Mairie de Saint-Vallier: Christian Lacasse démissionne

MUNICIPAL. Maire de Saint-Vallier depuis l’élection de 2017, Christian Lacasse ne terminera pas son mandat et ne se représentera pas à l’élection municipale de novembre prochain, ayant donné sa démission lors de la séance régulière du mardi 7 septembre.

M. Lacasse a souligné que sa décision, qui a été longuement réfléchie, découle d’une importante divergence d’opinions qui l’opposait au conseil municipal actuel dans le dossier de mise aux normes de l’église de Saint-Vallier et de l’aménagement d’une salle municipale.

Sans être contre le projet, M. Lacasse estimait que la population aurait dû se prononcer sur le règlement d’emprunt de 2 487 816 $ qui avait été acheminé directement au ministère des Affaires municipales pour approbation, sans avoir à être soumis à une consultation publique ou à un référendum.

« Je pense qu’il manque l’ingrédient principal à ce projet, soit l’appui des citoyens. Ce projet est vivement contesté dans la population. Deux pétitions ont été déposées, soit une en 2015 et une autre plus récemment », précise M. Lacasse qui est d’avis que l’approbation populaire au projet lui aurait donné toute sa légitimité, ce qui n’est pas le cas selon lui.

« On a manqué une belle occasion de le faire et la ministre des Affaires municipales a également manqué une belle occasion de poser un geste démocratique », poursuit M. Lacasse qui ajoute qu’il a décroché « au moment où on a mis de côté tout le processus de vote. »

« Pour moi, il est important d’avoir l’assentiment d’une majorité des citoyens pour un projet d’une telle envergure, tout en sachant que l’unanimité est impossible à obtenir.  Dans ces circonstances que nous connaissons, je préférais me retirer, car je ne pouvais pas cautionner une telle décision. »

M. Lacasse, qui disait s’interroger sur la possibilité de se représenter à l’automne avant d’annoncer sa démission, est d’avis que la ministre des Affaires municipales aurait dû se mêler du dossier et exiger la tenue d’un référendum. La lettre annonçant l’acceptation du règlement d’emprunt, reçue plus tôt mardi par la municipalité et signée par une haute fonctionnaire au ministère des Affaires municipales, l’a énormément déçu.

« On sait qu’il y aura de plus en plus de projets de transformation d’églises dans le futur. On ne parle pas ici de services essentiels, mais de transformation de bâtiments et l’essentiel dans des cas comme ceux-ci est d’obtenir l’assentiment des citoyens. Sinon, on le fait pour qui et pour quoi ? C’est un dossier qui fait beaucoup jaser depuis 2015 la seule issue socialement acceptable était de permettre aux gens de se prononcer. »

Pas une priorité

M. Lacasse mentionne par ailleurs qu’il n’avait jamais eu peur d’investir en tant qu’élu, mais qu’il fallait tenir compte des priorités et en ce sens, il croit que la construction d’un réseau d’aqueduc dans le village était plus importante que la mise en en place d’une salle communautaire, même s’il n’était pas contre le projet.

« Ce qui attire des gens et des jeunes familles et va permettre à notre village de se développer, ce sont d’abord des services adéquats, pas des salles communautaires. On n’a pas de réseau d’aqueduc et nos bassins de rétention arrivent au maximum de leur capacité, ce qui nécessitera des investissements supplémentaires dans un proche avenir. Dans la planification des investissements municipaux, il y a beaucoup de projets qui passaient avant la transformation de l’église. On a beau dire que le projet était largement subventionné, mais il faut se rappeler que l’argent du gouvernement ne tombe pas du ciel et que c’est notre argent en fin de compte. »

Alain Vallières, maire suppléant.

Décision administrative

S’il a préféré ne pas commenter officiellement le départ du maire Lacasse, le maire suppléant Alain Vallières a tenu à rappeler que la décision du conseil de soumettre directement le règlement d’emprunt à l’approbation du ministère, sans passer par la voie référendaire, était entièrement légale et s’inscrivait dans les modalités inscrites à l’article 1061 du code municipal qui prévoit trois exceptions à l’approbation citoyenne, notamment pour les projets financés à plus de 50 %.

« En fin de compte, la décision du ministère était plus administrative que politique. Le ministère a jugé que tout était conforme. Ça prenait des motifs raisonnables pour que la ministre intervienne dans le dossier et elle ne l’a pas fait », a-t-il dit en soulignant que cette approbation mettait un terme à un dossier lancé il y a 10 ans.

« On a tenu de nombreuses rencontres et consultations avec les citoyens. Nous avons déjà quelques services qui se retrouvent dans cet immeuble, dont la bibliothèque et le bureau municipal et l’église était déjà utilisée comme salle municipale, depuis deux ans, par certains organismes. Comme ce n’était pas conforme au code du bâtiment et aux règles de la Régie du bâtiment du Québec, il fallait procéder à cette mise aux normes. Une telle obligation, c’est quelque chose qui ne se négocie pas », a-t-il indiqué.

M. Vallières tient à rappeler qu’en raison des subventions et contributions extérieures obtenues, le projet sera financé à près de 80 %, un élément non négligeable, selon lui. Cela sans oublier qu’après l’ouverture des soumissions, le 14 juillet dernier, la soumission la moins élevée était inférieure de 250 000 $ à ce qui avait été prévu initialement par les architectes de la municipalité.

« En fin de compte, pour un règlement d’emprunt de 2,4 millions de dollars, la facture refilée aux citoyens sera d’environ 600 000 $. Cela se traduira par une hausse de taxes équivalente à 58 $ annuellement pour une résidence moyenne de 200 000 $, ce qui est peu significatif pour un projet qui servira à l’ensemble de la collectivité », mentionne M. Vallières qui est d’avis qu’une salle communautaire digne de nom, où les gens pourront se réunir, est le premier élément d’une municipalité qui souhaite se développer.

« On s’est mis en mode développement depuis notre arrivée au conseil en 2013. Plusieurs projets ont vu le jour depuis et d’autres sont sur la table, incluant des projets de développement domiciliaire et la construction d’un réseau d’aqueduc, dossier que nous avons lancé lors de notre premier mandat. »

Poste à pourvoir

Comme le poste de maire est maintenant vacant, les membres du conseil choisiront un nouveau maire par vote secret lors d’une prochaine séance. Soulignons que c’est la conseillère Nathalie Dubé qui représentera la municipalité de Saint-Vallier lors de la séance du conseil des maires de la semaine prochaine.