Saint-Luc: conflit entre la municipalité et le Club Quad

SAINT-LUC – Un conflit oppose depuis quelque temps le Club Quad Massif du Sud aux Frontières à la municipalité de Saint-Luc, en lien avec la circulation des VTT sur les chemins municipaux de cette localité.

Ce conflit, qui couvait depuis la fin du mois de septembre, a officiellement éclaté après que le conseil municipal de Saint-Luc eut décidé, lors de sa séance régulière d’avril, de retirer aux agents de surveillance du club le droit et, surtout, la responsabilité de patrouiller sur les chemins municipaux où la circulation des VTT est permise.

Dans leur résolution, les élus soulignent que dorénavant, cette tâche revenait exclusivement aux patrouilleurs de la Sûreté du Québec. Ces derniers sont d’ailleurs ceux qui, ultimement, validaient les interventions des agents de sentiers et émettaient officiellement les constats acheminés aux quadistes fautifs.

Le maire Denis Laflamme souligne que cette décision n’interdit cependant pas aux agents du club de continuer à patrouiller dans les sentiers leur appartenant.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons pris cette décision. Nous avons reçu plusieurs plaintes de citoyens et d’adeptes de VTT qui se plaignaient du zèle et surtout du comportement de certains agents de sentiers. Cela frisait le harcèlement », affirme-t-il.

Pour appuyer ses dires, le maire relate qu’un quadiste aurait déjà été interpelé dans l’un des bâtiments du camp forestier, ce qui aurait déplu aux propriétaires des lieux, et qu’un autre aurait été intercepté trois fois dans la même journée par le même agent.

L’événement impliquant le camp forestier serait survenu en septembre 2013 et aurait amené les propriétaires du site à désaffilier le sentier traversant leur propriété. Le Club Quad a ensuite demandé, sans succès toutefois, que les accès municipaux menant au camp forestier, soit le chemin des Bassins sur 800 mètres, le terrain du garage municipal et la rue Fortin, soient coupés aux VTT, ce qui a été refusé par l’actuelle administration municipale.

« Si nous avions approuvé cette demande, cela aurait été contre l’intérêt de notre économie locale, car la plupart de nos commerces vivent grâce aux quadistes », poursuit le maire.

Énorme déception

Les dirigeants du Club Quad, dont le président Tommy Tanguay et le secrétaire Daniel Pétillot, se disent déçus de la décision de la municipalité qu’ils n’ont pas vu venir. Ceux-ci réfutent les propos du maire en ce qui a trait à ces plaintes de zèle et d’harcèlement, ajoutant n’avoir jamais eu vent de quoi que ce soit dans le passé.

« Ce sont des propos qui frisent la diffamation. Si on a des choses à nous reprocher, qu’on nous le dise directement. Comment voulez-vous qu’on s’améliore si on ne nous le dit pas », clame le président qui rappelle qu’à la base, ils sont des bénévoles.

Par ailleurs, Daniel Pétillot nie catégoriquement toute intervention directe au camp forestier, mais ajoute que l’autre cas est plus plausible. « Il est parfois difficile pour deux personnes de se reconnaître, surtout quand les deux portent un casque avec une visière. »

Les deux hommes croient que la décision de la municipalité signifiera un retour en arrière. « Ça brassait pas mal dans le temps des agents fédérés. Depuis que nous sommes là, ça va beaucoup mieux », précisent MM. Tanguay et Pétillot qui disent qu’à leur connaissance, seulement trois des constats d’infraction émis par eux ont été contestés, sans succès cependant par les fautifs, en cour municipale.

Les dirigeants ajoutent que les administrateurs du club ont décidé, à l’unanimité, de cesser toute discussion avec la municipalité et de retirer la signalisation balisant la circulation des VTT sur les routes municipales de Saint-Luc.

« Si les quadistes souhaitent circuler à nouveau de façon légale, la municipalité devra adopter un nouveau règlement, le faire approuver par le ministère des Transports – ce qui peut prendre 90 jours – et installer de nouvelles pancartes. Cela pourrait prendre du temps avant que cela ne se régularise, clamait Daniel Pétillot lors d’une rencontre tenue le 9 mai dernier.

Circulation tolérée

En réponse à ces affirmations, Denis Laflamme a précisé que le règlement actuel demeurait en vigueur et que le processus visant à en adopter un nouveau était déjà lancé.

« La seule différence entre les deux sera l’article concernant les agents de sentiers », précise le maire qui ajoute que de nouveaux panneaux ont été commandés et seraient installés d’ici la fin de la semaine prochaine. Il invite d’ailleurs les quadistes à venir en grand nombre dans sa municipalité, ajoutant que ceux-ci étaient les bienvenus en tout temps.

Pour sa part, le nouveau directeur du poste de la Sûreté du Québec de la MRC Les Etchemins, Steve Dubé, souligne que la circulation des VTT sera tolérée. Il ajoute que ses agents seront plus présents, mais agiront avec discernement dans les interceptions qui pourraient être effectuées.

Sentiers fermés

Devant la tournure des événements, le Club a par ailleurs décidé de fermer les 42 km de sentiers qu’ils opéraient dans le secteur du Parc régional Massif du Sud.

« Ceux-ci ne sont plus sécuritaires et on avait décidé d’entamer, dès cet été, d’importants travaux de réfection, en plus de changer des ponceaux. Cela était prévu depuis quatre ou cinq ans, mais il est certain que nous attendrons avant de procéder », affirme le président qui rappelle que seule la route Panoramique demeurera ouverte aux quadistes cet été.

Les responsables du Club quad Massif du Sud aux Frontières reconnaissent par ailleurs que les dénouements des dernières semaines les incitent à réfléchir sérieusement à l’avenir de leur organisation. Entretemps, les activités se poursuivront dans les 10 autres municipalités qu’ils desservent.

« Notre club est en excellente santé financière et on ne doit pas un sou à personne. Si on arrête, ce ne sera pas une question d’argent, mais plutôt une d’écœurement des bénévoles. »

Soulignons enfin que les administrateurs ont rapatrié à deux endroits la vente des vignettes donnant aux quadistes un droit d’accès aux sentiers fédérés. Ceux-ci sont disponibles au commerce de M. Tanguay, à Lac-Etchemin, ainsi qu’au secrétariat du club qui, lui, est situé… à Saint-Luc !