Mauvaise nouvelle pour Saint-Damien et le sud de Bellechasse

AFFAIRES. La succursale de la Banque Nationale de Saint-Damien devrait fermer ses portes le 20 octobre prochain.

Le maire de la localité, Sébastien Bourget, dit avoir appris la mauvaise nouvelle de la bouche de la vice-présidente régionale de Chaudière-Appalaches, Caroline Côté, le 11 avril dernier.

Ce dernier dit encore mal s’expliquer les véritables raisons derrière cette fermeture. « C’est encore la perte d’un service de proximité dans le sud-est de Bellechasse, au profit du nord-ouest de la MRC. Personne n’ose le dire, mais c’est la réalité que nous sommes en train de vivre. J’espère que je ne suis pas prophète de malheur, mais ça ne fait que commencer, selon moi », a-t-il indiqué lors d’un entretien avec le journal mercredi en début d’après-midi.

« On nous dit que les gens n’utilisent plus le service au comptoir, préférant se tourner vers les transactions électroniques. Quant à cela, les gens de Saint-Anselme et du nord-ouest de Bellechasse ne sont pas plus niaiseux que nous autres et peuvent aussi faire leurs transactions électroniquement. Tout le monde peut le faire, alors ça donne quoi de garder des comptoirs. Ils n’ont qu’à tous les fermer », poursuit-il.

M. Bourget dit aussi s’interroger sur les économies réelles que fera la Banque Nationale en fermant leur succursale de Saint-Damien. « Tout ce qu’ils vont sauver, même si le guichet automatique reste (ce qui aurait été confirmé), c’est le loyer, car les employés vont être replacés ailleurs. On n’a pas eu vent de mise à pied » ajoute le maire.

« Avec les revenus que cette entreprise engendre annuellement, ils auraient pu regarder ou évaluer si une fermeture du comptoir de Saint-Damien était cruciale pour leur avenir », poursuit-il en rappelant que la succursale était implantée depuis plusieurs années à Saint-Damien.

« On a beau dire que les transactions électroniques sont en hausse, est-ce que c’est tout le monde qui l’utilise, je ne pense pas. Le sud et le sud-est de Bellechasse sont composés à 50 % de personnes ayant 65 ans et plus, alors qui va répondre à leurs besoins et leur offrir le service maintenant ? Le citoyen de 75 ans de Saint-Philémon qui faisait affaire avec le comptoir de la Banque Nationale de Saint-Damien va faire quoi ? Monter à Saint-Anselme ou Saint-Charles ? »

« Je leur ai même proposé un espace pour qu’ils viennent une fois par semaine pour les services financiers, en dehors des retraits d’argent, mais ils ont refusé. Tout se fait en vidéoconférence, qu’ils nous disent, mais encore là, ce n’est pas fait pour tout le monde. Quelqu’un qui veut revoir son plan de retraite à 75 ans ne veut certainement pas faire cela devant un ordinateur. Moi-même, à 50 ans, ça ne me tente pas trop de parler d’argent en ligne devant un inconnu. »

Il ne restera que Desjardins

Avec le départ annoncé de la Banque Nationale le 20 octobre, il ne restera plus qu’un centre de service financier ouvert dans le sud-est de Bellechasse, soit celui de la Caisse Desjardins de Bellechasse qui est situé à Saint-Damien, sans oublier le guichet automatique du côté d’Armagh. « On souhaite que Desjardins en profite pour consolider sa présence dans notre secteur », précise M. Bourget en ajoutant qu’il entendait solliciter une rencontre avec les responsables de la Banque Nationale pour en savoir davantage sur les raisons expliquant cette décision.

Ce dernier mentionne qu’au-delà du départ de la Banque Nationale, c’est tout le développement d’une région qui est compliquée par la fermeture d’un service de proximité.

« Si tu as des services, tu attires du développement et le développement amène les services. Il faut travailler plus fort que le nord pour assurer notre développement. Pour nous, perdre un service est un coup dans les côtes, c’est difficile à accepter, car ça fragilise notre secteur au complet. Ce n’est pas juste Saint-Damien, mais l’ensemble du sud qui est touché. Il faut que la population prenne conscience que l’impact est au-delà de Saint-Damien, même si le service est implanté chez nous. Mes collègues des paroisses environnantes doivent aussi prendre conscience de cela », rappelle-t-il en terminant.

Baisse constante au comptoir

Présidente de la région Chaudière-Appalaches pour la Banque Nationale, Caroline Côté confirme avoir rencontré les employées pour leur faire part de la décision il y a un peu plus de deux semaines. Elle a ensuite communiqué avec le maire Sébastien Bourget, la semaine suivante avant d’en informer les clients. Des lettres à cet effet leur ont été acheminées à compter du 17 avril.

« Ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère. Celle-ci touche un certain nombre de clients, nous en sommes conscients, mais on essaie de faire en sorte que la transition se fasse le plus doucement possible », indique Mme Côté en ajoutant que ceux-ci ont également été appelés personnellement.

« On les a invités à venir nous voir, en succursale, pour voir comment on peut les accompagner là-dedans et comment ils pourront transiger avec nous à compter du 20 octobre », poursuit-elle.

Mme Côté ajoute que la baisse significative des transactions au comptoir, à la succursale de Saint-Damien, a forcé les dirigeants de la Banque Nationale à prendre cette difficile décision. « On évalue en continu notre réseau de distribution afin qu’il réponde le plus adéquatement possible aux besoins de nos clients. Les transactions au comptoir représentent moins de deux pour cent des transactions de nos clients, alors c’est assez majeur comme baisse », précise-t-elle en ajoutant que les transactions par solutions bancaires (internet ou téléphone) représentent 85 % des transactions effectuées.

Mme Côté mentionne que le guichet automatique de la banque va demeurer après le 20 octobre. Son emplacement précis, que ce soit dans le bâtiment actuel ou ailleurs, reste toutefois à confirmer.

« Tout est en évaluation actuellement. On ne conservera pas de bureau sur place, mais on va respecter le bail avec le propriétaire actuel jusqu’à échéance de celui-ci. », indique-t-elle en précisant que les quatre employées actuelles de la succursale seront relocalisées du côté de Saint-Anselme.

Les services demeurent, mais autrement

Quant aux propos du maire Bourget sur la fragilisation des services pour la population de Saint-Damien et Bellechasse-Sud, Mme Côté rappelle que les services aux membres vont demeurer, même si la succursale n’existera plus officiellement. « Les gens du secteur de Saint-Damien demeurent importants pour nous et même si on n’a pas de succursale physique, on peut continuer à faire la différence pour eux, nous en sommes convaincus. »

« Nous sommes sensibles à la dispensation des services dans les petites localités. Je proviens moi-même d’une petite localité de 200 habitants dans Portneuf. C’est toujours triste quand ça arrive, on en est conscients et ce ne sont pas des annonces qu’on aime faire. Nous demeurons disponibles pour les gens et on se déplace déjà chez nos clients au besoin. On a trois employées qui vont continuer à vivre à Saint-Damien et pourront aller chez les gens. On va déjà dans les fermes rencontrer nos clients du secteur agricole, nos directeurs de comptes commerciaux rencontrent leurs clients en entreprises et les directeurs de développement hypothécaire rencontrent les clients chez eux. »

Pas de mouvement ailleurs

Mme Côté mentionne enfin qu’aucun changement n’est à prévoir, pour le moment, pour les autres succursales de Bellechasse (Saint-Anselme, Saint-Charles et Saint-Henri), ainsi que pour celle de Lac-Etchemin. Aucun mouvement n’est également à prévoir en Beauce.