Proches aidants: des situations difficiles pour plusieurs

SOCIÉTÉ. Le Regroupement des proches aidants de Bellechasse a tenu une journée de ressourcement pour ses membres le jeudi 3 novembre dernier. Si certaines personnes espéraient bénéficier d’un répit, d’autres en ont profité pour échanger sur les difficultés qu’elles vivent dans leur quotidien et lancer quelques pistes de solution.

«Il y a toujours un formulaire à remplir quelque part», ont déploré certaines personnes. «Il faudrait que des décideurs viennent voir sur place ce qui se passe chez nous», ont observé plusieurs participants. D’autres ont estimé que si des investissements étaient faits pour le recrutement de préposés aux bénéficiaires supplémentaires dans les CHLSD, ce serait plus sécurisant pour les gens d’y envoyer leurs proches, ce qui n’est pas le cas actuellement. Reconnaitre les dépenses que cela implique d’être proches aidants, ne serait-ce qu’une vignette de stationnement pour les déplacements dans les hôpitaux, est une autre des solutions émises.

S’oublier pour prendre soin de l’autre

L’organisation d’activités par le Regroupement des proches aidants de Bellechasse a été la bouée de sauvetage de personnes que nous avons rencontrées. La réalité avec laquelle ont à composer ces personnes n’a rien d’évidente. «Nous n’avons plus de temps pour nous», explique Dorice Roy autrefois de Saint-Philémon, mais qui demeure maintenant à Lévis. C’est elle qui prend soin de son époux atteint de l’Alzheimer. «Je m’oublie là-dedans. Mon médecin m’a dit que j’avais besoin de repos, mais où vais-je trouver le temps pour me reposer. J’ai pris soin de ma mère et de ma sœur aussi.»

Béatrice Simoneau de Saint-Henri a pu prendre quelques heures pour assister à quelques ateliers, elle qui doit composer avec une situation visiblement difficile émotivement et psychologiquement. Son mari combat un cancer depuis quatre ans en plus d’avoir développé d’autres problématiques physiques. L’une de ses sœurs a dû combattre un cancer du sein et sa fille vit des moments difficiles depuis la perte d’un enfant en bas âge. «Je me sens sur le bord d’un précipice et je ne sais pas quand je vais tomber. Le pilier que j’étais avant est en train de s’effondrer. Je ne sais pas ce que je vais devenir.»

France Dallaire de Saint-Henri s’occupe de son mari qui a été victime d’un AVC il y a 16 ans. Elle dit devoir constamment gérer son insécurité par rapport à ce qu’elle vit. «J’ai toujours de l’inquiétude par rapport à l’argent, la logistique autour de tout ça et mon mari lui-même.»

Originaire de Saint-Gervais, Paule Trahan participe régulièrement aux activités de groupe organisées par le Regroupement, même si elle demeure maintenant à Montréal. «J’ai eu soin de ma mère qui était atteinte d’un cancer quand je demeurais dans Bellechasse et aujourd’hui, j’ai une sœur et des amies qui ont des cancers. S’il fallait que le gouvernement paye pour ce que l’on fait, cela coûterait des milliards. Notre contribution n’est pas assez reconnue.»

Pas de temps pour manifester

Natif de Saint-Lazare et longtemps résidant de Saint-Nérée,  Jean-Louis Chabot ne peut concevoir que les proches aidants doivent revendiquer leur statut. «Les gouvernements ont tous le même réflexe. Lorsqu’ils paient, ils veulent tout contrôler. Il faut faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent, alors qu’ils ne savent même pas comment cela se passe sur le terrain. Il faudrait nous aussi sortir dans la rue, mais nous n’avons pas de temps, car nous prenons soin de nos proches».

«J’ai déjà été proche aidante il y a quelques années raconte», raconte Guylaine Demers aujourd’hui travailleuse sociale. «Comme j’étais âgée dans la mi-trentaine, donc sur le marché du travail, j’ai dû m’occuper d’une personne proche plutôt que de faire carrière.»

Nicole Bilodeau a aussi été proche aidante. «Le grand plaisir de ma mère, c’était de pouvoir sortir à l’occasion, alors tous les vendredis, je prenais ma journée pour l’amener au restaurant et faire ses petites commissions. Je partais de Saint-Gervais pour aller le chercher à Saint-Damien. On montait à Lévis et je la ramenais chez-elle après. Ça me coûtait au minimum 100 $ par semaine pour faire ça», explique-t-elle, rappelant avoir été victime d’un grave accident de voiture pendant l’une de ces sorties avec sa mère.