Lieu d’enfouissement à Armagh: le mâchefer utilisé davantage?

ENVIRONNEMENT. La MRC de Bellechasse souhaite poursuivre ses analyses sur l’utilisation du mâchefer pour recouvrir une cellule à son lieu d’enfouissement technique (LET) situé à Armagh.

Dans une résolution adoptée à 13 contre 7, les élus de la MRC ont décidé de pousser davantage l’expérimentation du mâchefer comme composant d’un «géofiltre» espérant ainsi neutraliser les odeurs provenant des émissions de sulfure d’hydrogène (H2S) et des odeurs émanant du site. Ce «géofiltre» serait composé d’au moins deux matières, soit un mélange de sol et de compost, soit le mâchefer ou des résidus de béton, précise David Loranger-King, directeur du service des matières résiduelles à la MRC.

La MRC cherche à régler définitivement une problématique d’odeurs observée aux environs du site d’enfouissement il y a quelques années. Les difficultés observées étaient surtout survenues après l’utilisation d’un matériau de recouvrement inadéquat provenant de résidus de débris de construction, de rénovation et de démolition (CRD), mais surtout de poussière de gypse qui avait pourtant obtenu l’aval du ministère de l’Environnement qui devra à nouveau se prononcer sur le sujet.

Le projet sera toutefois limité à une zone de 5 000 m2 ou moins. Un moratoire de trois ans sera imposé sur l’utilisation du mâchefer, à moins que le comité de vigilance du site ne le recommande avant ce délai indique la résolution.

Le maire Roy n’en veut pas

Le maire de la localité d’Armagh, Sarto Roy, est déçu que la résolution ait été approuvée et continue de rejeter le mâchefer comme solution de recouvrement, craignant un épisode semblable à celui survenu en raison du gypse. «Des études européennes nous indiquent un potentiel de dangerosité. Des règles de précautions très grandes ont dû être prises par la suite. Sur le principe de la prudence, nous avions demandé à la MRC de s’abstenir. Si le vote de ce soir (mercredi) avait été secret, possiblement que le résultat avait été différent.»

M. Roy accepte toutefois le résultat du vote ne rejetant toutefois pas d’autres moyens pour parvenir à ses fins. «Au prochain conseil municipal, nous déciderons ce que nous allons faire. Il est possible que l’on s’adresse directement au ministère de l’Environnement qui devra éventuellement émettre un certificat d’autorisation.»

Le mâchefer est composé de résidus solides produits par la combustion des déchets dans l’incinérateur de la Ville de Québec. Comme la Vieille Capitale cherche à limiter les quantités qu’elle envoie à son propre site d’enfouissement à Saint-Joachim, le maire Roy craint que le LET devienne l’alternative en ce sens. «J’ai peur qu’on ouvre la porte. On ne veut pas que les résidus de la Ville de Québec se ramassent chez nous, alors qu’elle cherche des solutions pour s’en départir. Ce produit-là n’est pas blindé ou à toute épreuve.»

Le Centre de recherche industriel du Québec (CRIQ) a publié deux rapports sur l’efficacité du mâchefer comme matériau de recouvrement potentiel. Si les observations initiales sont prometteuses, rien ne prouve formellement son utilité insiste le maire Roy. «Certaines études ou thèses ont été produites sur le sujet, mais personne ne peut dire si c’est bon ou pas. Il n’y a pas de certitude», a-t-il conclu.