Saint-Nazaire: Clément Fillion candidat à la mairie

MUNICIPAL. L’ex-directeur général de la MRC de Bellechasse, Clément Fillion, a mis fin au suspense et finalement confirmé qu’il serait sur les rangs pour le poste de maire de Saint-Nazaire à l’élection municipale de novembre.

Le principal intéressé était courtisé depuis un certain temps et a tardé avant de faire connaitre ses intentions. «Quand je suis parti, je n’avais pas l’intention de revenir et après 42 ans, j’ai dit que j’allais regarder autre chose. Je me suis aperçu que j’avais encore le goût du municipal, surtout après avoir effectué quelques mandats pour la MRC du Granit à Lac-Mégantic qui ont sollicité mon aide après les événements que l’on connait.»

Si la fibre municipale était toujours présente, le contexte devait aussi être favorable. «Au départ, je n’étais pas rendu là, mais un an et demi après, est-ce que j’avais le goût et le temps? La réponse est oui. En plus, il n’y a pas d’équipe à Saint-Nazaire et quelques candidatures potentielles intéressantes pour les postes de conseillers alors le moment est bon.»

Sa boule de cristal lui dicte que le milieu municipal est appelé à vivre de nombreux changements à court terme, ce qui l’incite à vouloir en faire partie. «Je suis sûr pour que certaines municipalités, des décisions devront être prises. On a vu les fusions avec les grandes villes. Est-ce qu’il faut être proactif et regarder des choses? Je ne dis pas qu’une fusion attend Saint-Nazaire, loin de là, mais il y d’autres solutions comme le partage de certains services ou une mise en commun.»

Pas là pour jouer les belles-mères

Si certains anticipent que son élection à la mairie pourrait l’amener à devoir s’impliquer activement sur la scène régionale en raison de son expérience, il a indiqué qu’il se limiterait au rôle qui lui sera confié. «J’ai entendu parler de certaines choses, sauf que je me présente maire de Saint-Nazaire d’abord. Je n’ai pas d’ambition régionale autre que celle de participer. Le conseil de la MRC est composé de 20 personnes et elles doivent prendre des décisions ensemble. Ce n’est pas vrai que je m’en vais là et que je vais travailler sept jours sur sept. Je suis un retraité qui voit qu’il y a une tâche à faire dans son patelin et je dois d’abord être choisi pour représenter Saint-Nazaire. Je ne serai pas là pour prendre la place de ceux qui sont déjà en fonction.»

Un régionaliste

Les gens qui l’ont côtoyé et qui ont observé son travail au cours des dernières années ne seront aucunement surpris d’entendre qu’il aimerait impliquer les localités voisines dans le développement de sa collectivité et que celui-ci se fasse à bonne échelle. «J’ai vu naître la Contrée en Montagnes. Le principe est bon, mais il faut aller au-delà des mots. Je peux bien rêver d’installer un centre commercial à Saint-Nazaire, mais je sais que cela n’arrivera jamais. Par contre, si les municipalités voisines comme Saint-Damien, Sainte-Claire, Saint-Anselme, Lac-Etchemin ou autres continuent à se développer et que moi, étant donné que notre vocation est davantage résidentielle, que je suis situé tout près et que voyager 15 ou 20 minutes est maintenant normal, notre milieu peut être attrayant, car les gens se sont habitués à se déplacer pour différentes choses».

M. Fillion remarque encore certaines rivalités dans les localités situées en milieu rural, sauf qu’une prise de conscience est nécessaire et même déjà en cours. «Les communautés s’aperçoivent de plus en plus que si nous voulons faire de la rétention, il faudra offrir des services de manière différente. À Saint-Nazaire, nous n’avons plus d’école, sauf que ce service est disponible à 10 minutes de route et il est possiblement meilleur que si nous nous étions battus pour le conserver.»

Des changements nécessaires et inévitables

Les temps changent et le contexte est différent d’il y a une trentaine d’années remarque Clément Fillion. «Des services de loisirs sont maintenant regroupés, les déchets et d’autres également. La voirie devra peut-être être étudiée pour éviter de multiplier les équipements. Sans dire que tout disparait, la façon de faire qui doit changer. Certains l’ont fait avec leur service incendie et personne n’a perdu d’équipement. C’est le côté administratif qui devenait problématique».

Il souhaite cependant de tout cœur que les choses deviennent plus simples. Il a remarqué une administration de plus en plus lourde à titre de directeur général de la MRC. «On penche actuellement vers un extrême où tout est contrôlé ou une question de permis. Est-ce que c’est nécessaire vraiment ? Il y a une réflexion à faire là-dessus.»

À tort ou à raison, les services incendie sont devenus plus exigeants, possiblement à la suite de pressions des assureurs, selon M. Fillion qui remarque que l’environnement a maintenant pris le haut du pavé parmi les grands dossiers. «Nous ne pouvons plus rien faire. Le gouvernement nous a délégué des responsabilités, mais il faut toujours demander l’autorisation au régional, puis plus haut et ensuite encore plus haut, de palier en palier. Alors on ne sait plus qui fait quoi et qui peut faire quoi. Cela cause même des délais épouvantables avant que quelqu’un finalement intervienne.»

Il espère voir les choses s’améliorer et peut-être même y contribuer. «Au Québec, on ne manque pas d’argent, mais on la gaspille. Par exemple, chaque municipalité a maintenant son petit parc municipal ou des jeux d’eau. Il faudrait que les municipalités aient davantage le choix des investissements à faire et qu’elles soient davantage redevables de ces choix.»

Il s’inquiète de l’avenir des services de proximité dans les petites municipalités comme la sienne. «On ne peut plus penser tout centraliser. Il faut s’assurer de cibler ce qui est essentiel. Lorsqu’une municipalité perd sa station-service ou son épicerie par exemple, il y a une réflexion à faire et elle doit se faire collectivement. Je me présente à la mairie, sauf que si quelqu’un est bien placé pour le savoir, c’est toute une équipe. Un maire ne peut faire tout seul.»

Interrogé à savoir si un sujet ou un dossier régional l’interpelait plus que d’autres, Clément Fillion répond n’avoir aucune préférence dans un premier temps. Il ajoute toutefois au cours de sa réplique que le développement économique de la région est d’une importance capitale. «Il s’est fait beaucoup de choses au cours des dernières années, pensons à l’arrivée du gaz naturel ou au parc éolien communautaire de Saint-Philémon. Heureusement, nous nous sommes donné ces choses qui vont nous permettre d’aller plus loin. Avec le parc éolien, les revenus que nous sommes allés chercher jusqu’à maintenant sont acquis. Appliquer sur des programmes gouvernementaux est devenu tellement compliqué et long que ce que l’on a obtenu est déjà avantageux. Il faudra être vigilant et proactif dans ce type d’intervention.»