Les cuisines Marcel: un survivant

Dans un passé pas si lointain, les travailleurs de plusieurs entreprises manufacturières de la région pouvaient compter sur la visite d’une cantine mobile pour alimenter leur pause-café ou le repas du midi. Dans Bellechasse, l’entreprise Les Cuisines Marcel résiste à tous les changements.

Bruno Napert a vécu l’évolution de l’entreprise familiale au cours des 48 dernières années. Il est le seul dans Bellechasse à offrir le service, mise à part une autre à Saint-Henri. À Sainte-Claire et Saint-Anselme, près de 150 arrêts sont effectués quotidiennement par l’un ou l’autre des deux véhicules. «On doit suivre un horaire très serré. Ça marche souvent à la minute près. Les gens nous attendent à un moment précis. Si nous sommes en retard, ça risque de déplaire aux clients, c’est tout à fait normal.»

Les «Food trucks» qui sont de plus en plus présents dans le paysage sont inspirés de ce que sont les cantines mobiles, soit d’aller à la rencontre des gens. «Ce n’est pas tout à fait la même chose, car eux cuisinent directement sur place et demeurent au même endroit un certain temps, ce qui n’est pas le cas pour nous. La variété des produits n’est pas la même non plus», précise M. Napert.

Une adaptation constante

La nourriture servie a aussi beaucoup changé avec le temps indique Bruno Napert qui éprouve toujours le même plaisir à faire son travail après tout ce temps. «Avant c’était sandwich, hot dog et hamburger, mais maintenant nous offrons un menu du jour tous les midis. Nos plats sont tous faits maison, que ce soit les sous-marins, la pizza, les soupes, les salades, les desserts et autres. Nous avons aussi un service de traiteur. Nous nous sommes raffiné et nous suivons les tendances. Les gens commandent maintenant par téléphone ou lors de nos visites».

Pour maintenir la profitabilité de l’entreprise et les sept emplois qu’elle procure, Bruno Napert avoue qu’il est important de traiter chaque client avec respect. «Notre marché ne s’arrête pas uniquement aux entreprises manufacturières. Nous nous arrêtons dans les garages, dans les commerces, dans les salons de coiffure et autres. Plusieurs n’ont pas beaucoup de temps pour dîner alors notre visite leur rend service, puisqu’ils n’ont pas à sortir pour l’heure du dîner. On ne refuse personne. Nous tentons de trouver le bon instant pour nous rendre à un endroit et ce moment doit bien se greffer à notre itinéraire.»

La rentabilité de toute entreprise étant fragile selon les différents contextes économiques, M. Napert précise que le commerce familial doit aussi composer avec cette réalité. Le simple déplacement des deux véhicules vers la clientèle nécessite un déboursé d’environ 200 $ en essence chaque semaine. «Contrairement à certains, nous ne pouvons pas augmenter nos prix pour composer avec les variations du prix de l’essence, car le risque de perdre des clients serait trop grand. Alors, on fait avec.»

«C’est une période un peu plus tranquille actuellement en raison de la rentrée scolaire», avoue M. Napert qui dirige l’entreprise avec son épouse. «On remarque aussi une petite baisse après la période des fêtes. C’est normal, les gens ont dépensé un peu plus qu’à l’habitude. Un hiver rigoureux ne nous aide pas non plus parce que les gens sortent moins pour venir à notre rencontre lors de nos passages», nous a-t-il confié avant de se préparer à repartir sur la route à la rencontre de ses clients.