Samuel Côté, un sculpteur pas comme les autres

Résident de Saint-Philémon depuis deux ans, Samuel Côté pratique un art rarissime au Québec : la sculpture sur panaches d’orignaux.

C’est vers l’âge de 16 ans que Samuel se lançait dans ce domaine qu’il est l’un des rares, sinon le seul à pratiquer à temps plein au Québec. Aimant dessiner des orignaux et des décors animaliers, il consultait des forums sur la chasse quand il a découvert, par hasard, un artiste américain qui faisait de la sculpture sur panache.

«Je n’avais jamais fait de sculpture auparavant, mais je trouvais cela tellement intéressant que j’ai décidé d’essayer. Ma première sculpture, je l’ai vendue 175 $ après l’avoir publiée sur Facebook. J’en ai fait une deuxième, puis une troisième. C’est là que tout a vraiment décollé», indique le jeune homme de 20 ans.

Samuel mentionne que la sculpture sur panache est plus ardue du fait que ce matériau est beaucoup plus dense que le bois conventionnel. «La première fois, je suis parti de zéro. J’ai pris mon panache et mon dessin puis je me suis dit, «par où je commence ?» C’était un gros défi», mentionne avec amusement le Bellechassois d’adoption qui ajoute que l’épaisseur du panache, qui dépasse rarement le demi-pouce, ajoute au degré de difficulté.

Pour réaliser ses œuvres, il utilise une petite fraiseuse de type industriel, avec une cinquantaine de mèches différentes. La finition se fait à l’aide d’une sableuse électrique.

Le défi est de donner, selon lui, un effet en trois dimensions au panache sculpté, peu importe son épaisseur. «Il faut faire attention pour ne pas passer aux travers. Des fois, je mets une lumière derrière et je peux voir le reflet de celle-ci à travers la sculpture, tellement c’est mince. J’essaie d’aller chercher le plus de jeu possible.»

L’attrait de la nature

Originaire de Charlesbourg, Samuel Côté a découvert Saint-Philémon dans son enfance. «J’accompagnais la famille de ma meilleure amie lorsqu’ils venaient à leur chalet les week-ends. Nous aimions tellement cela qu’à chaque fois, on ne voulait pas retourner en ville», signale le jeune homme.

Ce dernier ajoute que ses nombreux séjours dans Bellechasse ont attisé son goût pour la nature, la chasse et la pêche et, éventuellement, le métier qu’il pratique. «Je suis en forêt, je vais chasser et pêcher comme je veux. La mentalité des gens d’ici est différente. Je retourne en ville de temps en temps, mais j’ai toujours hâte de revenir ici.»

Samuel ajoute qu’il s’est fait beaucoup d’amis dans le domaine et que cela l’aide dans son métier. «Je côtoie beaucoup de chasseurs et j’ai besoin de panaches, alors c’est un milieu propice pour cela.»

L’importance des médias sociaux

Très présent sur les médias sociaux, Samuel Côté souligne que ce moyen de communication a été très bénéfique pour sa carrière, jusqu’ici. «Mes œuvres voyagent énormément. Plein de monde, venant des quatre coins de la planète et de toutes les tranches d’âge, a appris à me connaître et à apprécier mon art», signale le sculpteur qui précise que 80 % des ventes se font en ligne, par courriel ou par Facebook.

Cette clientèle, qui est principalement composée de chasseurs et de collectionneurs d’art, se retrouve aux quatre coins du Québec et du Canada, mais également du Mexique, des États-Unis, de la Norvège et de l’Australie, entre autres.

Samuel ajoute qu’il participe également à d’importants salons de chasse et pêche pour se faire connaître, mais que ce n’est pas nécessairement là qu’il décroche ses contrats. Lors d’événements comme le récent Festival Chasse et Pêche de Saint-Louis, il vend surtout des produits dérivés comme des boucles d’oreilles, des plumes et des feuilles d’érable en panache, des planches à découper, des sous-verres ou des aimants. «Ça pique la curiosité des gens qui pour la plupart n’ont jamais vu cela auparavant. C’est gratifiant de voir la réaction du monde.»

Dans la simplicité

Samuel Côté loue un espace dans l’Atelier au Tour du bois, propriété de Claude Gagné. Ce dernier conçoit et fabrique les bases de ses sculptures, ses plaques ainsi que les boîtes de bois utilisées pour acheminer les œuvres chez les clients. Le jeune homme dit avoir besoin de peu d’espace pour travailler. «Tout se fait dans la simplicité, assis dans ma chaise de camping. C’est comme cela que j’ai appris à travailler et aucune autre méthode ne me convient», précise l’artiste.

Des panaches pour tous les prix

Le prix de base pour une sculpture sur panache réalisée par Samuel Côté avoisine les 900 $, mais peut facilement attendre 9 000 $. «Cela dépend de ce que les gens veulent. Ce n’est pas nécessairement en lien avec la grosseur du panache, mais avec l’ampleur de la structure, les détails et le temps requis pour la réaliser.»

Sa sculpture la plus flyée intitulée L’Évolution, que les gens de Saint-Louis ont pu découvrir à la fin du mois d’août, vaut à elle seule 19 800 $. «C’est un projet qui est né de mon imagination. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire, car il y a plein de détails que j’ai ajoutés au fur et à mesure. Le plus dur a été de faire le miroir, pour que ce soit pareil de chaque côté», souligne-t-il en prenant le temps d’ajouter qu’il n’était pas pressé de la vendre, car il s’agit de sa carte de visite.