Bellechasse: l’idée d’un centre d’archives chemine

HISTOIRE. La Société historique de Bellechasse étudie toujours la possibilité de mettre sur pied un centre d’archives sur le territoire de la MRC, tout en poursuivant ses travaux en lien avec son portail Archives-Bellechasse qui est de plus en plus garni de photos, documents et faits saillants de l’histoire de la région.

La Société s’est surtout attardée à travailler sur un inventaire du patrimoine bâti de la région de 2010 à 2015 et à la citation de certains bâtiments. Ces projets, réalisés de manière parallèle, ont permis d’enrichir la documentation déjà existante. «Les archives sont l’avenir des historiens. C’est du matériel qui un jour va permettre à du monde de nous raconter notre histoire. Il n’y a rien de ça dans Bellechasse. La Côte-du-Sud et la Beauce ont des choses, mais pas nous», explique Pierre Lefebvre, coordonnateur du projet et principal initiateur de l’idée.

Le Centre d’archives de la communauté pourrait être un lieu historique à plusieurs niveaux.

Cet été, des discussions ont eu lieu avec la Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours de Saint-Damien sur la possibilité d’y loger le futur centre d’archives, confirme M. Lefebvre. «Nous sommes toujours à la phase de réflexion. Des études et un plan d’affaires sont en voie d’être réalisés. Nous n’avons plus de siège social. Nos paperasses et nos archives sont à Saint-Henri, dans le sous-sol de notre président. Les religieuses nous ont offert un local cet été pour travailler ici.»

Le territoire de Beaumont s’est montré intéressé dans le passé à recevoir un centre du genre, ajoute M. Lefebvre. «À Saint-Gervais, on nous a proposé les locaux qui abritent le Carrefour jeunesse emploi. Nous avions déjà Saint-Damien à l’œil et les religieuses nous ont proposé des choses, notamment de gérer les archives de leur corporation. Même si les religieuses déménagent, leur siège social demeurera à Saint-Damien et leurs archives aussi.»

Étudiant et stagiaire à la Société depuis trois ans, Philippe Lambert considère la plateforme comme un bel investissement. «Bellechasse est un peu unique dans l’accessibilité de consultation des documents numérisés. On ajoute des choses constamment. Il y a actuellement 112 fonds privés et d’organismes et 12 collections. C’est déjà imposant. Avec 15 000 photos, des documents de particuliers de partout, nous avons un bon balayage de la région.»

Une démarche particulière

La Société historique a aussi travaillé avec quelques organisations au cours des dernières années, la municipalité de Saint-Gervais et la Fabrique de Beaumont particulièrement. Pour cette dernière, les archives remontent à plus de 300 ans. «Elles étaient dans un sous-sol, près d’une fournaise et recouvertes de poussière. Ils gardaient certaines choses dans un coffre-fort, alors nous avons reclassé tout ça.»

Tout en poursuivant ces démarches, la Société a accepté le mandat de travailler sur un projet d’intégration des archives de la communauté des religieuses. «On sait peu de choses de nos grandes organisations. À Saint-Damien, nous n’avions presque rien de chez IPL. Une personne nous a remis des documents qui remontent à la première émission d’actions de la compagnie. Chez Prévost à Sainte-Claire, quelqu’un de la famille s’y est intéressé et avait fait un bon travail. L’histoire de la congrégation est un incontournable. Les religieuses ont été dans 15 municipalités sur les 20 de la MRC après tout», fait remarquer Pierre Lefebvre.

Philippe Lambert, qui poursuit des études en histoire et vise une carrière en enseignement, après un baccalauréat, une maitrise et un doctorat en la matière, est appuyé cet été d’Alizée Harel sur ce projet. Il a constaté que le journal intime du Père Brousseau est imposant en termes de données historiques. «De 1890 jusqu’à sa mort en 1920, le Père fondateur a écrit et manuscrit l’équivalent de plus de 40 volumes de 300 pages de notes. Il y raconte notamment les quêtes qu’il faisait de porte en porte. Tous les montants sont inscrits, à titre d’exemple. Il lui arrivait de prêter à des Fabriques, il notait tout.»

Pierre Lefebvre ajoute que la façon de faire de la Société est exemplaire dans sa façon de faire. «Un fonds de la Congrégation avait partiellement été traité dans le passé et nous avons tout transféré le matériel dans des pochettes plastiques. Nous avons intégré leur plan de classification dans notre structure. Certaines choses seront restreintes à la consultation sur place, d’autres sont personnelles et les religieuses ont compris notre façon de faire globalement.»

Il remarque que peu d’organisations prennent soin de leurs archives en utilisant les méthodes appropriées. «Il y a des façons de faire. On néglige ça les papiers, mais plus ils sont vieux, plus nous voulons les garder vieux. Il faut les mettre dans des chemises sans acide et contrôler l’atmosphère de la pièce, car la chaleur et la lumière jouent contre ça. Il y a aussi un enjeu de sécurité, contre les rongeurs qui endommagent les documents, ou le vol. Les municipalités sont responsables de leurs archives, tout comme le réseau de la santé et le réseau scolaire. Dans plusieurs cas, ils n’ont pas de véritable système de classement, ce qui rend certaines recherches difficiles.»

C’est pourquoi la Société historique mousse son projet d’un centre d’archives et offre son expertise à plusieurs. «On veut rappeler aux gens que nous sommes ouverts à recevoir les documents des gens qui pourraient servir à se rappeler. L’idée est de ramasser ces choses avant qu’elles ne se perdent», précise Pierre Lefebvre.

Une décision en 2021?

Bellechasse aura-t-il un centre d’archives un jour ? «Je pense que oui. L’argent, on peut le trouver. Il s’agit d’avoir un projet. On examine actuellement la possibilité de jumeler les deux, soit celui de Bellechasse et des religieuses. Sauf que la Congrégation ici est la seule à avoir une charte papale, et non de l’Évêché. On réfléchit à cette possibilité. On pourrait avoir des locaux ici, et en même temps avoir quelque chose qui pourrait attirer des gens», indique Pierre Lefebvre qui dit vouloir s’inspirer que ce qu’ont fait les Augustines à Québec.

«On se doit de savoir combien cela pourrait coûter, quelle forme juridique cela pourrait prendre, alors on discute de ce genre de choses. On pourrait faire quelque chose avec l’ensemble. On ne veut toutefois pas perdre notre fonction première qui est de regrouper les gens de la région, et non l’organisation d’un seul projet non plus. Nous sommes des bénévoles après tout», dit-il en ajoutant que 2021 pourrait être l’année d’une décision, puisque les résultats des études en cours devraient être connus.