Maxime Lessard : enseignant, directeur d’école et globe-trotter

SAINTE-JUSTINE. Directeur adjoint à l’école des Appalaches de Sainte-Justine, Maxime Lessard a connu un parcours atypique qui l’a mené en Alberta, pendant 10 ans, puis en Chine où il a été directeur d’école pendant un an, avant de revenir dans la région pour le début de l’année scolaire 2019-2020.

Natif de Lac-Etchemin et diplômé en enseignement de l’éducation physique à l’Université Laval, M. Lessard a obtenu son premier emploi dans une école francophone d’Airdrie, dans la banlieue nord de Calgary, où il a amorcé sa carrière en 2008.

Lors de son arrivée là-bas, il planifiait d’y demeurer une année seulement, mais il est resté 10 ans, devenant notamment directeur adjoint et contribuant à la construction d’une nouvelle école entre 2014 et 2018.

Sur place, il a fait la rencontre de sa conjointe, Amilie Plourde, enseignante originaire de Trois-Rivières.

Deux globe-trotters dans l’âme

Chaque été, le couple profitait de ses vacances pour voyager à l’étranger. « Nous avons pris part à deux voyages humanitaires au Kenya et on a monté le Kilimandjaro. On a fait le trajet Calgary/Lac-Etchemin en vélo un été, puis le tour de la Californie à vélo également. C’étaient de grands projets, mais avec l’arrivée des enfants, on a changé nos habitudes », mentionne-t-il.

La famille de Maxime Lessard et Amilie Plourde a profité de leur séjour en Chine pour visiter différentes régions de ce pays, dont la Grande muraille de Chine.

La petite Lilyrose, aujourd’hui âgée de 6 ans, ainsi que Jaxon et Juliet, 4 ans, sont nés à deux ans d’intervalle. Si les voyages en couple étaient terminés, cela n’a pas empêché Maxime et Amilie de vivre de nouvelles aventures avec leurs jeunes enfants.

Avec eux, ils ont passé trois mois au Costa Rica, puis trois autres sur la côte ouest-américaine. Après son congé parental, Maxime est retourné au travail, mais l’idée d’enseigner à l’international a changé ses plans. « C’est quelque chose qu’on a toujours voulu faire et on a décidé d’aller de l’avant avant que les enfants ne soient en âge d’aller à l’école », souligne l’Etcheminois.

Un an en Chine

C’est ainsi que Maxime Lessard est devenu directeur d’une école internationale située à Kaifeng, ville-préfecture de l’est de la province du Henan, en Chine. Cet établissement offre le programme albertain d’éducation aux jeunes de la 10e à la 12e année qui obtiennent ainsi leur diplôme d’études secondaire de l’Alberta, ce qui les rend admissibles aux universités canadiennes.

Sur place, la communication se faisait avec l’aide de traducteurs, ou encore de cellulaires. « Ce n’est pas une ville bilingue, même si notre école était anglophone », poursuit-il en mentionnant que pour les élèves qui ne parlaient que le mandarin depuis leur naissance, l’apprentissage de l’anglais représentait un grand défi.

Maxime avec quelques élèves de l’école internationale de Kaifeng.

« Quand ils arrivent à l’école en 10e année, ils connaissent les mots de base, mais ce sont des élèves très travaillants qui veulent vraiment apprendre et réussir. »

Des systèmes scolaires différents

Maxime Lessard qualifie le système scolaire chinois de très strict et rigide. « Au Québec et en Alberta, les systèmes se ressemblent, même s’il y a des structures différentes, tout comme le contenu à enseigner. Ici, on a beaucoup de créativité et on essaie de mettre les jeunes dans la résolution de problèmes. On essaie d’innover et de développer l’esprit critique chez les jeunes, pour qu’ils soient capables de porter un regard sur diverses situations », mentionne-t-il.

« En mathématique, par exemple, les Chinois ont des résultats plus qu’impressionnants. Ils appliquent une méthode pour laquelle il y a beaucoup répétitions et surtout beaucoup de pratique, ce qui leur permet de maîtriser la méthode et la répéter à plusieurs reprises. »

Il ajoute que pour l’apprentissage des langues, les élèves arrivaient avec des livres de traduction des mots et étaient capables de dire le bon terme pour tel ou tel objet. « Ils sont bons dans le par cœur, mais ils ne sont pas capables de répondre à des questions simples de la vie de tous les jours. Ils ont cependant une grande mémoire qu’ils pratiquent depuis la petite enfance. »

Pas toujours facile, la vie en Chine

Lors de leur séjour là-bas, Maxime et Amilie ont inscrit la petite Lilyrose dans une classe de prématernelle, mais ils l’ont retirée après un mois et demi, car c’était difficile pour elle, surtout qu’elle était la seule petite blanche à fréquenter cette école.

« Quand on la déposait à l’école, les autres parents la prenaient en photos avec leurs enfants, à l’aide de leur cellulaire, comme si c’était une attraction. La petite était gênée, c’était difficile pour elle et ça nous faisait un peu peur », avoue-t-il.

Maxime souligne que la cinquantaine de blancs qui habitaient à Kaifeng étaient souvent vus comme des touristes ou des attractions, ce qui pouvait amener des situations inhabituelles ou inconfortables, par moments. « On se faisait prendre en photos dans tous les restaurants où on allait et les gens ne nous demandaient pas la permission. Le respect de la vie privée, c’est inconnu pour eux », mentionne-t-il en ajoutant qu’il était arrivé qu’une photo de leurs enfants soit utilisée, sans leur consentement, dans une publicité de vêtements.

Maxime Lessard avec l’enseignant d’art qui lui remet une œuvre d’art signifiant la reconnaissance.

Il a également dit sentir des pressions politiques en lien avec le dossier de Weng Whanzhou, numéro 2 de la compagne Huawei arrêtée par le Canada en 2018 à la demande des États-Unis, puis l’arrestation de deux ressortissants canadiens par la Chine, par la suite.

« J’ai effectué des contacts avec l’ambassade canadienne pour m’assurer que mon personnel était en sécurité. Comme nos visas étaient tous en ordre et qu’on avait les bonnes connexions, tout était correct, heureusement. »

Maxime rappelle que « nous sommes très bien au Canada et qu’on ne réalise pas toujours la chance que nous avons de vivre dans un pays libre, où la liberté d’expression est reconnue. »

Retour au Québec

En mars 2019, Maxime et Amilie revenaient à Airdrie, où ils avaient toujours une maison. Voyant à quel point la banlieue avait changé, prenant de plus en plus des airs de grande ville, ils décidaient de retourner vivre en région et le choix de Lac-Etchemin s’est imposé à eux.

Le couple a acheté une maison et inscrit les enfants à l’école Notre-Dame, où Amilie y travaille à temps partiel. Pour sa part, Maxime est revenu à l’école des Appalaches où il est directeur adjoint depuis l’an dernier.

«Je suis bien content d’être de retour dans mon milieu et de vivre en région, encore plus dans le contexte actuel de la pandémie. Être directeur adjoint, ça m’a permis de m’acclimater au système scolaire et d’apprendre le système ainsi que les normes qui sont différentes de l’Alberta et de la Chine. Je suis très à l’aise dans ce que je fais, car je suis dans l’intervention directe sur le terrain, auprès des élèves. »