Manque criant de place en garderie dans Bellechasse

ENFANCE. Même si le territoire de Bellechasse s’est vu allouer 90 places en garderies, lors du plus récent appel à projets du ministère de la Famille annoncé en octobre dernier, le nombre de places nécessaires pour combler les besoins est toujours en croissance.

Pas moins de neuf (9) projets différents avaient été déposés à la date limite du 15 janvier dernier pour des installations à Saint-Henri, Saint-Anselme, Honfleur, Saint-Malachie, Saint-Lazare, Beaumont, Saint-Michel et Saint-Vallier. Ces projets totalisent toutefois 358 places demandées, un nombre nettement au-dessus de ce qui a été alloué.

Les garderies de la région ont de longues listes d’attente depuis longtemps.

Les besoins sont grandissants remarquent les directions des centres de la petite enfance de la région. L’une des raisons qui explique ce déficit est la fermeture des services de garde en milieu familial qui sont de moins en moins nombreux à chaque année. « La Covid n’a certainement pas aidé, mais quand nous les avions contacté l’an dernier, c’était beaucoup la loi qui était évoquée à ce moment-là ainsi que les exigences reliées au développement de l’enfant et autres qu’exige le ministère depuis qu’il a réévalué ses critères », estime Alain Vallières, directeur général de Développement économique Bellechasse.

La région Chaudière-Appalaches a connu une perte nette de 1 114 places dans les services de garde en milieu familial en 2020. « C’est le double de la baisse moyenne annuelle des six dernières années, dont la moyenne est de 590 fermetures par année. En 2020, il y a eu fin de reconnaissance pour 127 services contre seulement 68 nouvelles reconnaissances. C’est un déficit net de 59 services de garde », ajoute-t-il.

Des données déjà périmées

Parmi les demandes déposées, le CPE Chatons d’Or à Saint-Anselme souhaiterait obtenir une optimisation de ses installations avec 21 places supplémentaires, en plus d’avoir fait des demandes pour des installations à Honfleur (35 places) et Saint-Malachie (35 places). Cette dernière serait située à même une aile de la résidence Manoir de la Montagne, explique la directrice, Dominique Labbé.

« Notre situation est particulière puisque nous avons 17 nationalités différentes de représentées au sein de notre communauté. Nous avons 400 enfants sur notre liste d’attente, certains de localités environnantes. Nous avions fait une demande de 52 places en 2018 et avons obtenu 37 places en 2021. Avant même son ouverture, c’est insuffisant, même si un projet privé de 80 places a été déposé dans cette localité. »

Marie-Claude Paquet est directrice du CPE l’Aquarelle de Saint-Damien qui a récemment fait l’acquisition de l’installation Jardin d’Oseille à Beaumont, qui compte 64 places. Elle a travaillé sur des demandes de 16 places à Beaumont et sur un projet de 52 places à Saint-Michel.

Les garderies de la région ont de longues listes d’attente depuis longtemps.

« Nos petits milieux ont des besoins. À Saint-Damien, on travaille déjà avec la municipalité pour un prochain appel de projets pour une autre installation ici, car on dessert plusieurs localités voisines. Des gens de la ville aimeraient s’établir chez-nous, mais n’ont pas de places pour leurs enfants. Il serait temps qu’on pense à nous, les petits milieux.»

Nancy Racine du CPE l’Amirondelle de Saint-Henri, avec des installations de 68 et 78 places, doit composer avec un milieu qui ne cesse de se développer. « On a déposé un projet de 80 places avec une entreprise du milieu. À Saint-Henri, nous sommes un carrefour important où les gens transigent beaucoup vers Lévis, Saint-Anselme ou la Beauce. Les besoins sont énormes. »

Le CPE Belle-enfance de Saint-Raphaël a également déposé un plan pour une installation de 34 places à Saint-Vallier. Karine Leblond en est la directrice. « Cinq municipalités autour de nous n’ont aucun service, dont deux dans une MRC voisine. Comme dans bien d’autres installations de la région, on ne réussit pas à épuiser nos listes d’attente ou accueillir le petit frère ou la petite sœur d’un enfant que l’on accueille déjà, même quand des places se libèrent. »

Des questions en suspens

Alain Vallières estime que ce déficit de places en garderie a un effet indéniable sur l’attrait et le recrutement de la main-d’œuvre des entreprises de la région, thème très cher à Développement économique Bellechasse. « Il y a quelque chose qui n’est possiblement pas compris des autorités et des instances, soit que le milieu rural vit déjà des difficultés à recruter de la main-d’œuvre. Aussi, les distances à parcourir entre les services de garde, le lieu de travail et le lieu de résidence, de même que des problèmes avec l’immigration, puisque les enfants de demandeurs d’asile ne peuvent être acceptés dans les CPE. »

Comment les 90 places seront-elles attribuées, avec des demandes aussi importantes chez-nous? À l’inverse, il y a des places qui ont été allouées ailleurs et il n’y a pas suffisamment de demandes pour les combler. Ces places ne pourraient-elles pas être allouées à une région comme Bellechasse pour toutes ces raisons ? Les questions sont nombreuses chez les intervenantes en milieu familial de la région qui espèrent que d’autres solutions soient éventuellement envisagées.