Municipalité de Saint-Luc : la motoneige hors-piste n’est plus une priorité

TOURISME. S’il existait une volonté au sein de l’ancien conseil municipal de Saint-Luc de structurer la pratique de la motoneige hors-piste sur le territoire de la localité et de favoriser la création d’une association regroupant les adeptes de ce sport, cela n’est visiblement pas le cas pour le nouveau conseil municipal en place.

Lors d’un récent entretien avec le journal, le maire Claude Nadeau soulignait que plusieurs éléments avaient milité pour ce changement de cap, dont l’étroitesse du territoire réservé pour la pratique de ce sport et les nombreuses plaintes en lien avec celle-ci, précise-t-il, sans oublier les effets négatifs sur la faune et la flore, notamment les déplacements forcés des orignaux ou le non-respect des terres publiques et privées par cette clientèle.

« Ça me semble être une activité à problèmes avec des impacts limités sur l’économie locale. Ces gens ont l’habitude d’apporter leurs bidons d’essence et leurs affaires. Il y en a qui arrêtaient parfois à l’épicerie pour acheter quelques victuailles, mais sans plus. Je préfère favoriser la pratique de la motoneige dans les sentiers fédérés et le développement du quad, où les gens paient des droits pour circuler », mentionne le maire en ajoutant que si le nombre d’adeptes de motoneiges hors-pistes était plus important au début de l’expérience, celui-ci semble avoir diminué depuis.

« Il y avait beaucoup de monde les premières années, mais il y en a de moins en moins. Comme le territoire pour la pratique de ce sport est limité, les gens vont ailleurs afin d’avoir un peu plus de place pour en faire. On voyait jusqu’à une centaine de camions stationnés dans le secteur les fins de semaine, ce qui n’est plus le cas », poursuit M. Nadeau.

Le maire de Saint-Luc, Claude Nadeau.

« On ne peut pas empêcher les adeptes de motoneiges hors-pistes d’en faire, mais on a eu une bonne discussion au conseil et nous avons décidé qu’il n’était pas de notre ressort d’organiser des activités de promotion de l’activité et du territoire. S’il y a quelqu’un ou association déjà existante qui lève la main et offre de développer l’activité dans le secteur, on leur laissera le mandat, mais la municipalité n’entend plus injecter temps et énergie là-dedans », insiste-t-il en ajoutant qu’il aurait aussi été du ressort de la municipalité de faire de la signalisation et organiser de la surveillance.

« La Sûreté du Québec n’est pas intéressée à patrouiller là et s’il n’y a personne pour secourir les gens, si des accidents devaient survenir, ce sera la municipalité qui sera blâmée pour cela. Il y a plein de facteurs qui nous ont fait reculer dans ce dossier. »

Appui de Daniel Thibault

Soulignons que le maire Nadeau et les élus de Saint-Luc ne sont pas les seuls à penser ainsi puisque le nouveau maire de Saint-Magloire, Daniel Thibault, s’oppose lui aussi à la présence des motoneiges hors-pistes dans le secteur sud du Parc régional Massif du Sud (Saint-Magloire et Saint-Luc).

Dans un message acheminé récemment au groupe travaillant à la mise en place d’un plan de développement récréotouristique pour les localités de Saint-Luc, Saint-Magloire et Sainte-Sabine, M. Thibault mentionne qu’à ses yeux, les retombées économiques de cette activité sont difficilement quantifiables, qu’il est difficile d’encadrer celle-ci et que d’importants efforts devront être menés pour sensibiliser les conducteurs de motoneiges hors-pistes.

« Quand on regarde le plan de développement récréotouristique de la MRC, on est plus ou moins concernés par la motoneige hors-piste à Saint-Magloire, car c’est surtout du côté de Saint-Luc que ça se passe. Comme nous faisons partie du territoire couvert par le Parc régional Massif du Sud, je voulais signifier ma volonté de permettre le développement de l’industrie de la motoneige qui utilise les sentiers fédérés et de leur offrir un maximum de services. Lorsqu’il s’agit de motoneiges hors-pistes, il n’y a pas de contrôle et la pollution sonore qui émane de ces engins ne cadre pas avec les objectifs du parc. La pratique de ce sport a déjà des impacts sur la faune et la flore et je ne vois pas pourquoi on créerait un terrain de jeu pour une industrie avec des gens qui viennent de partout, dont l’impact est difficilement mesurable sur notre économie », signale-t-il.

En plus de la motoneige sur les sentiers fédérés existants, M. Thibault de dit également favorable au développement de l’industrie du quad, des sentiers étant déjà en place sur le territoire de sa localité.

« C’est d’autant plus intéressant que l’on s’en vient avec des VTT électriques qui seront de moins en moins dérangeants et qui, de toute façon, seront principalement dans les sentiers », -ajoute-t-il en rappelant qu’il était aussi important pour ces clientèles d’avoir des services à proximité.

L’ancien maire de Saint-Luc, François Michon.

Déception pour François Michon

Ancien maire de Saint-Luc, François Michon se dit déçu de la tournure des événements, rappelant qu’une importante démarche avait été mise de l’avant avec la firme ID Territoire qui avait été embauchée dans le cadre du programme préparatoire à l’investissement (PPI) réunissant Saint-Luc et ses voisins.

« On sait que de la motoneige hors-piste, il va toujours y en avoir et de ne pas s’en occuper, c’est comme se mettre la tête dans le sable. Il y avait des actions à prendre cette année, comme la réalisation d’une étude terrain pour identifier la capacité d’accueil du terrain. Avec le concours des motoneigistes eux-mêmes, on voulait déterminer les tracés qu’ils utilisent et à partir de cela, mener une étude d’impact sur la faune et la flore », mentionne-t-il en ajoutant qu’il espérait qu’un autre organisme prenne ce dossier en main et que les études puissent être à tout le moins réalisées.

« Il est important selon moi de poursuivre les actions qui avaient été identifiées par ID Territoire et après avoir fait l’exercice, si on s’aperçoit que cela ne tient pas la route, ce ne sera pas grave, on aura exploré le sujet à fond. »

Corporation de développement de Saint-Luc

Devant la décision de la municipalité de Saint-Luc de ne plus s’occuper du dossier de la motoneige hors-piste, la présidente de la nouvelle Corporation de développement de Saint-Luc, Dominique Charrière, a mentionné que l’organisme nouvellement formé souhaitait que les démarches entreprises depuis 18 mois se poursuivent.

À cet égard, elle ajoute que l’organisme qu’elle préside considère la possibilité de mener les études appropriées sur le sujet ainsi que sur le développement récréotouristique du secteur, en collaboration avec les partenaires concernés.