Maire de Saint-Philémon: Daniel Pouliot suspendu 30 jours

POLITIQUE.  
Le maire de Saint-Philémon, Daniel Pouliot, devra assumer une suspension de 30 jours imposée par la Commission municipale du Québec après avoir plaidé coupable d’avoir obtenu des revenus indirects lorsqu’un entrepreneur général prélevait du gravier sur l’une de ses propriétés.

Si la démarche est généralement légale, elle n’est toutefois pas permise lorsque le contrat implique la municipalité de l’élu en question, dans ce cas-ci la municipalité de Saint-Philémon. « J’ai acheté ces terres-là en 2008 et nous avions vérifié s’il y avait du gravier. J’ai donc un contrat depuis plusieurs années et je suis payé tant la tonne de matériel qui y est prélevé. Je suis coupable de revenus indirects et non direct, puisqu’il n’a aucun lien avec les décisions prises par l’entrepreneur », explique M. Pouliot.

« Il y a trois gravières chez nous à Saint-Philémon et l’entrepreneur choisissait toujours l’endroit le plus près. L’an dernier, rien n’avait été prélevé. Ils prenaient le gravier sur ma terre pour l’entretien de deux rangs. Au bout du compte, c’est la municipalité qui paiera plus cher pour le transport des matières. Achat local, environnement, ça ne tient pas vraiment finalement. »

Le maire Pouliot avoue ne jamais avoir vérifié la légitimité de la démarche, alors que l’éthique en matière municipale est de plus en plus contrôlée. « Je suis maire depuis 2009 et avait déjà acheté les terres au moment de mon élection. La différence entre direct et indirect, je ne m’étais pas vraiment fait expliquer la différence. J’avais un contrat avec l’entrepreneur et je ne me suis jamais mêlé de ses contrats. »

M. Pouliot ajoute s’être engagé à avoir une clause sur le contrat avec son entrepreneur qui spécifie qu’il ne peut s’approvisionner sur sa terre, lorsque les travaux impliquent la municipalité de Saint-Philémon.

La Régie incendie Bellechasse-Sud

M. Pouliot signale une autre situation particulière en matière de gouvernance municipale qui pourrait en laisser quelques-uns perplexes. Les municipalités de Saint-Philémon, Saint-Damien et Buckland ont choisi, il y a quelques années, de regrouper leurs services incendie sous l’égide d’une régie, la RIBS (Régie incendie Bellechasse-Sud). Pour s’approvisionner en essence, les pompiers doivent toutefois éviter de faire le plein des véhicules à Buckland et Saint-Philémon, puisque les propriétaires des établissements offrant le service dans ces deux municipalités sont conseillers municipaux (Éric Fontaine à Buckland et Yvan Laflamme à Saint-Philémon).

Daniel Pouliot juge que la situation devient un peu particulière et compte en discuter avec la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance. « À Saint-Philémon, on se doit d’aller à Saint-Paul-de-Montminy, Saint-Damien ou Armagh, tandis qu’à Buckland, c’est surtout à Saint-Damien. C’est un peu plate tout ça, parce que là, on commence à parler de sécurité publique. »

Il lance l’idée d’un registre à la municipalité pour que le citoyen puisse juger si des économies ont été réalisées. « Si c’était inscrit dans un registre, les citoyens pourraient juger. Tant qu’à niaiser, niaisons comme il le faut. Ce qui est important pour le citoyen, c’est qu’il n’y ait pas eu d’abus. C’est là que je me situe. »

Il accepte entretemps le jugement de la commission, mais espère tout de même des amendements à la loi pour permettre aux élus municipaux de continuer à s’impliquer au sein de leur localité, sans être pénalisés ou y perdre des revenus, et aux commerces de proximité d’avoir une chance de prospérer.

« Il y a une loi et il faut suivre la loi. J’ai enfreint la loi de manière indirecte, c’est correct. Je ne suis pas enthousiaste, mais il y a quelque chose qui doit être ajouté à la loi. Il faut que nos cas fassent changer les choses. Quand l’entrepreneur prenait du gravier sur ma propriété, c’est parce que ça coûtait moins cher à la municipalité, même chose pour l’essence avec la Régie incendie. On ne peut même pas acheter une bouteille d’eau à notre dépanneur comme municipalité. Il faut faire quelque chose. Entretemps, je vais prendre un mois de repos », ajoute-t-il en terminant.