Retour du 3e lien dans l’actualité: prudence et incrédulité au menu

TRANSPORT. Les propos du premier ministre François Legault voulant qu’il puisse relancer les discussions dans le dossier du 3e lien autoroutier entre les deux rives, après la défaite électorale dans le comté de Jean-Talon, n’ont laissé personne indifférent au cours des derniers jours.

Pour un, le préfet de la MRC de Bellechasse, Yvon Dumont, a dit ne pas croire le premier ministre, qualifiant sa sortie de « vraie risée ». 

« C’est tout simplement une réaction à sa défaite électorale dans Jean-Talon. Est-ce que c’est sérieux, on ne le sait pas, mais ils (les députés) se sont tous donné le mot pour répéter le message. Cependant pour nous, ça ne change rien dans nos interventions et dans notre attitude, nous continuons de travailler pour obtenir une rencontre avec l’ensemble des intervenants qu’Alain Vallières essaie de réunir », a-t-il indiqué en parlant du mandat qui a été donné au directeur général de Développement économique de réunir à une même table tous les intervenants politiques et socioéconomiques de Chaudière-Appalaches et même de la Rive-Nord (voir autre texte en page 7).

« Quand on se fait mentir une première fois comme cela a été le cas avec le dossier du 3e lien, la confiance est loin pas mal. J’aurais plus confiance envers les propos de notre députée que ceux de notre premier ministre », a-t-il martelé en rappelant à divers médias ce qu’il avait demandé à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, lors de sa visite dans Bellechasse en mai dernier.

« Je lui avais demandé si le tunnel, avec le transport en commun, aurait une sortie à Saint-Nérée ou à Sainte-Claire. Dans Bellechasse, le transport en commun on oublie cela. Le seul qui fonctionne, sur la 277, ne ferait pas ses frais sans la subvention venant du MTQ », a-t-il mentionné en rappelant que le projet de troisième lien dédié uniquement au transport en commun ne répondait pas aux besoins des citoyens et entreprises de Bellechasse.

Réactions de la CCB-E

Invité lui aussi à commenter cette sortie de M. Legault, le directeur général de la Chambre de commerce Bellechasse-Etchemins, Frédéric Lajoie, a qualifié ce revirement de situation de la CAQ « d’espoir » pour la région en matière d’accessibilité.

« Je crois le premier ministre quand il dit qu’il souhaite reprendre les discussions, mais nous avons passé cette étape, je crois. Il y a tellement d’études, une douzaine en tout, qui ont été faites sur ce 3e lien. Certaines remontent à l’époque de Duplessis et d’autres, plus sérieuses réalisées dans les années 1960, font état de la pertinence d’un lien autoroutier à l’Est. Tout a été regardé dans ces études », rappelle-t-il en ajoutant que l’heure n’est plus à la discussion, qu’il est temps d’agir.

M. Lajoie a également tenu à souligner « un certain courage » de la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, qui selon lui est un peu à contre-courant de son parti dans le dossier du 3e lien. Il prenait entre autres exemple sur les propos de Mme Lachance qui, lors d’un récent entretien avec La Voix du Sud, avait mentionné que le transport en commun n’était pas une solution pour Bellechasse, que l’utilisation de l’automobile demeurerait nécessaire dans les prochaines années et que c’était cette voie qu’elle devait porter en tant que députée de Bellechasse.

« Le mandat de la Chambre, c’est de travailler au développement de la région et en ce sens, un lien autoroutier à l’Est fait nécessairement partie des outils dont nous avons besoin pour développer notre région de façon plus efficace. Je n’ai pas toujours ménagé Mme Lachance, je le reconnais. C’est une question de priorité pour Bellechasse, en ce qui me concerne. Je suis peut-être un peu corrosif sur je sujet, mais il faut reconnaître ce courage-là, qu’elle n’est peut-être pas complètement enlignée sur son gouvernement. Cette position du gouvernement d’abandonner le 3e lien était indéfendable », a-t-il rappelé en ajoutant qu’il est intéressant que le gouvernement Legault dise vouloir discuter.

« Que François Legault dise qu’il veut discuter, oui, mais il ne faudrait pas qu’il nous fasse cela une deuxième fois. C’est un gouvernement qui est très habile avec les médias. Il ne faut pas qu’ils nous endorment encore. On sent que ce sont les urbains qui mènent un peu partout (dans l’appareil politique) et ceux-ci sont déconnectés du milieu rural », a-t-il conclu.