« Portage à Saint-Malachie m’a sauvé la vie » Jessica

C’est l’histoire de Jessica, une jeune fille de St-Adrien d’Irlande, qui a sombré dans l’enfer de la drogue parce que devenue incapable de vivre ses réussites.

Elle n’avait que 15 ans lorsqu’elle a consommé pour la première fois. L’escalade n’a pas tardé. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle s’est retrouvée accroc à la cocaïne.

De première de classe, elle est passée au rang de véritable parasite dans ce petit milieu, où les portes ont des oreilles et où les secrets ne durent que le temps d’un arc en ciel. « J’étais Miss Parfaite. Je performais à l’école, je chantais, tout ce que je touchais ne souffrait d’aucun obstacle », raconte cette jeune fille articulée et brillante.

Le succès est tristement devenu son pire ennemi. La mesquinerie et la méchanceté dont se nourrissaient les envieux de son patelin étaient devenues insupportables pour Jessica.

« Après avoir commencé à consommer, j’ai cru que je pouvais enfouir cette grande déception et mon mal-être en augmentant les doses de tout ce qui me tombait sur la main. Je n’ai pas eu un seul brin de lucidité lorsque j’ai fait mon secondaire 4. J’ai perdu mon travail, puis mes amis les plus sincères, je me suis créé des dettes et j’ai même volé de l’argent à mes parents. Mon entourage en a souffert, surtout mes deux petites sœurs, ma mère et mon père ».

Sa guitare

Jessica s’est retrouvée dans un tunnel sans issue, deux ans après avoir commencé à charcuter sa vie. Ayant recours à la méthode connue sous le nom de « tough love », sa mère lui a demandé de quitter le foyer en lui donnant le choix d’aller vivre avec son père ou emprunter la voix de la thérapie à Portage.

Jessica a une forte personnalité. Elle y a recouvré la belle assurance de ses 14 ans. Elle est verbomotrice. « Ma mère a fait une recherche sur internet pour se documenter sur les thérapies. Mais nous avons vite choisi Portage. Lorsque j’ai su que je pouvais apporter ma guitare au centre, à St-Malachie, je ne suis pas partie à reculons. »

Dernièrement, au Grand Théâtre de Québec, Jessica et une soixantaine d’autres ex-toxicomanes recevaient leur diplôme de finissant d’une thérapie de plusieurs mois à la Maison Portage. Cet événement est toujours empreint d’émotions côtoyant la joie et l’espoir, mais aussi les souvenirs douloureux qui confirment le passage de la détresse à celui d’un avenir meilleur.

Ces moments touchent invariablement les centaines de parents, amis, éducateurs, supporteurs de Portage. Ce qui fait dire à Jessica que chacun de nous devrait pouvoir accéder à une thérapie comme celle qu’elle a vécue, ne serait-ce que pour aller au fond de soi et mieux se connaitre. « Portage a sauvé ma vie. Aujourd’hui, j’ai rompu avec toutes ces personnes qui consommaient avec moi. J’ai appris à me pardonner. Je vis à Drummondville avec mon copain, et je ne consommerai plus jamais. Je sais trop qu’il n’y a aucun avantage à tirer de ça ».

Son séjour à Portage s’est limité à quatre mois et demi. C’est une durée en deçà de la moyenne, ce qui témoigne de sa grandeur. Elle nous a quittés en lançant : « Dorénavant je vais chanter ». Jessica devrait réussir là aussi…

BV: Jessica (en blanc) en compagnie d’une autre finissante à Portage, son amie Mélizandre (portant la robe verte). (Photo: courtoisie)