver notre patrimoine », rappelle celle qui après avoir intégré le conseil d’administration de son Cercle, a joint le CA de la Fédération il y a un an.
« Quand les plus jeunes me disent je ne fais pas d’artisanat, qu’est-ce que je fais ici ?, je leur réponds qu’elles doivent assurément avoir d’autres affinités ou passions. Je leur rappelle que nous avons toujours besoin de gens qui viennent partager leurs idées et leurs connaissances, que ce soit au niveau administratif, ou autres », indique Mme Laliberté qui ajoute que les Cercles de Fermières souhaitent aussi attirer les jeunes retraitées qui reviennent en région.
« On axe nos efforts et nos actions sur la qualité de vie des femmes, des familles et le monde en général. Quand les Cercles de Fermières du Québec sont nés en 1915, c’était d’abord pour éviter l’exode rural durant la guerre en outillant les femmes dans leur quotidien et briser leur isolement. Maintenant, les jeunes sont préoccupés par l’environnement et la récupération et ils en font de belles créations textiles. D’ailleurs, cette année, le Concours d’artisanat régional a intégré un volet » Récupération ». Les artisanes doivent réaliser une pièce neuve avec des pièces usagées. Nous avons le sentiment que c’est en bonne partie par cela qu’on va les attirer et les inciter à devenir membres », insiste Mme Laliberté.
Quant à l’intégration des immigrantes, qui représentent assurément un bassin intéressant de recrutement pour les Cercles, les représentantes de la Fédération conviennent que la situation demeure difficile, même si certaines ont joint le mouvement dans quelques localités. Selon Francine Ferland, le projet Artisanat du monde, réalisé lors du Congrès régional annuel présenté au début de l’été à Sainte-Rose, représente un premier pas en ce sens et sera assurément de retour l’an prochain, ayant permis l’exposition de nombreuses pièces des quatre coins de la planète.
Regarnir les conseils d’administration
Secrétaire de la Fédération, Francine Ferland insiste également sur l’importance de recruter non seulement de nouvelles membres, mais aussi de renouveler les conseils d’administration.
« Il y a des personnes pour qui c’est la première expérience dans un conseil d’administration, alors elles apprennent tout ce que ça comporte, c’est une belle école. Il y en a qui disent qu’elles sont gênées et que parler en public, ce n’est pas pour elles, mais on leur apprend à passer par-dessus la gêne et elles prennent de l’assurance peu à peu », soutient-elle en rappelant qu’il est important de bien accueillir les nouvelles membres et leur permettre de s’intégrer en étant à l’écoute de leurs suggestions et propositions.
Andrée Laliberté mentionne que les CFQ ont procédé à une refonte de leurs règlements généraux au cours des dernières années, ce qui a permis des assouplissements pour les Cercles qui n’avaient pas de Conseil d’administration local (CAL) complet. « Des balises ont été mises en place pour leur permettre de fonctionner, même s’ils ont de la difficulté à recruter. Au lieu de six membres (la base), ça peut marcher à quatre ou cinq membres quand même. Il est suggéré de s’adjoindre des sous-comités. »
Francine Ferland ajoute que le nombre de réunions mensuelles obligatoires a également été réduit de façon sensible, pour atteindre quatre séances annuellement, incluant l’Assemblée générale annuelle. « Pour les autres rencontres, ça peut être des rencontres sociales, des conférences, des ateliers de tricot ou autres, ce qu’on faisait déjà dans nos réunions régulières. »
Sur les 37 Cercles de la Fédération, 18 Cercles ont des CAL complets de six membres, contre 15 l’an passé. Treize autres ont des Conseils de cinq membres et six seulement ont quatre administratrices, ce qui représente une belle amélioration depuis deux ans.
Les intervenantes insistent sur l’importance d’assurer une certaine relève au sein des Cercles de Fermières, car les membres avancent en âge, elles ont beaucoup appris et souhaitent transmettre leurs expériences et leurs connaissances.