Steven Ferland: 25 ans à faire respecter l’ordre en Bellechasse-Etchemins
POLICE. Sergent responsable du poste de la Sûreté du Québec de la MRC des Etchemins au cours des cinq dernières années, Steven Ferland est une personnalité bien connue dans la MRC des Etchemins, ainsi que du côté de Bellechasse où il a amorcé sa carrière dans la région.
Âgé de 49 ans, le natif de Sainte-Rose-de-Watford a décidé de prendre sa retraite des forces de l’ordre le 31 octobre dernier, lui qui a consacré 27 ans de sa vie à faire respecter l’ordre et les lois, dont 25 avec la Sûreté du Québec, une organisation où, mentionne-t-il, il a su s’épanouir personnellement et professionnellement.
Après avoir passé deux ans à la Sûreté municipale de Québec, incluant un bref passage comme agent correctionnel du côté du pénitencier de Donnacona, c’est en 1997 que M. Ferland fera son arrivée à la Sûreté du Québec, au défunt poste de Saint-Malachie.
Un an plus tard, après le redécoupage des territoires de la SQ en fonction des MRC, il sera transféré au poste de la MRC de Bellechasse, à Saint-Gervais, avant de se retrouver à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, au poste auxiliaire de la MRC Matawinie.
« J’ai été cinq ans là-bas. J’ai occupé plein de fonctions comme patrouilleur, chef d’équipe et agent de programme d’intervention en milieu scolaire. On desservait aussi la communauté autochtone de Manawan, qui a son propre corps de police, même si c’est en territoire SQ », rappelle-t-il en ajoutant qu’il est ensuite revenu au poste de Lac-Etchemin, en 2003, comme agent superviseur de relève.
Il a occupé ce poste de 2003 à 2006, puis est devenu directeur adjoint de 2006 à 2017. Après la dernière restructuration administrative menée au sein de la Sûreté, ce qui a mené à la création des centres de services comme ceux de Saint-Georges et de Sainte-Marie, le directeur du poste, Steve Dubé, a été transféré à Saint-Georges et c’est l’Etcheminois qui est devenu sergent responsable du poste de Lac-Etchemin, fonction qu’il a occupée jusqu’à son départ récent des forces policières.
Sommet des Amériques
Lorsqu’on lui demande de revenir sur les faits marquants de sa carrière, Steven Ferland souligne que ceux-ci sont légion, mais s’attarde à certains bien précis, qui ont fait la manchette. En tête de liste se trouve sa participation au Sommet des Amériques, à Québec, en 2001.
« Quand la fameuse clôture est tombée, nous étions plusieurs équipes de l’unité d’urgence présentes sur place à ce moment-là. Ce furent des journées infernales, surtout du côté des manifestations qui furent les plus violentes que j’ai couvertes dans ma carrière à la Sûreté du Québec. Les anciens me parlaient de la crise d’Oka, mais le Sommet des Amériques fut marquant à ce niveau », indique le policier qui avait été blessé à ce moment.
« J’avais passé une nuit à l’hôpital après avoir reçu un morceau de pavé uni de la part d’un manifestant qui avait grimpé sur un immeuble à logement. J’en avais aussi reçu un sur une jambe peu avant. On recevait de tout : de l’urine, des excréments, des roches, des boules de billard, des billes lancées avec une fronde, des morceaux de bois. C’était quelque chose. Nous étions couverts de la tête aux pieds avec le bâton, le bouclier, le casque antiémeute, le masque à gaz. C’était utile, car il y avait énormément de gaz lacrymogènes lancés », rappelle-t-il.
Le décès des sœurs Marceau
Un autre événement marquant pour lui a été l’accident des sœurs Rachelle et Émilie Marceau de Honfleur, survenu au printemps 1997 sur la route 277 aux limites de Saint-Anselme et Saint-Henri. « J’étais rattaché au poste de Saint-Malachie à ce moment et j’étais le premier policier arrivé sur les lieux. C’est la police de Lévis qui a mené l’enquête, car ils desservaient Saint-Henri, mais j’ai géré la scène d’accident en attendant leur arrivée. C’est le premier accident mortel que j’ai couvert, un événement marquant de ma carrière », précise-t-il en ajoutant que s’il n’avait pas eu l’occasion de rencontrer les parents des deux jeunes filles à ce moment, il a pu le faire lors de la messe anniversaire, 25 ans plus tard.
Voyage en Belgique
D’un côté plus positif, Steven Ferland se rappelle un voyage de 10 jours à Bruxelles, en Belgique, en 2006, alors qu’un groupe de policiers représentait la Sûreté du Québec en matière de police communautaire.
« Il y avait un certain nombre de policiers qui s’impliquaient beaucoup en relations communautaires, qui avaient créé des projets en police de proximité dans le cadre de leur patrouille. Ici, j’avais lancé un projet de concert avec deux travailleuses sociales du centre de santé pour la circulation des personnes en fauteuils roulants ou en quadriporteurs et triporteurs. On a créé un guide sur la circulation des personnes à mobilité réduite, la SQ l’a repris et reproduit ailleurs en province », rappelle-t-il en mentionnant que lui et ses collègues avaient patrouillé, avec leurs uniformes, dans les rues de Bruxelles à cette occasion.
Être près des gens
Au-delà des événements difficiles et malheureux qui ont marqué régulièrement son quotidien, Steven Ferland rappelle que les rencontres avec les gens, les écouter et les supporter dans les épreuves a toujours été une priorité pour lui.
« La connaissance du milieu, du territoire et des gens m’a aidé énormément dans ma carrière. Comme je suis natif de Sainte-Rose, je connais bien la MRC et les problématiques locales, sa situation économique et les besoins au niveau communautaire. Il n’y avait pas de début ni de fin à mon travail. On m’appelait Steven la police et on m’abordait n’importe où. Je savais que je serais sollicité, car je venais de la place. C’est un choix de vie », dit-il en terminant.
Retraite active
Bien qu’il soit à la retraite des forces de l’ordre, Steven Ferland souligne que son emploi du temps, depuis la fin d’octobre, est rempli. « À 49 ans, je voulais être certain de ne pas arrêter et c’est le cas. Mes journées sont bien remplies avec quatre emplois à temps partiel. Quand j’étais policier, il y a plein de choses que je voulais essayer, mais que je ne pouvais pas faire à ce moment, car c’était très prenant d’être responsable de poste », mentionne celui qui a trouvé quatre postes qu’il avait toujours rêvé d’essayer.
Depuis peu, il est enseignant remplaçant sur appel pour le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemins. En parallèle, il fait du transport et de la supervision des jeunes vivant en centre jeunesse, dans le cadre de rencontres supervisées avec les parents. Comme cela n’était pas assez, il s’est trouvé un emploi d’ambassadeur et de conseiller à la boutique Jack & Jones de Laurier Québec. Finalement, il est membre de l’agence Caractère de Québec qui emploie des modèles pour faire de la publicité télévisée, sur internet ou dans les magazines.
« Je n’ai aucune formation dans ces domaines, c’est juste mon expérience de vie qui m’a ouvert toutes ces portes », mentionne-t-il enfin.