Massif du Sud: une biodiversité préservée malgré les éoliennes

DOSSIER. L’aménagement d’un parc éolien dans le parc Massif du Sud a eu un impact certain sur la biodiversité du secteur, mais nombreux ont été les gestes posés avant la construction dans le but d’atténuer les effets potentiels.

C’est du moins l’avis de Jean-François Dumont, biologiste à la division Chaudière-Appalaches pour le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP). Ce dernier estime que les mesures d’atténuation imposées au promoteur ont permis de restreindre le nombre d’espèces qui ont souffert des modifications à leur habitat naturel.

«On sait que les parcs éoliens ont un impact sur la biodiversité des territoires, sauf que dans le cas du Massif du Sud, le promoteur a eu énormément de travail à faire avant la construction et même aujourd’hui. Il s’est engagé, entre autres, à produire des inventaires de la présence animale et à documenter les espèces en présence tout comme leur distribution. Maintenant que le parc éolien est en opération, il a le devoir de faire des recherches de carcasses et des suivis de mortalité sur le site, notamment chez les chauves-souris et les oiseaux de proie. Il s’y est engagé et ça fait partie du décret de toute façon».

Le décret gouvernemental imposé, lors de la délivrance du permis d’exploitation, mentionne que les méthodes d’inventaire de même que les périodes visées devront respecter les protocoles établis par les instances gouvernementales concernées, et ce, durant les trois années suivant la mise en service du parc éolien. Si la situation l’exige, des mesures d’atténuation spécifiques, élaborées avec ces mêmes instances, devront être appliquées rapidement et un suivi supplémentaire de deux ans devra être effectué.

Éoliennes déplacées

Jean-François Dumont rappelle que plusieurs éoliennes ont été déplacées dans un souci de préservation des espèces. « Elles ont été déplacées pour tenir compte des corridors de migration des animaux. Des mesures d’atténuation ont été imposées autour des cours d’eau et certaines traverses ont été aménagées dans un esprit de conservation également.»

Il convient que certaines espèces ont pu être désorientées par la présence du parc éolien, spécialement chez les prédateurs comme le pécan, sorte de martre nord-américaine, et le lynx du Canada. «Certaines espèces ont besoin d’un endroit sans perturbation pour y être à l’aise et vivent généralement en forêt fermée».

Grive de Bicknell

Lors des audiences publiques précédant la construction du parc éolien, des inquiétudes avaient été soulevées relativement à quelques espèces, dont la grive de Bicknell. «C’est une espèce très exigeante dans le choix de son habitat et elle ne peut survivre que sur les sommets froids et humides de quelques montagnes, au-dessus de 700 mètres au Massif du Sud. Les grands massifs de sapins continus, jeunes et très denses sont essentiels à la protection des nids et des jeunes contre les prédateurs». M. Dumont indique que la grande majorité du territoire habité par la grive de Bicknell a été préservé, mis à part quelques hectares.

Certains petits rongeurs, dont le campagnol-lemming de Cooper, avaient également un statut précaire avant l’arrivée des éoliennes. «Cela n’a pas changé, car les passages fauniques qui sont aménagés permettent à ces animaux de pouvoir se déplacer. Le parc éolien a réduit sensiblement leur habitat utilisable.

Omble de fontaine

Chez les poissons, la situation était fort simple avant l’érection du parc éolien. «Il y avait une seule espèce de poisson dans les cours d’eau du Massif du Sud et c’est l’omble de fontaine, communément appelée la truite mouchetée. L’aménagement des routes et traverses de cours d’eau a dû faire l’objet de beaucoup de précautions, car cette espèce nécessite un habitat inaltéré par la boue et/ou le sable, donc un fond de gravier propre pour la reproduction».

«On a un peu écrit l’histoire avec ça. C’était le premier projet dans la région, c’est la première fois qu’un promoteur avait à répondre à une série d’exigences. Tous ont pris de l’expérience, autant chez le promoteur, que chez les travailleurs et dans les différents ministères impliqués», se rappelle Jean-François Dumont qui estime que le maximum a été fait pour préserver la biodiversité du secteur.