Oléoduc Énergie Est: une opposition se dessine dans Bellechasse
SAINT-RAPHAËL – Un mouvement d’opposition au passage de l’oléoduc d’Énergie Est, qui doit mener le pétrole venant des gaz bitumineux de l’Alberta vers les raffineries du Nouveau-Brunswick, se dessine dans Bellechasse.
Sous le vocable Stop Oléoduc Bellechasse, 17 propriétaires agricoles et forestiers de Saint-Raphaël et La Durantaye, dont les terres se trouvent sur le tracé proposé par Trans-Canada Pipeline, se disent inquiets face aux conséquences environnementales de ce projet.
L’une des propriétaires ciblées par le tracé proposé par Trans-Canada Pipeline, Karine Audet, souligne que cette opposition s’organise depuis la présentation publique du 18 octobre dernier à Saint-Michel, à laquelle 25 personnes avaient pris part.
Les deux journées précédentes, soit les 16 et 17 octobre, des agents de liaison de l’entreprise avaient rencontré les propriétaires terriens concernés par le tracé, soit ceux de Saint-Henri et Saint-Charles, d’une part, puis ceux de La Durantaye et Saint-Raphaël, d’autre part.
« Trans-Canada Pipeline souhaite obtenir, sur la plupart de nos terres, une bande de terrain allant jusqu’à 30 mètres de largeur afin d’enfouir leurs tuyaux, alors qu’il y a déjà une ligne d’Hydro Québec qui passe tout près. On sent qu’on n’a pas vraiment le choix et que nous sommes laissés à nous-mêmes dans ce dossier. Même si on le voulait, nous avons que peu ou pas de recours contre cela », clame-t-elle.
Selon ce que les propriétaires terriens ont appris, l’oléoduc serait enfoui à 0,9 m sous le sol en zone forestière et 1,2 m en zone agricole. Bien que les tuyaux soient fabriqués d’acier avec une couche d’époxy à l’intérieur, Mme Audet croit que les risques de bris et de fuites seront toujours présents.
« Si jamais cela devait arriver, on se demande qui payer la facture. Si c’est la faute de Trans-Canada, ce seront eux et c’est normal. Cependant, si ça se déroule dans le cadre de nos activités régulières ou en raison de gens qui passent sous nos terres sans être au courant, on nous dit qu’on devra payer pour la décontamination, bien que nous ne disposions pas des sommes requises pour le faire. Même si on nous promet que c’est sécuritaire et que l’emplacement des tuyaux sera bien indiqué, on est loin d’être rassurés. »
Démarches à la municipalité
Quatre de ces propriétaires, soit Karine Audet, Paul Morneau, Denis Allaire et Steve Aubé de Saint-Raphaël, ont rencontré leurs élus municipaux le 2 décembre dernier afin obtenir des réponses à leurs questions.
« Pour l’instant, ils avaient peu de réponses à nous donner. La municipalité est favorable au projet en raison des redevances qu’elle recevra, ce qui est compréhensible. Nous, en revanche, nous ne recevrons pas grand-chose en retour, à peine un montant forfaitaire équivalent à deux fois et demi la valeur de la bande de terrain réquisitionnée. Si jamais ce projet devait passer par toutes les étapes légales prévues à la loi, c’est certain qu’on aimerait recevoir davantage », poursuit Mme Audet qui ajoute qu’elle et son groupe se disent encouragés par la volonté du conseil d’en apprendre davantage et organiser une nouvelle rencontre avec les promoteurs.
Le groupe Stop Oléoduc Bellechasse a sollicité l’appui de l’UPA dans ce dossier. Ses membres entendent poursuivre leurs représentations auprès d’autres organisations de la région, en plus de sensibiliser davantage la population des quatre localités touchées par le tracé de Trans-Canada Pipeline, notamment les propriétaires terriens de Saint-Henri et Saint-Charles qui, soutient-elle, sont assez discrets pour le moment.