Saint-Raphaël perdra bientôt son magasin général
COMMERCE. Signe que les temps changent, Saint-Raphaël perdra possiblement son magasin général au cours des prochaines semaines. Le commerce Albert Fradette et fils devrait cesser ses opérations d’ici à la fin de l’été.
Le propriétaire de l’établissement, André Fradette, explique que cette décision était devenue incontournable. «Notre chiffre d’affaires baisse depuis environ six ans. Dans les années 80, il n’était pas rare de terminer une journée avec une caisse de 7 000 $ ou 8 000 $. Aujourd’hui, c’est plus de l’ordre de 2 000 $ et avec ce rendement, c’est difficile de payer quatre ou cinq employés, l’électricité et le reste.»
Il attribue en grande partie la situation à l’attrait des grandes surfaces et les achats en ligne. L’achat local est une priorité, mais chez une infime partie de la population à son avis. «Il y a encore quelques personnes qui y croient. Pour eux, se rendre à Lévis est une montagne et ils préfèrent payer un peu plus cher chez nous que de se déplacer. Bien des gens viennent ici pour se dépanner uniquement.»
La fin d’une époque
Le magasin Albert Fradette et fils est possiblement le dernier commerce du genre dans Bellechasse-Etchemins. Le concept d’un magasin général à l’époque permettait aux gens d’une même localité d’avoir accès à tout sous un même toit. Celui de Saint-Raphaël propose à la fois l’épicerie, la quincaillerie avec la bannière BMR, la décoration, des vêtements, de la vaisselle, un espace cadeau, des jouets, vraiment de tout.
S’il ne se souvient pas précisément quand le commerce a débuté ses opérations, André Fradette se rappelle que l’aventure a débuté au début des années 30. «Mon père avait deux ans lorsque sa famille est arrivée du Bas-St-Laurent vers la fin des années 1920. Mon grand-père Ernest a acheté une maison et l’a ensuite aménagée pour en faire un petit magasin. Mon père Albert l’a ensuite repris en revenant de son voyage de noces au milieu des années 50.
Maintenant âgé de 61 ans, André Fradette œuvre dans le commerce familial depuis 43 ans. L’heure de la retraite à possiblement sonné. «Je n’ai pas pris de vacances depuis sept ans. Je suis dû. Je suis propriétaire depuis 10 ans et je ne pouvais pas partir pendant une semaine en raison de mes responsabilités ici.»
La liquidation de la marchandise est en cours depuis quelques semaines déjà. «Ce que l’on fait actuellement, c’est de ramener la marchandise vers l’avant, car il n’y a presque plus d’épicerie. On réaménage le magasin au fur et à mesure. J’espère récupérer le plus possible et il y a de bonnes chances qu’à la fin de l’été, nous fermerons définitivement.»
S’il a tenté de vendre son commerce de 10 000 pieds carrés, il n’était pas question pour lui de céder le commerce à l’un ou l’autre de ses enfants qui ont démontré peu d’intérêt pour la chose de toute façon. «Je ne leur vendrais pas non plus, car la tendance est à la baisse. Nous aurions eu un acheteur il y a trois ans et il s’est ravisé après avoir vu les chiffres. Ça ne grimpera plus, nous sommes rendus là.»
Il croit tout de même qu’un entrepreneur pourrait réussir à redonner vie à ce bâtiment. «Nous l’avons offert aux magasins Korvette, sauf qu’eux n’achètent pas et sont à loyer partout. Ils nous ont répondu que l’espace ici est trop grand pour eux. Le bâtiment pourrait sûrement servir à plusieurs choses ou abriter plusieurs commerces.»