Menace de conflit de travail chez Rotobec

Un conflit de travail pourrait paralyser les activités de Rotobec, fabricant de grappins industriels de Sainte-Justine, à compter du 21 novembre prochain.

Près de 150 des 175 employés d’usine, réunis en assemblée générale spéciale le 8 octobre dernier, ont voté à 84 pour cent contre les dernières offres patronales et en faveur d’un vote de grève à « être déclenchée au moment jugé opportun. »

Cet arrêt de travail, s’il devait avoir lieu, serait le premier à frapper l’entreprise etcheminoise depuis que les employés sont desservis par le Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, en 2002. Le contrat de travail de ces derniers est échu depuis le 4 juin dernier, leurs conditions salariales étant automatiquement reconduites depuis la dernière augmentation, en février.

Selon le délégué syndical, Benoit Boulet, plusieurs séances de négociations ont eu lieu au cours des dernières semaines et les deux parties se seraient entendues sur la plupart des points de la prochaine convention. Le litige reposerait toutefois sur trois points majeurs, soit les salaires, les assurances collectives et les congés fériés.

Président du syndicat des employés d’usine, Yvan Lamontagne souligne que les employés spécialisés, notamment les machinistes et soudeurs, demandent un rattrapage salarial avec d’autres usines de la région comme Manac, Comac et autres où, selon lui, les employés peuvent gagner jusqu’à trois ou quatre dollars l’heure de plus.

En ce qui a trait aux assurances collectives, le syndicat souhaiterait que l’employeur investisse davantage, afin d’aider les employés qui assument une part importante de la facture. Quant aux congés fériés, il précise que l’employeur leur paie l’équivalent de huit heures par jour alors qu’en temps normal, ils travaillent 10 heures par jour, à raison de quatre jours/semaine.

Une séance de négociation devant un conciliateur du ministère de Travail, Jean-Luc Déchêne, aura lieu le 19 novembre prochain au Georgesville. M. Boulet annonce déjà que si l’employeur n’avait pas de nouvelles offres à leur présenter à ce moment, la grève pourrait être déclenchée dès le 21 novembre.

La direction incrédule

Invité à commenter le déroulement des négociations et le vote de grève du 8 octobre, le PDG de Rotobec, Robert Bouchard, s’est dit à la fois surpris et déçu de ce dénouement, croyant que les rencontres de négociations avaient permis aux deux parties de s’entendre sur la grande majorité des points.

Il ajoute que l’entreprise avait déposé auprès des autorités syndicales, le 24 septembre, une proposition dite finale, globale « négociée de bonne foi, qui semblait faire l’affaire de toutes les parties concernées. »

« Nous avions espoir que celles-ci seraient acceptées par une grande majorité de nos employés. On se demande si elles ont bien été expliquées, ou si les autorités syndicales les ont présentées de façon à ce qu’elles soient rejetées », s’interroge M. Bouchard qui ajoute que dès le 10 octobre, la direction de Rotobec acheminait aux employés d’usine une lettre expliquant le contenu des propositions patronales. « On souhaite qu’à la lueur des renseignements qu’ils ont reçu, les employés demanderont un nouveau vote. Si nos offres étaient rejetées, il faudra envisager le fait qu’une grève puisse être déclenchée. »

Entente de cinq ans

Parmi ces offres, on retrouverait une hausse de 1$ l’heure du plafond salarial, ce qui représenterait plus de cinq pour cent d’augmentation pour la première année, somme qui serait indexée de deux pour cent pour chacune des quatre années subséquentes.

M. Bouchard souligne que les éléments de cette nouvelle convention seraient rétroactifs au 4 juin, tout comme la hausse salariale qui, elle, serait rétroactive à février dernier. « Cela ferait que chaque employé recevrait, après la signature de la convention, un chèque d’environ 1 200 dollars, ce qui ne comprend pas la hausse salariale proposée. »

S’il reconnaît que le taux horaire versé aux employés est inférieur à ce qui se fait dans d’autres usines de la Beauce, pour des emplois similaires, le PDG souligne que leurs employés ont, en bout de ligne, plus d’argent sur leur T4 à la fin de l’année, « car nous leur offrons du travail sur une base continue, ce qui n’est pas le cas chez d’autres qui font souvent des mises à pied avant de rappeler leur personnel en leur offrant un taux horaire bonifié. »

Sur la question des congés fériés, M. Bouchard mentionne que les employés de jour profitent, depuis la dernière convention collective, d’un horaire de quatre journées de dix heures.  Lors des jours fériés, ils étaient payés huit heures et devaient reprendre les deux heures non rémunérées.

Dans le dépôt patronal, le dirigeant mentionne que l’employeur paie dix heures lors de la Fête Nationale, laissant cinq jours fériés qui demeurent payés huit heures par jour, mais pour lesquelles le salarié n’est pas obligé de reprendre les deux heures manquantes. Pour la période des fêtes, il ajoute qu’une « banque de Noël » a été créée, ce qui permettra aux salariés de profiter de deux semaines de vacances payées.

Enfin, sur la question des assurances collectives, M. Bouchard mentionne que la répartition des coûts employeur/employés est inchangée depuis que l’entreprise est syndiquée.

« Il nous semblait que les employés n’avaient pas de véritables demandes à ce niveau et une fois que le dépôt final et global est fait, là, on apprend qu’ils en veulent davantage. Il n’est pas réaliste de verser de fortes augmentations salariales, de contribuer au RER collectif, d’offrir 30 heures de congés personnels et, en plus de contribuer aux assurances collectives. L’entreprise doit garder une marge de manœuvre lui permettant de demeurer compétitive. »