Lutte à la pauvreté: le message inspirant de Jean-Marie Lapointe

SAINT-DAMIEN. Profitant de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, qui avait lieu le mardi 17 octobre dernier, la Table Action-Solidarité Bellechasse conviait le public à une conférence de l’animateur-réalisateur et écrivain Jean-Marie Lapointe, événement qui se déroulait à la Maison de la culture de Bellechasse.

Une centaine de personnes ont répondu à l’invitation des membres de la Table, formée de représentants d’une dizaine d’organismes communautaires, qui est sous la direction de la Corporation de développement communautaire de Bellechasse.

Avant la conférence de celui qui est reconnu pour ses nombreuses implications bénévoles auprès des personnes handicapées, en situation d’itinérance et autres, les participants étaient invités à réfléchir, en ateliers, sur le vécu des personnes en situation de pauvreté qui doivent vivre, bien souvent, avec un budget minimal qui les oblige à faire des sacrifices.

« Ce que l’on voulait, c’était de sensibiliser les gens à cela. Quand il faut payer le loyer, l’électricité et que tu vis d’aide sociale ou d’autres transferts gouvernementaux, ce n’est pas toujours évident », rappelle la coordonnatrice de la CDC de Bellechasse, Stéphanie Weider, en ajoutant que le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter rend précaire la situation d’un nombre grandissant de personnes.

Face à la rue

Fils de l’ancien humoriste, musicien et comédien Jean Lapointe, qui a donné son nom à la fondation et à la Maison Jean Lapointe qui traite les dépendances, Jean-Marie Lapointe a offert une conférence prenante lors de laquelle il a fait part de ses expériences dans la lutte à la pauvreté et la sensibilisation au phénomène de l’itinérance.

Intitulée Face à la rue, du nom du docu-réalité qui l’a révélé au public en 2017, sa conférence visait à rappeler que les visages de la pauvreté étaient nombreux et que celle-ci, tout comme l’itinérance, était présente partout.

« Il est certain que ça nous saute plus en plein visage dans les grandes villes qu’en région où les gens se trouvent des endroits où dormir ici et là. Ils sont malgré tout en situation d’itinérance », mentionne-t-il en reconnaissant que son émission a fait de lui un visage reconnaissable apte à parler de cette situation et y donner de l’importance.

« C’est tellement vaste et diversifié comme problématique. Je fais beaucoup de bénévolat en servant des repas aux itinérants dans des ressources et je suis chanceux. J’ai eu des passes difficiles dans ma vie, financièrement, mais sans le filet social que nous avons, je n’aurais pas été mieux qu’un autre », poursuit-il en rappelant que ce ne sont pas tous les itinérants qui ont la chance d’avoir un frère, un beau-frère ou un parent qui peut les héberger ou leur prêter de l’argent. Ne serait-ce que momentanément.

« Cela peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Un problème de santé mentale peut survenir en tout temps. Quand je fais du bénévolat et que je vois des gens avec qui je suis allé au secondaire qui sont dans cette situation, je me dis que la ligne est mince entre celui qui est derrière le plateau et celui qui le sert », ajoute-t-il.

La différence : une richesse

Jean-Marie Lapointe avoue que comme bien des gens, il a cherché pendant longtemps comme bien d’autres à éviter tout contact avec les itinérants ou les personnes handicapées, autre clientèle auprès de laquelle il œuvre en tant que porte-parole du Défi sportif Alter Go.

« Les gens qui m’ont fait le plus grandir et évoluer sont des personnes avec des handicaps, en fin de vie ou encore des gars qui se sont retrouvés dans la rue. Ce sont plein de situations de vie qui te font grandir et te font réaliser que tu n’es jamais à l’abri », mentionne-t-il avec philosophie en ajoutant que la fuite est bien souvent la solution facile.

« Quand tu es mal à l’aise, que tu ne saches pas quoi dire ou comment te comporter, c’est souvent plus facile de fuir, d’éviter la situation au lieu de se demander pourquoi tu es comme cela ? Ces peurs, qui peuvent être belles, peuvent devenir de belles leçons de vie », insiste-t-il.

L’influence de son père

Dans sa conférence, Jean-Marie Lapointe parle également beaucoup de son père qui a été une source d’inspiration pour lui. « Il m’a fait comprendre que l’alcoolisme n’est pas une maladie que tu choisis, que tu viens avec. Cette maladie se développe en fonction de certains événements. Ma mère est devenue alcoolique dans la quarantaine et en est décédée en l’espace de cinq ans. Mon père, lui, retombait toujours sur ses pattes, comme un chat », mentionnait-il en rappelant qu’à chaque fois qu’il rechutait, il a continué à se battre pour s’en sortir.

« Il mettait était très résilient et m’a appris le non-jugement envers les personnes souffrant d’un problème de dépendance. Quand il ne buvait pas, c’était un être extraordinaire qui a donné son nom à une maison de thérapie qui sauve des vies et qu’il a aidé à créer il y a plus de 40 ans déjà. Il a donné un sens à sa souffrance et c’est assurément son œuvre la plus importante à mes yeux. »