Troisième lien: le politique s’active malgré les vacances

POLITIQUE. L’annonce récente de la mise sur pied d’un bureau de projet, qui étudiera la meilleure option pour un troisième lien routier entre Québec et Lévis, est bien accueillie en Chaudière-Appalaches, mais certains affichent tout de même des réserves.

Selon les informations, le bureau serait opérationnel à l’automne et localisé à Charlesbourg. Outre le directeur, chacun des membres proviendrait de la fonction publique. Une information qui en a fait sourciller certains, dont le préfet de la MRC de Bellechasse et président de la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches (TREMCA), Hervé Blais. «Le conseil d’administration avait adopté une résolution disant souhaiter que des représentants de Chaudière-Appalaches y siègent. Il n’y aura que des représentants de la fonction publique et l’équipe ne siègera qu’à l’automne. C’est décevant», a-t-il laissé entendre.

Ministre responsable de la région Chaudière-Appalaches, Dominique Vien a voulu rassurer les élus, particulièrement ceux de la MRC de Bellechasse qui plaident en faveur d’un tel lien à l’est de Lévis. «Ce que l’on veut d’abord, ce sont des professionnels au dossier. C’est évident que le politique sera mis au courant et concerné. Les citoyens pourront aussi y ajouter leur grain de sel avec le site internet.»

Mme Vien a d’ailleurs lancé un appel aux intervenants de Bellechasse à Sainte-Claire invitant le milieu à la mobilisation. Présente lors de l’annonce des investissements de l’entreprise Kerry, elle a cité en exemple la solidarité précédant l’arrivée du gaz naturel dans Bellechasse. «C’est un dossier majeur comme celui d’Exceldor à l’époque, la route 277, la Cycloroute, le gaz naturel et autres. Il a fallu l’appui de tous les maires pour les mener à bien et c’est la même chose pour le troisième lien. C’est une région, un projet. Il faut être actif, original et créatif. Je peux être Capitaine Bellechasse au besoin, car c’est de bon augure.»

Prudence, mais fermeté

Le député fédéral Steven Blaney s’était aussi prononcé sur le sujet. Il lance toutefois une mise en garde aux autorités impliquées dans le dossier du pont de l’Île-d’Orléans. «Il faut toutefois éviter de mettre la charrue devant les bœufs dans le dossier du pont de l’Île-d’Orléans. On devrait attendre les conclusions du bureau de projet avant de faire le travail en double».

Farouche partisan d’un troisième lien à l’est, le maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau, espère lui aussi voir le dossier progresser. Il est toutefois conscient que ce ne sont pas tous les intervenants qui commentent son évolution avec autant de vigueur. «C’est normal, car la Chaudière-Appalaches est tellement étendue que certains y sont indifférents. C’est tout de même positif, car on a un bureau de projet qui va se mettre en marche, mais les vacances et l’imminence d’une élection municipale en novembre contribuent à ralentir l’évolution des choses. Plusieurs élus savent déjà qu’ils quittent, alors le combat sera plutôt celui de ceux qui suivront. Pour la suite, tout dépendra aussi de la commande que ce bureau recevra. Il faudra que celle-ci soit donnée avant la prochaine élection générale sinon, la volonté politique ne sera pas au rendez-vous.»

La région devra tout de même fourbir ses armes, car d’autres n’ont pas la même opinion sur le sujet. Parmi ceux-là, le maire de Québec, Régis Labeaume, pour qui un troisième lien n’est pas une priorité, particulièrement à l’est du territoire, remarque M. Bonneau. «Si ça ne lui tente pas un troisième lien, c’est correct, mais ce n’est pas son opinion qui va forger la nôtre. On n’a pas à se confronter avec lui sur le sujet. C’est un maire, je suis un maire, il a le même poids que moi auprès du gouvernement. Il dirige un village plus gros que le mien, c’est tout. Le gouvernement ne prend pas ses décisions en fonction d’un maire, mais pour la collectivité. Nous l’avons vu dans le dossier du SRB».

S’il estime que la région de Bellechasse devra s’élever dans le débat, Michel Bonneau est aussi d’avis que d’autres régions auront avantage à le faire. «Ce sera un outil important de notre revitalisation. Quoique certains en doutent, toute la région est de Chaudière-Appalaches, Montmagny-L’Islet, Bellechasse et même le Bas-St-Laurent en bénéficieront.»