Loi sur les Fabriques: Alain Vallières demande son abolition

SAINT-VALLIER. Profitant du Forum annuel sur le patrimoine religieux présenté le 6 octobre dernier à Saint-Vallier, le maire de la localité, Alain Vallières, a surpris l’audience présente en annonçant qu’il allait réclamer, de la part du gouvernement du Québec, qu’il abolisse la Loi sur les Fabriques.

Invité à présenter aux personnes présentes le projet de transformation de l’église de Saint-Vallier dans le cadre d’un atelier pour lequel sa municipalité venait de recevoir une distinction, M. Vallières a fait part de certaines embûches auxquelles le comité de transformation de l’église a eu à faire face dans la réalisation de ce projet.

« Selon l’actuelle loi sur les Fabriques, il y a trois niveaux d’approbation à obtenir de la part d’un diocèse, pour qu’une transaction entre une fabrique et une autre unité, peu importe laquelle, soit obtenue. On doit se libérer de ces niveaux d’approbation et c’est aux gens du milieu à décider de la vocation qu’ils souhaitent donner à ces bâtiments, sans avoir à recevoir l’approbation finale du Diocèse », a-t-il mentionné après son intervention publique.

Alain Vallières a tenu à rappeler que le gouvernement s’est doté d’une loi faisant du Québec une société laïque et en ce sens, il se demande pourquoi garder une loi qui a été promulguée en 1965 qui, selon lui, est désuète et accorde un privilège à la religion catholique.

« Qu’on laisse aux milieux et aux municipalités le droit de décider de ce qu’ils veulent et peuvent faire avec leurs bâtiments », précise-t-il en ajoutant qu’en parallèle, les fabriques doivent continuer à exister, car elles jouent un rôle important de promotion de la foi et d’animation dans le milieu.

« Les fabriques ont le droit de continuer, on aura toujours besoin d’elles, mais dans tout le processus qui a mené à la transformation de notre église, nous avons eu droit à beaucoup d’embûches. On a toujours les mains attachées et assujetties à l’approbation du diocèse. Il faut libérer le Québec de ce droit que se donne le diocèse en abolissant la loi sur les fabriques et en laissant à nos milieux le choix de décider de la vocation qu’ils souhaitent donner à leurs bâtiments religieux. Ce n’est pas aux gens de Québec, de Montréal, de Rimouski ou d’ailleurs de nous dire quoi faire. Donnez-nous le moyen de le faire ainsi que la liberté de choisir », a-t-il mentionné devant la foule présente.

« On ne doit pas accorder de droits exclusifs pour la religion catholique, sinon ça nous coupe de toutes les subventions. Cela a été un enjeu pour l’approbation des contrats », a-t-il ajouté en mentionnant que s’il comprenait que le patrimoine religieux appartenait aux fabriques, il était du ressort des milieux de se débrouiller avec ces bâtiments, bien souvent.

Des demandes officielles requérant l’abolition de ladite loi seront acheminées, a-t-il mentionné enfin, à la députée de Bellechasse Stéphanie Lachance et au gouvernement du Québec par le biais du ministère de la Culture et des Communications.

Moduler le soutien financier

S’il a tenu à saluer la contribution importante du gouvernement du Québec et du Conseil du patrimoine religieux dans le financement du projet de transformation de l’église qui, rappelons-le, a coûté 2,4 millions de dollars (diverses contributions totalisant 1,8 M$ ont été versées), il a invité le gouvernement et le CPRQ à moduler son soutien financier et même à le revoir à la hausse pour les plus petites localités pour qui des projets de transformation d’église ou de bâtiments religieux représentent d’importants déboursés.

« Dans ce contexte, je pense que la contribution versée dans nos petits milieux doit être modulée à la hauteur de 66 %, au lieu de 50 %, et j’invite le Conseil du patrimoine religieux, qui je pense est assez sensible à cela, à accroître l’aide accordée afin de soutenir et participer activement à la protection du patrimoine religieux », a-t-il mentionné en ajoutant qu’il allait demander au gouvernement de donner au CPRQ les moyens d’aider davantage les milieux.

Il a par ailleurs invité les localités qui souhaitent transformer leurs bâtiments religieux à agir rapidement, car c’est un processus qui prend du temps, donnant l’exemple du processus de transformation de l’église de -Saint-Vallier qui s’est étiré sur une période de 11 ans.

Il a enfin tenu à rappeler que le processus de transformation du patrimoine religieux est une responsabilité municipale. « Cela ne veut pas nécessairement dire que les municipalités doivent acheter leur église, mais jouer un rôle de leader dans la survie du patrimoine religieux et dans la réflexion, puis d’accompagner le milieu dans la transformation du bâtiment. »