Marcel Turmel de Saint-Malachie: une vie dédiée à l’automobile
SAINT-MALACHIE. Depuis plus de 50 ans, Marcel Turmel de Saint-Malachie œuvre dans le monde de l’automobile, dont les 46 dernières à titre de vendeur. Celui qui a eu 80 ans le 6 juillet dernier est toujours fidèle au poste, la retraite n’étant pas dans ses plans à court terme.
« La retraite, ce n’est pas dans mon vocabulaire pour le moment. Je suis en santé et j’aime toujours cela. Quand je déciderai que ce sera assez, je vais quitter, mais le temps n’est pas encore arrivé. Il y a des journées plus faciles que d’autres, des journées qu’on vend et d’autres pas, cela fait partie du métier », indique celui qui travaille chez Daniel Paré Dodge Chrysler Jeep depuis 11 ans.
Chaque matin, dès 6 h, il est le premier arrivé au garage et se prépare pour la journée. « Comme nous sommes en milieu agricole, on voit arriver des gens de bonne heure pour regarder les autos et quand je vois cela, je vais à leur rencontre. Ces mêmes personnes reviennent souvent me voir en fin de journée », mentionne celui qui était souvent le premier arrivé dans le temps où il travaillait du côté de Lévis.
« C’était souvent moi qui ouvrais les clôtures à 6 h le matin ainsi que le garage. Il m’arrivait de fermer à l’occasion, mais pas aujourd’hui », poursuit celui qui a amorcé sa carrière dans la vente automobile au défunt garage Bélanger Pontiac Buick de Saint-Anselme, en 1977.
« Avant, j’avais un garage de débosselage et de peinture à Saint-Malachie et qui appartient aujourd’hui à Alain Audet. J’avais ouvert cela avec mon beau-frère au début des années 70 et j’ai vendu mes parts cinq ou six ans après, avant de travailler pour Édouard Bélanger. Ce dernier avait aussi un atelier de débosselage et de peinture dans son garage et il m’arrivait de m’occuper de certaines de ses voitures usagées à contrat. Quand j’ai commencé à travailler pour lui, c’était uniquement à titre de vendeur », mentionne-t-il en précisant que c’est par pur hasard qu’il s’est lancé dans ce métier. « Édouard me connaissait bien. Dans ce temps-là, il n’existait que trois concessions automobiles principales soit GM, Ford et Chrysler. On vendait des autos sans problèmes. Avec l’arrivée des modèles japonais et la multiplication des marques par la suite, la pointe de tarte n’a cessé de diminuer. Il faut faire preuve d’imagination », précise-t-il en ajoutant qu’il n’a jamais été de ceux qui passaient d’un garage ou d’une marque à l’autre, comme plusieurs le font.
« Je n’ai vendu que du Pontiac-Buick et du Chrysler. Si tu veux te monter une clientèle, restes où tu es et ne va pas d’une marque à une autre. Ce n’est pas bon pour ta réputation », poursuit-il en ajoutant que lorsque la location de voiture est devenue monnaie courante (il vendait des modèles GM à cette époque), il s’était monté un portefeuille important de clients à ce niveau-là aussi.
Longue feuille de route
Après ses quatre premières années chez Bélanger Pontiac Buick, le commerce est vendu à Roméo Jacques de Saint-Bernard. Les choses allaient bien, à cette époque, jusqu’à la flambée des taux d’intérêt, au début des années 80, qui allait compliquer leur travail.
« Avec des taux d’intérêt allant jusqu’à 24 %, les ventes ont chuté de façon importante. Quand le père arrivait avec son fils, on se disait alors qu’on avait des chances d’en vendre un, car le fils avait besoin d’une auto et c’était souvent le père qui payait. C’était difficile de financer et même non souhaitable, car les taux d’intérêt étaient beaucoup trop élevés. Dans ce temps-là, les gars faisaient de l’argent, car l’argent qui était placé rapportait énormément, en revanche. »
Après que Roméo Jacques eut fermé le commerce de Saint-Anselme, Gilles Bédard de Lévis, propriétaire d’une concession Pontiac Buick lui aussi, a embauché Marcel Turmel qui a été à l’emploi de ce dernier pendant un an seulement, Bédard ayant vendu son commerce au beauceron Louis Cliche qui a l’a revendu tout de suite après à Claude Taillefer qui, lui, l’a conservé plusieurs années.
« Ce garage n’existe plus aujourd’hui. Le commerce a été vendu à Michel Cloutier (l’Ami Michel) qui a terminé le bail et construit un garage neuf le long de l’autoroute 20. GM a ensuite décidé de fermer une concession (Pontiac-Buick) pour ne conserver que celle de Chevrolet-Oldsmobile (Citadelle) et c’est à ce moment que Daniel Paré m’a approché. J’ai commencé au garage de Sainte-Marie avant d’être transféré à Saint-Malachie, à cinq minutes de route de ma maison. C’était parfait pour moi », indique-t-il.
Travailler, dans son ADN
Comme on le mentionnait précédemment, le mot retraite ne fait pas partie du vocabulaire de Marcel Turmel qui a longtemps été imité par son épouse, elle aussi âgée de 80 ans, qui a quitté son emploi au sein d’une usine de plastique de Saint-Anselme il y a quatre ans à peine.
« Travailler et vendre, cela fait partie de mon ADN. J’aime cela et je vois du monde. Ce n’est pas parce que je ne serais pas bien chez moi, mais quand on a fermé la concession à Lévis, je suis demeuré quelques mois à la maison et je me sentais inutile. Dans le temps de le dire, ici, la journée est terminée et ma femme n’a pas l’air de s’ennuyer de moi. Elle a arrêté de travailler, car on payait trop d’impôt. Le gouvernement souhaite que les travailleurs plus âgés comme nous demeurent à l’emploi plus longtemps ou retournent travailler, mais ils ne font rien pour les encourager. »