Saint-Anselme: Yves Turgeon surpris de son élection
MUNICIPAL. Nouvellement élu maire de Saint-Anselme, Yves Turgeon avoue avoir été surpris d’une certaine façon à la suite de son élection dimanche dernier.
S’il croyait en ses chances, les échos qu’il recevait sur le terrain ne confirmaient pas ses souhaits nécessairement. «Je n’ai jamais été capable de me faire une idée. Sur le terrain, on observait une volonté de changement. Les gens que l’on croisait nous disaient que ce ne serait pas facile, mais que c’était possible. C’est vraiment à la toute fin que l’on a pu le réaliser.»
Le résultat est attribuable surtout au message qu’il a partagé avec les citoyens, selon lui. «Ce n’est pas qu’une victoire électorale, mais celle des valeurs que j’ai véhiculées pendant la campagne soit le changement, l’écoute, le respect et autres. On s’en va vers quelque chose de très différent, pas seulement au niveau économique, mais surtout versus les relations qu’a la municipalité avec ses citoyens. Il y avait une volonté de changement très forte.»
En début de parcours, il s’est intéressé aux médias sociaux pour transmettre ses idées. Il convient qu’il y a possiblement eu quelques dérapages. «Je n’étais pas sur Facebook. J’ai ouvert une page pour avoir une visibilité, pour tenter de rejoindre une clientèle. J’ai constaté que c’était important, mais j’ai aussi été victime un peu de ça. J’ai frappé fort dès le départ et des personnes m’ont suggéré de faire différemment. D’autres personnes se sont échappées et c’est difficile à rattraper des fois.»
IGA et autres
Maintenant élu, M. Turgeon espère provoquer des avancées à court terme dans le dossier du magasin Coop-IGA, sans nécessairement privilégier un endroit pour autant. «Est-ce que ce sera dans le boisé? Aucune idée, je n’ai eu aucun contact avec le conseil d’administration. Il y a plusieurs endroits possibles en plus de ceux déjà connus. C’est le conseil d’administration qui choisira le site, sauf que la municipalité peut changer le zonage d’un endroit au besoin.»
Consultation de la population et relations entre citoyens et municipalité sont des thèmes qu’il a abordés à plusieurs reprises dans ses interventions. «On a tenu des petites rencontres avec les citoyens pendant la campagne et c’est possiblement quelque chose qu’on pourra garder pour la suite. Le budget sera ouvert et les citoyens pourront nous aiguiller sur les priorités à adopter. Ça peut être aussi simple qu’une chaine de rue ou un déneigement qui se fait mal. Nous allons consulter pour expliquer nos objectifs et connaitre leurs besoins.»
Membre du comité consultatif d’urbanisme de sa localité, il souhaite également s’attarder sur le sujet rapidement. «Que l’on parle de la grandeur des remises ou des garages des citoyens, il y a des possibilités de construire des bâtiments utilitaires qui sont actuellement bloqués par un zonage trop strict, particulièrement en milieu rural.»
La sortie nord du village, vers Saint-Henri, devrait aussi faire l’objet d’une réflexion selon lui. «Ce n’est pas beau. C’est l’accueil, c’est la porte d’entrée du village. Notre beau paysage sur la montagne sera bientôt obstrué aussi par du commercial et de l’industriel. La municipalité a été partenaire dans la restauration de la croix, alors faut pouvoir la voir. Ces terrains ne sont pas vendus encore, alors nous avons le temps.»
Attraction et rétention
Yves Turgeon observe également la difficulté qu’ont certains commerces à assurer leur pérennité. Il indique aussi que plusieurs nouveaux arrivants ont de la difficulté à s’identifier à leur nouveau milieu de vie. «Nous avons 700 nouveaux résidents depuis deux ans et plusieurs disent qu’il ne se passe rien. On a un bon service des loisirs, un bel aréna et des activités, mais rien qui ne semble rassembler la population afin qu’elle crée des liens. Il faut que Saint-Anselme devienne important pour eux. Nous sommes à mi-chemin entre une mentalité urbaine et rurale. Quand on accueille de nouveaux arrivants, ce serait bien de réussir à les intégrer, qu’ils découvrent un nouveau milieu et ne choisissent pas de faire des allers-retours quotidiens. Faudrait voir ce qui les garderait ici. Ce sera dur ça.»
En plus des nouveaux arrivants, il espère que les jeunes déjà sur place choisiront d’y rester. «Nous avons deux défis régionaux, la main d’œuvre et l’exode des jeunes. À 12 ans, les jeunes choisissent s’ils vont demeurer ici ou non. À 18-20 ans, le départ se fait ou non. Quand on parle d’activités de loisirs ou d’une vie culturelle plus intéressante et plus stimulante, c’est une façon de les garder ici.»
Le développement de sa localité doit se faire avec prudence estime Yves Turgeon, qui ne nie pas que le phénomène de l’étalement urbain a rejoint sa municipalité. «Il faut développer vers nos zones blanches avant d’aller vers le vert. Il y a des demandes actuellement dirigées vers la Commission de protection du territoire agricole. Le plus récent parc industriel a peut-être été une erreur à ce sujet, quoique lorsqu’on parle de garages ou autres commerces du genre c’est correct, mais une pharmacie, c’est triste car c’est loin. Ce n’est cependant pas l’endroit pour le nouveau magasin IGA et au cœur du village, ce n’est peut-être plus sa place.»
Les tendances
Un mandat de quatre ans, c’est long et court en même temps convient M. Turgeon qui devra faire ses classes rapidement et rallier son conseil à ses idées. «Il y a des valeurs que je veux apporter et j’espère que les conseillers vont les adopter. L’écoute, le respect, donner la parole aux citoyens, etc. Y’a du développement domiciliaire à venir c’est certain. Il faut s’attendre à 200 unités de logement d’ici 20 ans, alors ça prendra de la place et faudra bien les localiser. Ne serait-ce que de raccorder ça à des réseaux existants, ce serait bien.»
En plus de s’attarder à l’évolution de Saint-Anselme, Yves Turgeon espère aussi mettre la main à la patte sur certains volets régionaux. Il observe lui aussi la tendance vers des regroupements à certains niveaux. «Il faut appuyer nos voisins dans leur développement aussi et trouver notre originalité, créer des solidarités.»
À titre d’exemple, il se dit au fait des intentions des MRC de la Beauce de rejoindre la Cycloroute de Bellechasse dans sa localité. «Il faudra voir quel pourrait être le rôle de Saint-Anselme là-dedans. C’est une infrastructure régionale et inter-MRC. L’idée est bonne, mais faudra voir au niveau financier ce que cela impliquer et aussi voir comment cela pourrait être moins dérangeant pour les propriétaires des terrains concernés».