Se faire vacciner… ou pas ?

SANTÉ. Natasha Dolbec et Martin Charest de Sainte-Claire vivent un dilemme depuis l’avènement du passeport vaccinal au Québec. Victime d’un syndrome de Guillain-Barré (SGB) en octobre 2017, M. Charest ne peut toujours pas obtenir d’exemption, même si le vaccin pourrait lui causer des problèmes de santé éventuellement.

Paralysé des bras et des jambes, en plus d’avoir une vision double au moment des faits, il n’y avait qu’une probabilité de 0,3 % de faire une rechute, sauf que le malaise est réapparu en 2018. Sans médecin de famille depuis que le sien est parti à la retraite, Aucun médecin ne peut lui signer un formulaire. Du même coup, il ne peut obtenir le papier d’exemption gouvernementale nécessaire et se retrouve ainsi sans passeport vaccinal. Et ce faisant, plusieurs endroits lui sont maintenant interdits.

« Sa neurologue lui dit tout simplement que c’est à nous de décider si Martin le prend et que si nous avons un problème par la suite, là on va nous donner un billet », déplore sa conjointe, Natasha Dolbec.

Le syndrome du Guillain-Barré affecte le système neurologique. Pour certains, ce sera synonyme de paralysie et pour d’autres, de difficultés respiratoires. « La première fois, en dedans de deux semaines, j’ai perdu 25 livres. J’ai gardé des petites séquelles aux jambes », raconte M. Charest.

Pas d’exemption qui veut

Au CISSS de Chaudière-Appalaches, on nous indique qu’une personne peut obtenir une exemption uniquement après un Guillain-Barré qui suit l’administration d’un vaccin, après discussion avec son médecin, si elle décide de ne pas se faire vacciner.

« Les personnes ayant présenté un SGB dans les six (6) semaines suivant l’administration d’un vaccin COVID-19 (ARNm ou VV) pourraient recevoir une 2e dose après avoir discuté des avantages et des inconvénients avec leur médecin spécialiste, par exemple leur neurologue », d’indiquer le CISSS par courriel.

La députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, a aussi été sensibilisée à sa cause. « Je suis sensible aux réalités que vivent certains citoyens face à la vaccination. Il est essentiel de pouvoir compter sur l’expertise de scientifiques et des médecins de la santé publique pour permettre à tous nos citoyens de faire des choix éclairés. »

Cette explication est loin de rassurer Mme Dolbec. « On nous a déjà clairement dit, plus de vaccin. On nous dit qu’il existe des exemptions, sauf que le Guillain-Barré n’en ferait pas partie. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas. Je suis vaccinée et les enfants le sont aussi. Est-ce qu’on prend la chance de l’essayer ? Ça a pris plus de deux ans avant que Martin puisse reprendre un rythme de vie plutôt normal. »

Autre élément important, le dernier billet médical signé par son médecin de famille remonte au 27 juin 2019, avant que ce dernier ne prenne sa retraite. « Mon médecin était au Kamouraska, car je suis natif de là-bas. Comme on demeure à Sainte-Claire depuis à peu près six ans, on doit maintenant avoir un médecin de la région. Je sais qu’un médecin qui ne me connait pas va hésiter à signer une lettre d’exemption », raconte Martin Charest.

Bien qu’inquiet de la situation, M. Charest a tout de même pu reprendre le travail après quelques mois d’inactivité, lui qui est maintenant à l’emploi de la fonderie Soucy Belgen de Sainte-Claire. Ayant perdu son permis de conduire, il a toutefois dû se relocaliser.

« Je travaillais à Sainte-Marie lors de mon premier Guylain-Barré, sauf qu’avant de me joindre à l’équipe Soucy, j’avais dû cesser de travailler pendant plus de deux ans. J’ai recommencé progressivement en janvier 2020, pour revenir à temps plein. Travailler physiquement est bon pour moi, pour le moment, car je dois rester actif et je suis pas mal sur tous les postes. À long terme cependant, ce n’est peut-être pas l’idéal. »

Au CISSS Chaudière-Appalaches, on nous mentionne que 103 exemptions ont été accordées depuis le début de la pandémie. Ces personnes avaient donc des -contre-indications physiques pour ne pas être vaccinées. Chaque dossier a bien entendu fait l’objet d’une évaluation par un médecin et une conseillère en soins.