Massif du Sud: l’incertitude sur toutes les lèvres

SAINT-PHILÉMON. Près d’une cinquantaine de citoyens et employés de la Station touristique Massif du Sud se sont présentés à la rencontre publique mensuelle du conseil municipal à Saint-Philémon lundi soir dernier, dans le but d’en apprendre davantage sur l’incertitude actuelle entourant particulièrement la station de ski.

L’annonce des intentions de la municipalité de procéder à la saisie et à la vente en justice de l’ensemble des biens immobiliers appartenant à la station touristique, incluant la station de ski, a eu l’effet d’une bombe chez les résidents du secteur qui estiment que la situation jette un ombrage à son développement.

Le maire Daniel Pouliot a répété à maintes reprises que les intentions de la municipalité se résumaient au paiement des taxes municipales, que le manque à gagner  se chiffrait sommairement à 847 000 $ et que la Station touristique avait jusqu’au 14 octobre pour acquitter les sommes dues. «Au niveau municipal, je ne peux présumer de rien. On attend jusqu’au 14 octobre pour voir si la Station touristique paiera ses taxes. À ce moment, nous saurons quoi faire», a ajouté le maire.

Présent à la rencontre, le président de la Station touristique Massif du Sud, Alain Contant, a reconnu que son entreprise doit des sommes à la municipalité, mais qu’il était devenu ardu de respecter ses engagements en raison des difficultés à développer le secteur depuis la naissance de la controverse. «Pour régler cette problématique des taxes, nous avons invité des investisseurs potentiels à visiter le secteur, ils sont repartis à la course, car le risque était trop grand», a-t-il laissé entendre, illustrant à l’image de quelques citoyens que l’atmosphère actuelle n’en est pas une pour une vente, mais qui invite plutôt les gens à se retirer d’une relance potentielle.

Pressé de questions sur ce qui se produirait advenant un non-paiement de la Station touristique aux termes du délai, le maire Pouliot s’est dit malgré tout confiant que cet engagement serait tenu. «Arrêtez de jouer avec ça, on ne paiera pas le 14. Qu’est-ce que vous faites?», a ajouté Alain Contant. Le maire a simplement indiqué que le conseil se réunirait après cette échéance et qu’il y aurait un questionnement autour de la table. «À l’heure actuelle, la seule solution envisagée est que les taxes soient payées.»

Questionné si la municipalité pouvait s’engager à maintenir la station de ski ouverte en attente d’une possible vente selon les événements, M. Pouliot a répliqué que la municipalité s’engageait à rencontrer les citoyens et résidents du secteur rapidement après l’échéance.

Le maire Pouliot a aussi tenu à répondre aux gens qui s’interrogeaient sur les problèmes réels de la localité. Il a rappelé que sa municipalité doit assumer une dette importante depuis les travaux réalisés dans le Massif pour l’installation d’infrastructures en eau. «L’investissement de 9,2 M$ était nécessaire pour maintenir la station de ski en opération. Il n’y avait pas d’étangs au niveau de l’eau et des égouts au Massif du Sud en 2009 et aucun système de chloration de l’eau potable. Nous étions talonnés par le ministère de l’Environnement à cet effet. Il fallait faire cette mise aux normes.»

Un climat malsain

Directeur des ventes à la Station touristique en 2012, Michel Allard est venu dire que les intentions du Parc régional Massif du Sud de reprendre la gestion des activités hivernales et qu’une injonction déposée contre la station a provoqué la naissance d’un conflit entre les deux organisations et une chute dramatique de l’intérêt envers le secteur.  «Comment une entité qui n’a plus de revenus peut-elle payer ses taxes dans une situation semblable», s’est-il questionné.

Luc Malovechko a réitéré que les affaires étaient toujours difficiles. «Pensez-vous que je fais des préventes à l’heure actuelle? Pensez-vous que je reçois des CV?  Zéro plus une barre. J’ai passé quelqu’un en entrevue le 4 septembre et il devait se joindre à notre équipe. Il a vu les journaux le 6 septembre et sa réponse a été de me demander s’il allait être payé s’il venait travailler chez nous.»

Alain Contant a évoqué que les relations avec le Parc régional Massif du Sud se sont malgré tout améliorées depuis, illustrant la volonté des acteurs du milieu de travailler conjointement au développement. Il a aussi ajouté que son entreprise a malheureusement les mains liées et qu’elle ne peut appliquer sur des programmes de développement annoncés l’an dernier par le ministère du Tourisme en raison du manque de soutien du milieu. Le maire Pouliot a répliqué que la clé de ce soutien était le paiement des taxes municipales.

Du positif, s’il vous plait

Quelques propriétaires du secteur se sont dits inquiets du climat actuel et de l’impact sur la valeur et le potentiel de leurs propriétés. Le maire Pouliot s’est déclaré sensible à leur situation tout en ajoutant que chacun devait assumer ses responsabilités, la sienne étant le bon fonctionnement de sa localité et que l’ensemble des citoyens ne devait pas être pénalisé. Il a rappelé que la municipalité avait dû avoir recours aux tribunaux en raison des délais de prescription qui régissent l’administration municipale et la crainte de perdre ses dus après trois ans de non-paiement.

Certains propriétaires ont estimé que ceux déjà présents au Massif payaient suffisamment de taxes pour subvenir aux besoins de la municipalité. Ils disent toujours croire au potentiel de développement du secteur, mais surtout parce qu’ils se sentent obligés d’y croire en raison de leurs implications financières. D’autres ont suggéré que des nouvelles positives seraient préférables pour la relance du secteur actuellement affecté par la mauvaise presse autour du dossier et que celle-ci avait des effets négatifs, non seulement dans la région, mais aussi ailleurs en province.

Aux termes d’une séance de plus de deux heures, la tenue d’une rencontre publique le 20 octobre prochain au sous-sol de l’église a été annoncée. La municipalité entend faire le point sur l’avenir de la station de ski et de tout le secteur relié à la Station touristique Massif du Sud. Le tout pourrait toutefois être revu si des élections municipales devaient se tenir dans la localité à la suite de la fin des mises en candidatures ce vendredi.