Olivier Duchesneau prend une pause de la politique active

POLITIQUE. Après 17 années d’implication au sein de l’appareil politique, au provincial d’abord, mais au fédéral surtout, Olivier Duchesneau prend une pause de la politique, un métier gratifiant et valorisant, mais qui est très prenant et très exigeant.

Originaire d’Armagh et âgé de 37 ans, M. Duchesneau a amorcé sa carrière politique à l’âge de 20 ans, alors qu’il a travaillé pour l’ancien ministre Jean Lapierre.

« Au départ, ça devait être seulement un travail comme étudiant pour payer mes études, mais ça a duré 17 ans. J’avais toujours des offres que je ne pouvais pas refuser. Je me faisais offrir des mandats ici et là, c’étaient toujours de belles expériences », indique celui qui, jusqu’à la fin janvier, était conseiller principal pour le Québec au bureau du premier ministre Justin Trudeau.

Outre Jean Lapierre, le Bellechassois a travaillé pour la députée-ministre Dominique Vien au provincial. Mais c’est surtout au fédéral qu’il a fait sa marque, avec le Parti libéral du Canada, où il a multiplié les mandats à partir de 2015.

Après avoir été directeur adjoint aux communications en 2015, il est devenu chef de cabinet des ministres Bardish Chagger (Petites entreprises et tourisme) en 2016, puis de Jean-Yves Duclos (Famille, Enfants et Développement social) jusqu’à l’élection de 2019, où il devenait directeur adjoint de la campagne nationale pour le PLC.

Une fois l’élection complétée, il joint le comité de transition du premier ministre et devient conseiller principal au cabinet du Justin Trudeau, ce qui l’a amené à jouer un rôle actif dans la dernière campagne électorale, où il était responsable de la préparation des débats en français et de la publicité.

Expérience incroyable

C’est le 28 janvier dernier qu’Olivier Duchesneau a officiellement quitté ses fonctions de conseiller principal du premier ministre Trudeau, mettant ainsi un terme à un chapitre de sa vie professionnelle qu’il a qualifié « d’expérience incroyable. »

« Le fait d’être dans l’équipe exécutive du premier ministre m’a permis de toucher à plein de choses et plein de dossiers. Nous étions quatre conseillers et chacun son champ d’expertise », indique le principal intéressé qui était affecté à tous les dossiers concernant le Québec, qu’il s’agisse des relations avec le bureau du premier ministre François Legault, des ententes fédérales-provinciales et autres.

« J’ai travaillé sur des dossiers comme le train à grande fréquence, la Davie, le pont de Québec, la station du REM à l’aéroport Trudeau à Montréal, la grève au Port de Montréal. Je peux dire que j’étais le Québécois avec le plus de séniorité au bureau du premier ministre », confie-t-il.

En plus des dossiers qu’il avait à gérer au quotidien, il assurait la coordination avec le bureau du lieutenant politique (pour le Québec) et différents cabinets. Il a également été responsable de la table des chefs de cabinets et le directeur des relations externes, qui était responsable des relations avec les différents groupes d’intérêt (communautés culturelles, syndicats et autres) relevait de lui, poursuit-il en ajoutant qu’il a aussi été responsable de tout ce qui touchait les relations fédérales-provinciales à travers le pays.

Gestion de la pandémie

Si Olivier Duchesneau a été de tous les dossiers et de tous les combats dans l’équipe rapprochée du premier ministre Trudeau au cours des deux dernières années, il avoue que la gestion de la pandémie n’a pas été de tout repos.

« Pendant les premiers mois de la pandémie, nous avions une première rencontre statutaire d’équipe à 7 h ou 7 h 30 le matin et ça se poursuivait jusqu’à 19 h ou 19 h 30 le soir. C’était comme cela à tous les jours et après cela, la journée n’était pas terminée, car il y avait d’autres dossiers à régler, des courriels à envoyer. C’était du 7 jours sur 7 pendant des mois et il m’arrivait parfois de perdre le fil des journées », indique-t-il.

« C’était une super-expérience, mais c’est beaucoup de stress, beaucoup de responsabilités. On se met à faire de l’eczéma, à avoir des brûlements d’estomac. Autant ce fût plaisant et que j’ai appris plein de choses, autant ça a été extrêmement difficile, surtout les premiers mois, car c’était quelque chose de nouveau que les gouvernements n’avaient jamais connu auparavant », poursuit-en en disant que la dernière pandémie représentait, à ses yeux, la pire crise que le pays a dû vivre depuis la Grande dépression.

« On a dû créer plein de programmes d’aide aux entreprises, et cela très rapidement. Habituellement, la mise sur pied de programmes gouvernementaux de cette envergure prend normalement des mois, sinon des années. Il fallait se revirer sur un dix cennes et essayer de penser à tout. L’aide fédérale s’est bien déroulée dans l’ensemble, même si on avait des craintes au départ, surtout en raison de la grosseur de la fonction publique fédérale. On a pu démontrer que nous avons été capables de faire preuve d’agilité malgré tout », affirme-t-il.

Si les investissements dans ces différents programmes ont atteint des niveaux jamais vus par le passé (milliards de dollars investis, sans oublier les déficits monstre), Olivier Duchesneau se dit convaincu que c’était la chose à faire dans les circonstances.

« La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que nous sommes entrés dans la pandémie avec une situation fiscale qui était meilleure que celle de bien des pays du G7. On en ressort, deux ans plus tard, avec une situation aussi bonne sinon meilleure et c’est pour cela que les firmes de cotation nous donnent encore des cotes triples (AAA). Ce qui est important là-dedans, c’est de ne pas avoir des dépenses récurrentes à long terme », souligne-t-il en ajoutant que les milliards investis par le fédéral ont assurément permis à bon nombre de petites entreprises d’éviter la fermeture ou la faillite.

« L’économie s’est relevée rapidement et grâce à cela, les gens ont pu retrouver leur emploi plus rapidement. Tous les pays industrialisés sont dans la même situation. Si notre dette en lien avec le PIB a augmenté, nous sommes encore parmi les pays ayant le meilleur ratio. Si le Canada avait été le seul pays à vivre une telle situation, il y aurait un impact, c’est certain. Cependant, comme tout le monde a vécu cela, on demeure dans une bonne posture », assure-t-il.

Se diriger vers le privé

Maintenant qu’il a quitté ses fonctions politiques, Olivier Duchesneau ne sait pas encore ce qui l’attend. Il entend toutefois prendre du temps pour lui et dénicher un emploi, idéalement dans le secteur privé, où il pourra mettre à profit ses compétences.

« Je vis à Ottawa pour le moment, mais j’aimerais revenir au Québec. Cela dépendra des occasions qui s’offriront à moi », indique celui qui souhaite travailler dans des secteurs comme le conseil stratégique, les affaires publiques ou la gestion de crise.

« Je n’écarte pas un retour dans la structure politique un jour, mais je souhaite aller chercher de l’expérience dans le secteur privé. Plusieurs disent que la politique, c’est comme une drogue, qu’il est difficile de ne pas vouloir y retourner. Pour le moment, j’avais besoin d’une pause, même si ça va nécessiter une adaptation de ma part. »