Prévost à Sainte-Claire: des mise-à-pied malgré des signes encourageants

AFFAIRES. Après avoir rappelé un peu plus de la moitié de ses effectifs, le fabricant d’autocar Prévost à Sainte-Claire devra se résoudre à effectuer une cinquantaine de mises-à-pied au cours des prochaines semaines.

« Nous devrons refaire jusqu’à 55 mises à pieds au cours des prochaines semaines, possiblement à la suite de notre pause annuelle de trois semaines en juillet. Nous avons avisé nos équipiers et le ministère du Travail », explique Jean Bérubé, directeur principal en stratégie et développement chez Prévost, qui explique que le manufacturier a accumulé inventaire assez imposant.

« Volontairement à l’époque, nous avions pris la décision de couper beaucoup moins que l’on aurait dû et certains prospects de vente que nous avions ne se sont pas matérialisés. Nous sommes demeurés sous les 40 % de mises-à-pied depuis le début de la crise, ce qui est inférieur aux prévisions initiales. » L’entreprise compte un peu plus de 500 employés à l’heure actuelle, soit plus de la moitié de son effectif d’avant la pandémie.

La problématique majeure avec laquelle doit composer Prévost est l’inactivité des opérateurs de circuits touristiques dont les véhicules sont encore stationnés, malgré une certaine reprise chez nos voisins du sud. « Il n’y a pas de croisières, ni de touristes étrangers qui se posent en avion pour visiter. Les gens utilisent davantage leur propre voiture pour se promener d’un état à un autre. Les transporteurs d’autocars américains se sont battus pendant plusieurs mois pour avoir accès à une aide financière qui n’est jamais venue. Nous comptions beaucoup là-dessus pour maintenir un certain rythme, ce qui ne s’est pas produit et qui fait que nous avons accumulé un lourd inventaire. »

Les déboires du transporteur Greyhound, qui a annoncé son retrait des transports au Canada il y a quelques semaines, sont un bel exemple de cette nouvelle réalité, ajoute M. Bérubé. « C’est un superbe client pour Prévost, mais on voit qu’il commence à trouver ça lourd. Oui, on a des ententes et les véhicules que nous avons en inventaire, on les retient et ça leur appartient, sauf que nous devons supporter ça et c’est pesant pour nous. »

Il y a tout de même une lueur d’espoir à ce chapitre, sauf qu’elle ne se produira pas avant quelques mois. « La lumière qui se pointe vient du sport professionnel qui déplace des masses. Ils recommencent à remplir des stades et des amphithéâtres, sauf que l’été se pointe et ça va ralentir jusqu’à l’automne », anticipe M. Bérubé.

Heureusement, tout ne vas pas mal chez Prévost, puisque le marché des véhicules motorisés va très bien. « Si la pandémie a été méchante pour des secteurs comme la restauration ou certaines catégories d’employés dans le commerce de détails au revenu plus modeste, pour d’autres elle a été salutaire, car certains ont pu sabrer dans leurs dépenses avec le télétravail et certaines aides gouvernementales. C’est pourquoi ce marché va bien. »

Entretemps, Jean Bérubé espère que le tourisme régional pourra reprendre graduellement et un certain travail se fait en collaboration avec les partenaires de Prévost qui eux, ont un carnet de commandes rempli à pleine capacité. L’imposant inventaire de Prévost pourrait servir dans le futur, souhaite-t-il. « Nos partenaires sont à plein régime et on cherche justement à les accommoder. Nous avons pas mal d’autres véhicules de type H de fabriqués et qui sont stationnés un peu partout dans nos centres de service, ce qui pourrait nous offrir quelques opportunités, on le souhaite. »