Route 277: une œuvre pour honorer les victimes et souligner la fin des travaux
SAINT-HENRI. Les travaux d’élargissement de l’axe 277/173 reliant Pintendre, Saint-Henri et Saint-Anselme sont terminés depuis l’an dernier. Désireux de « boucler la boucle » de belle façon et laisser un legs aux générations futures, les membres du comité Action-Sécurité 277/173 ont posé un dernier geste symbolique en dévoilant, le jeudi 29 juin, une œuvre d’art commémorant le tout.
Intitulée L’Envolée et réalisée par l’artiste Jérôme Lapointe de Saint-Anselme, cette œuvre de grande dimension qui présente quatre oiseaux, dont trois en envol, a été installée à proximité de la route 277 et de la Cycloroute de Bellechasse à Saint-Henri.
Pour son auteur, l’œuvre représente la liberté de déplacement et la mémoire des gens décédés. Pour sa part, le comité Action-Sécurité 277-173 souligne que deux oiseaux représentent les sœurs Rachelle et Émilie Marceau, dont le décès tragique en 1998 avait été l’élément déclencheur de ce processus d’élargissement de la route.
Un autre oiseau est en hommage à toutes les personnes décédées sur cette route et l’autre représente les automobilistes qui peuvent dorénavant circuler en sécurité sur cette artère. Rappelons qu’au moins 176 décès ont été jusqu’à présent répertoriés sur cet axe.
Une centaine de personnes, dont de nombreux élus et partenaires associés à l’élargissement de la route, ont pris part à la cérémonie d’inauguration. Président du comité Action-Sécurité 277/173, Marcel Morin de Saint-Anselme a souligné l’apport de toutes les personnes impliquées depuis le lancement de la démarche il y a 25 ans.
« On a réuni (autour d’un même objectif) des gens du privé, du public et de l’institutionnel, sans oublier les municipalités. Quand je vois l’œuvre d’art, j’y vois des valeurs de respect et de solidarité », a-t-il indiqué en ajoutant que « si une grande partie de la boucle était bouclée », selon lui, des questions comme la sécurité, l’éducation et la sensibilisation à une qualité de vie dans les transports demeurent toujours d’actualité.
« Il y a un comité, soit celui de l’alcool au volant, qui va continuer son œuvre pour demander à la population d’être éveillée sur tout ce qui peut nous amener vers des accidents mortels. Je pense ici à l’alcool, aux drogues et la vitesse. Il y a eu un événement, mais aussi une ténacité des gens pour en venir à cela. Il va falloir continuer à tenace pour que le message perdure », a-t-il ajouté.
Ne pas oublier les sœurs Marceau
Parents de Rachelle et Émilie Marceau, Bibiane Poulin et Eugène Marceau se sont dits heureux de voir que leurs filles n’avaient pas été oubliées après toutes ces années.
« C’est une façon de constater qu’on ne les oublie pas, que personne ne les a oubliées. On continue à penser à elles. Avec ce qui s’est passé aujourd’hui et la mise en place de l’œuvre qui a été dévoilée, c’est la cerise sur le sundae », a indiqué Eugène Marceau.
« Juste d’avoir pensé faire cela, c’est magnifique, comme l’œuvre elle-même. Je suis contente que l’on ait eu ces 25 ans de comité, ces 25 ans de mémoire. Il y 176 personnes, sinon d’avantage, qui ont perdu la vie sur cette route et dont on n’entend plus parler. Le comité a fait parler de nos filles de façon vivante pendant 25 ans. Mon prochain deuil, c’est que Bibiane devra s’organiser seule, sans comité », mentionnait pour sa part Mme Poulin en ajoutant que si une boucle de 25 ans se terminait, une nouvelle débutait assurément.
« C’est la même chose pour les gens qui restent. Il y a le mémorial au nom de nos filles que nous avons mis en place (à Honfleur) et nous avions besoin de cela, nous avions besoin de les garder vivantes. C’est important pour nous et on le fait. Nous ne sommes pas surpris d’avoir eu une salle pleine aujourd’hui, car cela fait 25 ans que des gens travaillent pour cela », poursuit-elle.
« Il y a des personnes, des parents qui ont perdu la vie ici au fil des ans. Toutes les personnes présentes se sentent concernées », soutient pour sa part Eugène Marceau.
Un naturel pour Saint-Henri
Le maire de Saint-Henri, Germain Caron, a souligné que la réflexion n’a pas été longue lorsque la municipalité a été approchée pour accueillir une telle œuvre sur son territoire. « Nous sommes allés voir les gens du privé pour les inviter à payer pour l’œuvre, cela a été facilitant », a-t-il précisé en ajoutant que les municipalités et différents ministères, via le bureau de la députée Stéphanie Lachance, avaient faire de même, sans oublier la députée Dominique Vien, maintenant au fédéral.
« Nous sommes fiers de l’accueillir. Il ne pouvait pas y avoir meilleure place pour cela. On est à l’entrée de Bellechasse, collés sur la 277 et la piste cyclable. Les gens peuvent arrêter, stationner et venir lire ce qui y est inscrit. On n’a pas eu de misère à convaincre les gens et tout le monde au sein de la municipalité a collaboré. »
Avec la collaboration d’Éric Gourde