Mairie de Saint-Michel: des candidats aux opinions variées

MUNICIPAL. Les trois candidats en lice à la mairie de Saint-Michel ont des plans de match bien différents pour l’avenir de leur localité.

Si le maire sortant, Gilles Vézina, estime avoir réussi de bons coups et souhaite poursuivre sur la lancée, ses opposants Éric Tessier et Benoit Lachance exigent plus de transparence dans la façon de faire.

M. Vézina a pris un certain moment avant d’annoncer son retour. Estimant avoir remis les finances de la municipalité à flot, il a maintenant le goût de revenir. «Lors de notre arrivée en 2013, il y avait un déficit de 20 000 $ et en plus, certains promettaient un gel de taxes du même coup. Nous avons maintenant un surplus de 250 000 $. Nous avons malgré tout investi dans l’acquisition des biens de la Fabrique et bientôt, des travaux à la jetée», souligne-t-il en citant les principales réalisations de son administration.

«Nous avons protégé le caractère communautaire des biens de la Fabrique, que l’on pense à l’église, les deux chapelles, le presbytère, les terrains et le cimetière. Ces biens doivent rester au service de l’ensemble de la population. Ce n’était qu’une première étape. Il faudra maintenant les mettre en valeur, d’abord en ayant un état des lieux, pour ensuite consulter les gens sur les différentes possibilités.»

M. Vézina espère aussi répondre aux changements législatifs sur la gouvernance des municipalités en adoptant une nouvelle politique de consultation des citoyens. «Cela devrait permettre d’éviter que ce soit une minorité criarde qui prenne le plancher et monopolise les discussions et les opinions. »

Il indique par ailleurs que sa localité est avancée dans les démarches visant à enfin à compléter l’assainissement des eaux usées, ce qui mettrait un terme au rejet de ces eaux dans le fleuve St-Laurent. «À partir de 2021, ce ne sera plus permis. Est-ce que ce seront des bassins de rétention ou autre chose, on ne le sait pas. Ce ne sera plus un dégrilleur comme aujourd’hui. Nous sommes acceptés dans le cadre du programme gouvernemental concerné. Nos discussions avec le ministère des Affaires municipales sont avancées.»

La protection des paysages du secteur et leur distinction patrimoniale est une autre proposition du maire Vézina tout comme le maintien de la santé financière de la municipalité.

Éric Tessier

Avocat de profession et gestionnaire privé en santé, Éric Tessier demeure à Saint-Michel depuis un peu plus de 20 ans. Il a tenté sa chance à la mairie il y a quatre ans, mais en vain. M. Tessier est père de huit enfants, la plus jeune étant âgée de 16 ans. Il a maintenant davantage de disponibilité pour s’impliquer au sein de la collectivité. «C’est le citoyen qui veut s’impliquer et non le juriste. Depuis huit ans, je n’ai raté que deux ou trois séances du conseil, ce qui me permet d’être au fait de ce qui se passe dans mon milieu.»

Il espère que le prochain conseil sera composé de gens provenant d’horizons multiples, critiquant lui aussi le peu d’information transmise ou divulguée aux citoyens. «Depuis quatre ans, tout est caché. Nous sommes maintenant dans un carcan cachotier et silencieux et lorsque l’on veut avoir de l’information, on se fait mettre des bâtons dans les roues et, conséquemment, nous sommes mécontents. J’ai récemment demandé d’avoir accès à une facture et on me l’a refusé. Même chose pour un rapport que deux étudiantes ont produit. Qu’est-ce qu’il y a à cacher?», se demande-t-il.

Il déplore que beaucoup d’énergies aient été consacrées au secteur regroupant l’église et la marina. «Pendant trois ans et demi, on a parlé que d’un seul dossier, le km/carré doré à Saint-Michel qui inclut le presbytère et la marina. On a négligé les 49 km/carrés autour. Il faut être davantage attentif et inclure tout le monde. Plus de 50 % de la population demeure en dehors du périmètre du village et plus de 60 % des taxes proviennent de l’extérieur du périmètre villageois.»

Éric Tessier a ainsi ciblé trois axes pour sa campagne électorale, le premier traitant des besoins et des préoccupations des citoyens. «Ça semble un peu fourre-tout comme affirmation, mais à l’heure actuelle je ne peux prétendre connaitre ces choses, mis à part les miennes. On n’a jamais demandé à la population ce qu’elle souhaitait et ça m’inquiète.»

Un village vivant et en harmonie avec l’environnement est aussi sur sa liste. «Le dossier des bassins, on sait que cela s’en vient. Le prochain conseil devra décider quel sera le scénario et les implications qui viennent avec. Maintenant, où sera Saint-Michel dans 10 ans lorsque nous aurons 350 ans, par rapport à la région, à ses voisins ? Beaumont se développe, Saint-Charles aussi, Lévis explose, un troisième lien est inévitable. Est-ce que Saint-Michel sera prête à aider ses voisins pour attirer ces gens-là et serons-nous en mesure de garder nos jeunes familles en ayant les services nécessaires ?»

Située au centre de deux pôles importants, Lévis et Montmagny, la localité de Saint-Michel devra travailler dur pour conserver ses acquis, estime Éric Tessier. Selon lui, le prochain conseil devra être rassembleur et savoir écouter. «La municipalité, c’est le milieu de vie des gens. Moi mon équipe, ce sont les citoyens. La population lance beaucoup de cris. La seule promesse que je fais, c’est d’écouter leurs préoccupations.»

Benoit Lachance

S’il se fait lui aussi très critique de l’administration actuelle, Benoit Lachance se présente à la mairie en souhaitant, lui aussi, que le citoyen soit davantage informé. C’est suite à la réunion de septembre du conseil qu’il a choisi de faire le saut, la municipalité ayant alors approuvé des travaux de près de 800 000 $ au site de la marina.

«En 2001, il y a eu 195 000 $ pour la réfection de la jetée. L’ancien conseil a aussi investi 285 000 $ pour la même réfection et la même jetée et finalement, en 2017, ce sont près de 800 000 $ qui y seront alloués. La municipalité a prévu deux fois des montants, sauf que les soumissions se sont avérées largement supérieures aux prévisions et ça a été passé comme ça. On investit beaucoup à la marina alors que partout dans le village et ailleurs, il y aurait des travaux à faire. Ça représente environ 1 700 $ par contribuable. On aurait dû consulter la population.»

Il questionne l’investissement comparativement aux retombées réelles de la marina. Lui aussi estime que tout l’argent est consacré à un seul endroit. «En 2016, la municipalité a loué l’emplacement pour 9 050 $. L’entretien en a coûté plus de 15 000 $. En 2017, le profit est d’environ 4 450 $. S’il y avait réellement des retombées, on ne serait pas la municipalité qui a le plus haut taux de taxes dans Bellechasse.»

M. Lachance estime que beaucoup de règlements causent des préjudices aux citoyens et veut redonner au mot consultation sa véritable signification. «Plutôt que nous consulter sur le projet d’achat du presbytère, on nous a présenté un PowerPoint expliquant le projet qui était déjà conclu, alors que ça devait être une consultation. Pour la jetée, c’est la même chose. Les prévisions étaient de 450 000 $ et les soumissions sortent à 800 000 $. On a passé ça dans la même soirée, ça vient de s’éteindre. La population n’est pas impliquée, on ne sait rien. Le citoyen est le payeur et devrait être le décideur.»