Pas question d’en faire un enjeu électoral

BELLECHASSE. La Coalition gaz naturel Bellechasse estime avoir fait ses devoirs jusqu’à maintenant et souhaite qu’une annonce positive se fasse à court terme. Les élus interrogés craignent que le dossier stagne à l’approche d’une campagne électorale fédérale.

Pour plusieurs, l’annonce d’une desserte en gaz naturel pour Bellechasse pourrait être l’enjeu de la prochaine élection fédérale. « Les décisions sont pressantes. On a eu des rencontres, on nous a demandé des choses, on a répondu présent à toutes les demandes jusqu’à maintenant », insiste le directeur général du CLD, Alain Vallières.

Ce dernier ne souhaite pas voir le projet faire partie d’éventuelles promesses électorales et le maire de Saint-Henri, Yvon Bruneau, ajoute que le gaz naturel est déjà présent autour du territoire de Bellechasse. « La Beauce, Lévis et même Thetford Mines ont le gaz, c’est à notre tour », insiste M. Bruneau.

« Nous ne sommes plus rendus à l’ère des promesses, il faut une annonce. Politiquement, nous ne passerons pas notre tour », clament le maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau, et la mairesse de Sainte-Claire, Denise Dulac. « Les électeurs bellechassois auront un choix à faire dans une année lors de la prochaine élection fédérale. Ils se doivent de savoir sur quels dossiers nous travaillons et où sont nos appuis », précise M. Bonneau.

Pour la coalition, il est important que la réalisation se fasse à court terme, car l’étude réalisée par Gaz Métro, pour une desserte reliant Lévis et Saint-Damien au coût de 59 millions $, est basée sur une réalisation en 2015.

Yvon Bruneau est d’avis que le gaz naturel est essentiel au développement futur de la région. « Lorsque l’on a traversé le gaz du côté sud à Lévis, nous avions fait valoir à la Régie de l’Énergie que cela retardait notre développement de ne pas avoir le gaz naturel. Les Serres de Portneuf est un projet qui aurait vu le jour sur la Rive-Sud si nous avions eu le gaz. C’est un secteur qui serait porteur pour Bellechasse en plus. » De surcroît, il ajoute que les gains environnementaux potentiels sont indéniables.

Des exemples concrets

À Saint-Henri, le maire Yvon Bruneau observe que l’entreprise Olymel est déjà desservie à partir de Saint-Lambert, ajoutant toutefois qu’une desserte viendrait bonifier l’offre pour les entreprises intéressées à s’y installer et celles déjà existantes, sans oublier le volet résidentiel. « Si jamais nous obtenons l’aval de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) pour le côté nord de la municipalité, il y aurait peut-être lieu de planifier d’offrir le gaz naturel en même temps que l’eau et les égouts », fait valoir le maire Bruneau.

L’étude des besoins réalisée par Gaz Métro indique que près de 115 entreprises, petites et grandes, seraient des clients potentiels d’une éventuelle desserte. Sainte-Claire serait la municipalité où la demande serait la plus forte, principalement en raison de l’usine de Kerry Québec dont la consommation en gaz pourrait à elle seule représenter 35 % du volume global de la région. « Nous sommes en croissance, il y a des investissements majeurs qui se dessinent, sauf que ce soit à Londres, Dublin ou Sainte-Claire, une entreprise va toujours mesurer le retour sur l’investissement. La venue du gaz naturel viendrait changer complètement la donne », indique le directeur général de l’entreprise, André Amyot.

Michel Bonneau croit que l’exemple de Kerry est probant. « L’usine de Sainte-Claire est en compétition avec toutes les autres usines de Kerry dans le monde. Si l’entreprise voit qu’avec le gaz naturel, Kerry Québec est plus rentable qu’une autre, elle choisira d’investir à Sainte-Claire plutôt qu’ailleurs. L’inverse est malheureusement aussi vrai. Le gaz naturel est la source d’énergie la moins dispendieuse actuellement pour une usine comme Kerry Québec. »

M. Bonneau ajoute que le scénario est le même pour Unicoop et Exceldor à Saint-Anselme et qu’il est facile d’y voir les avantages. « La meunerie d’Unicoop serait un bon utilisateur, tout comme l’école secondaire. On vient d’investir 2,5 millions $ dans un parc industriel avec 15 hectares de terrain, alors on croit en l’avenir. »

Un long processus

Se doter d’une étude de Gaz Métro sur les besoins en gaz naturel dans la région fut la première étape du projet. Les ministres Steven Blaney et Dominique Vien ont par la suite été rencontrés, tout comme une vingtaine de représentants de différents ministères. La coalition a vu le jour par la suite.

La visite du premier ministre Stephen Harper à Saint-Lazare en juin fut une autre occasion pour les intervenants de la région de passer leur message. Les membres de la coalition ont ensuite rencontré les principaux représentants conservateurs du Québec, afin de les convaincre de l’importance, pour le gouvernement fédéral, de livrer la marchandise.

La Ville de Lévis a également été sensibilisée puisque l’éventuel gazoduc pourrait desservir l’Enviroparc l’Auberivière de Saint-David et les entreprises de Pintendre. La ville fait maintenant partie de la coalition bellechassoise tout comme les Chambres de commerce de Bellechasse-Etchemins et Lévis.

Une autre étude, celle-ci illustrant les retombées économiques d’une desserte en gaz naturel dans la région, a été réalisée à la demande du ministre Steven Blaney et sera bientôt déposée.