Pénurie de main-d’œuvre en Chaudière-Appalaches: les élus municipaux relancent les candidats

EMPLOI. Profitant de la campagne électorale qui bât actuellement son plein, les élus municipaux de Chaudière-Appalaches ont relancé les différents partis politiques sur l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre qui frappe durement notre région administrative.

Lors d’une rencontre tenue mercredi matin à Sainte-Marie, les élus siégeant au sein de la TREMCA (Table régionale des élus municipaux de Chaudière) ont rencontré les candidats de quatre des cinq principaux partis politiques (CAQ, Parti conservateur, PLQ et PQ), seul Québec Solidaire ayant décliné l’offre.

Se basant sur le rapport de la firme Deloitte, déposé en novembre 2021 et qui faisait état de 3 300 emplois à pourvoir au sein de 309 entreprises de la région, les élus en ont profité pour réitérer leurs demandes en ce sens.

« Ils (les candidats) devaient se commettre sur le sujet de la pénurie de main-d’œuvre, les pistes de solutions envisagées et cela a débordé, car certains élus voulaient également connaître la position des partis sur la question des places en CPE, les maisons des aînés et le maintien à domicile », explique le préfet de la MRC des Etchemins, Camil Turmel, qui est aussi président intérimaire suppléant de la TREMCA.

Des rencontres individuelles avec chaque parti avaient lieu, à tour de rôle, chaque séance durant entre 20 et 25 minutes.

Les candidats rencontrés étaient Luc Provençal (CAQ de Beauce-Nord), Olivier Dumais (PCQ de Beauce-Nord), les Libéraux Normand Côté (Lotbinière-Frontenac), Clermont Rouleau (Beauce-Nord), Richard Garon (Lévis) François Bégin (Bellechasse) et Wafa Oueslati (Chutes-de-la-Chaudière), ainsi que Paméla Lavoie-Savard, candidate du Parti Québécois dans Beauce-Nord.

« La réception à nos demandes a été très bonne, surtout que nous sommes en période électorale. On sait que la recette diffère d’un parti à l’autre et d’entrée de jeu, les quatre partis présents ont reconnu la situation particulière de Chaudière-Appalaches. Ils reconnaissent tous l’impact de la pénurie de main-d’œuvre sur notre région et nos entreprises à court, moyen et long terme. Lorsque les compagnies développent à l’extérieur, faute de main-d’œuvre, elles décident souvent d’y rester », rappelle le préfet.

Pistes de solutions

En tête de liste des discussions, on retrouvait donc celui de l’immigration, les élus de Chaudière-Appalaches rappelant qu’il existe actuellement un profond déséquilibre dans notre région qui n’a accueilli que 0,5 % des nouveaux immigrants de la province, soit dix fois moins que son poids démographique (5,1 %).

Les autres demandes, qui sont de quatre ordres, comprennent l’adoption d’assouplissements fiscaux pour les salariés de 60 ans plus ainsi que la défiscalisation des heures supplémentaires, l’accélération du processus d’obtention de la résidence permanente, la mise en place de programmes de soutien adaptés aux PME pour faciliter leur migration technologique ainsi que l’adoption immédiate de solutions à la création de nouveaux logements.

« Un sujet sur lequel je suis revenu personnellement est la reconnaissance des acquis. On parle d’embaucher des travailleurs étrangers, certes, mais il y a des catégories de travailleurs plus spécialisés pour lesquelles la reconnaissance des compétences est longue et complexe au Québec, comparativement à plusieurs autres provinces au Canada. On a un bel exemple avec les Ukrainiens qui arrivent chez nous et qui devront occuper des emplois différents de leurs secteurs d’activités pendant deux ou trois ans. Certains vont se décourager et changer de province, ce qui fait qu’on perd des ressources intéressantes », insiste M. Turmel qui ajoute le blocage se fait souvent au niveau des ordres professionnels, notamment dans le secteur médical et celui de l’ingénierie, qui sont des chasses gardées.

« On a consigné beaucoup de choses avec eux et il faudra voir après l’élection quelles actions seront prises. On leur a confirmé qu’on irait, après le 3 octobre, voir ceux qui sont élus. »

Quelques données

La TREMCA rappelle que pour la seule année 2021, 2,1 G$ de production manufacturière ont échappé à la région de Chaudière-Appalaches, sans compter des millions de dollars d’investissements non réalisés, en raison de la pénurie main-d’œuvre selon une étude menée par la firme Deloitte.

Selon des données émanant de l’Institut de la statistique du Québec et datant du 9 septembre dernier, la région de Chaudière-Appalaches a enregistré un taux de chômage de 1,6 % au mois d’août 2022, le plus bas jamais enregistré dans son histoire et le plus bas, pour la même période, au Canada.