Luc Goulet à la présidence des Producteurs et productrices acéricoles du Québec

ACÉRICULTURE. Luc Goulet de Saint-Lazare, dans Bellechasse, a été élu président des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) le 25 mai dernier. Il n’en est pas à ses premières armes dans le mouvement, étant président du syndicat acéricole de la Côte-du-Sud depuis 2014 et premier vice-président des PPAQ depuis 2016.

Propriétaire de 17 000 entailles à Saint-Nazaire, aussi dans Bellechasse, M. Goulet estime que son mandat ne représente pas de défi supplémentaire, mais amènera évidemment davantage de responsabilités. « J’ai commencé à m’impliquer en 2014 au niveau provincial et j’ai commencé à faire ma place assez vite. L’ancien président avait affiché ses couleurs l’an dernier. Dans les dernières années, j’étais presque toujours à ses côtés, alors j’étais au fait des dossiers et j’étais très impliqué. »

Sa nouvelle fonction l’amène naturellement à se déplacer régulièrement à travers la province. « On a la pression de bien faire et d’être à l’écoute des producteurs. On fait des tournées régionales et provinciales depuis un certain temps. »

Ses fonctions amèneront toutefois un défi au niveau de son entreprise, puisqu’il entend s’y consacrer vigoureusement. Son premier dossier sera celui de rendre davantage disponibles les terres publiques à l’acériculture ( Voir autre texte ).

« On a plusieurs dossiers à défendre et des revendications au niveau du ministère de l’Agriculture, de la Financière agricole, avec l’Environnement et surtout une convention à revoir avec les acheteurs et transformateurs de sirop, puisque notre convention est échue. Nous sommes déjà à la table de négociation pour revoir les irritants des dernières années et on connait le contexte économique actuel. Cette année, la facture comparativement à l’an dernier est incomparable. L’achat et la disponibilité des équipements rendent impossible une quelconque négociation, on paye tout simplement. »

La bonne récolte du printemps dernier assure toutefois une certaine réserve de sirop, réserve qui s’était fragilisée au cours des derniers mois. « On devrait pouvoir pasteuriser une bonne quantité de sirop de l’année. Pour l’instant, on parle de 20 à 40 millions de livres facilement. Dans le contexte actuel, on s’attend à ce que certains acheteurs soient hésitants et préfèrent acheter pour une certaine durée et non une année complète, essayant d’anticiper ce qui pourrait se passer dans six mois par exemple. »

Les statistiques d’exportation indiquent une hausse dans certains marchés, fait valoir M. Goulet, sauf qu’une certaine stagnation pourrait aussi survenir, selon lui. « Il est vrai que nous avons eu des croissances exceptionnelles. Les deux dernières années étaient de 20 % et ça devient difficile à gérer, surtout lorsqu’il y a du ponctuel. Certains marchés européens sont en hausse et même l’Australie. Créer une habitude de consommation est une chose, sauf que la maintenir est un défi. »

Une convention bientôt échue

Sur la prochaine convention de mise en marché, Luc Goulet indique que les attentes des producteurs sont élevées. « Nous avons pris de la maturité et le secteur s’est développé. Les transformateurs ont aussi leurs enjeux, on l’a vu ce printemps, car l’approvisionnement a été un enjeu pour certains. Notre but est qu’il ne manque pas de sirop. »

Il indique que les équipementiers ont pu bénéficier de la liquidité qui a été acheminée aux entrepreneurs à la suite de la récolte de l’an dernier. « La création d’une réserve dans le passé a été une bonne chose, car le sirop a finalement été vendu et les bénéfices remis aux producteurs. »

Avec 180 millions de vente de sirop, le nouveau président souhaite que les entailles produisent davantage, mais le développement pourrait vite se saturer, d’où les intentions dirigées vers les terres publiques. « Nous avons amélioré nos équipements et nos moyennes de production, sauf qu’il y aura aussi un plafonnement un jour. C’est le nombre d’entailles disponibles qui fera foi de tout. Le potentiel de développer de gros massif d’érable, ce sera sur les terres publiques. Il faut maintenant les identifier et les aménager convenablement. »

Plusieurs acériculteurs de la région opèrent des entreprises acéricoles ailleurs qu’au Québec. Certains dans les Maritimes, d’autres dans le Maine. Luc Goulet est conscient que le système de contingent et d’un canal unique ne plait pas à tous. « Dans les dernières années, il y avait des producteurs ailleurs qu’au Québec qui se sont fait offrir de bonnes sommes pour leur sirop. Avec la récolte de cette année, certains auraient avantage à conserver du sirop chez eux s’il n’y avait pas de système en place. Le fait qu’on le gère collectivement a plus d’avantages que d’inconvénients. Le plus petit producteur devient secondaire dans un système autre que le nôtre. Le Nouveau-Brunswick se base sur le prix du Québec pour faire son prix. »

Il termine en disant que le Québec a augmenté ses parts de marché aux États-Unis depuis le rapport Gagné, qui était basé sur une autosuffisance du marché américain. « Ils ne peuvent produire ce qu’ils consomment. La plupart des producteurs américains vont aussi promouvoir et entretenir un marché très local. Avec le taux de change actuel, le producteur du Québec est aussi avantagé à ce chapitre, parce que le sirop est de meilleur marché. Des producteurs doivent aussi composer avec un seul acheteur et des paiements échelonnés sur une longue période. Est-ce que la plus-value au Québec est la solution parfaite ? Avec 180 millions de livres produites, on se donne un certain avantage et des garanties de paiement aux producteurs. »