Motoneige et quad: la menace de blocus s’accentue

LOISIRS. L’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) montre les dents et annonce qu’elle appuiera les producteurs agricoles qui choisiront de bloquer l’accès aux sentiers de motoneige et de quad sur leur propriété constatant l’absence d’avancées dans le dossier sur la taxation foncière.

«Le 30 janvier, l’UPA va supporter le choix des agriculteurs qui choisiront de bloquer leurs propriétés», a annoncé le président régional de la Fédération de l’UPA en Chaudière-Appalaches, Paul Doyon, lors d’une rencontre de presse à la Ferme Céjabet de Saint-Charles. «N’allez pas croire que c’est de gaieté de cœur que l’on annonce cela, mais l’attitude du ministre Pierre Paradis ne nous laisse pas le choix».

En Chaudière-Appalaches seulement, l’UPA estime le montant du litige à entre 3 et 4 M$, une hausse moyenne de 43 %. «C’est de l’argent que les producteurs n’auront pas pour investir dans l’économie locale ou en développement. Les producteurs agricoles ont toujours été généreux en permettant l’accès à leurs terres pour différentes activités de loisirs, dont la motoneige et le quad. Le ministre vient nous dire merci de votre générosité et pour vous remercier, nous allons augmenter votre compte de taxes de 40 %», déplore Paul Doyon.

«Le Québec est le seul endroit au Canada où il est interdit d’accroître les superficies agricoles. La seule façon de se développer est d’acheter la terre des voisins et imaginez l’effet que cela a sur le prix des propriétés et sur les taxes par le fait même», a entre autres illustré M. Doyon espérant à la fois une compréhension du ministre et du public.

Des propriétaires concernés

Producteur à Cap-St-Ignace et premier vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux indique qu’en Chaudière-Appalaches, la hausse moyenne variait de 30 à 40 %. «Le ministre Paradis nous a manqué de respect en disant que nous étions des multimillionnaires, que nous passerions les fêtes et que là, nous arrêterions de nous plaindre.  Son ministère a dit qu’à terme cela toucherait 83 % des entreprises à la hausse. Nous avons mesuré l’impact auprès de plusieurs et les chiffres se confirment».

Il insiste pour ajouter que les producteurs ne demandent pas d’argent supplémentaire. «Tout ce que l’on souhaite, c’est un report de la réforme et la mise sur pied d’une table de discussion pour avoir un dialogue avec le ministère et le milieu municipal», ajoute M. Lemieux.

Propriétaire de la ferme hôte de l’activité, Catherine Blanchet indique que la mesure annoncée par le ministre en mars 2016 représente une hausse de taxe de 40 %. Elle entend participer au mouvement. «Pour nous, c’est 700 $ par année et dans le contexte actuel, c’est quand même beaucoup. J’espère que le ministre finira par écouter. Nous n’avons pas de productions commerciales ici», précise celle dont la ferme compte une centaine de vaches, dont 50 en lactation, et 118 hectares de terres. Les sentiers de motoneige Trans-Québec #5 et Trans-Québec au quad traversent d’ailleurs sa propriété.

William Lemelin de Saint-Raphaël est un autre producteur qui était présent à la rencontre et qui entend afficher la directive sur sa propriété, elle aussi située sur le sentier Trans-Québec #5.

Un partenariat nécessaire

Présent à la rencontre, le président du club de motoneige de Beauce-Sud, Ghislain Bolduc, a été agriculteur et comprend leurs doléances. «Plusieurs assument des pertes de production pour cette raison. Les producteurs sont généreux lorsqu’ils nous accordent un droit de passage et heureusement. Il est souvent plus difficile de discuter avec des gens ordinaires qu’avec les agriculteurs. Lorsqu’ils cèdent leur propriété, c’est souvent à ce moment que l’on perd nos droits», illustre-t-il.

Paul Doyon réitère que l’objectif de la démarche n’a pas pour but de nuire à l’industrie. «Nous avons demandé aux producteurs d’être patient et d’attendre le retour des fêtes avant de procéder à des moyens de pression, le temps que le ministre donne une orientation qui ne vient pas pour le moment. Ce que l’on souhaite, c’est le report de la réforme et de mettre en place une table de travail sur le sujet, pas d’argent supplémentaire».

M. Doyon entend convoquer les présidents des clubs de la région pour expliquer la problématique actuelle. Une rencontre pourrait avoir lieu le 26 janvier prochain.