Un bon pas en avant pour les producteurs artisanaux
VIGNOBLES. Le récent projet 88 du ministre des Finances Carlos Leitao, qui permettra la vente de vins et d’alcools québécois dans les épiceries et dépanneurs, réjouit les producteurs artisanaux de la région qui voient enfin le résultat de plusieurs années d’efforts et de pressions menés auprès des autorités gouvernementales.
Copropriétaire du Domaine Bel-Chas de Saint-Charles, Marielle Béland a qualifié cette annonce de «cadeau de Noël avant le temps», indiquant que cette mesure incluait tous les vins produits chez eux, à l’exception de deux portos développés au cours de la dernière année.
Même son de cloche au Verger & Vignoble Casa Breton de Saint-Henri où la copropriétaire Lisette Casabon se dit satisfaite des mesures prévues. «Ça fait longtemps qu’on attend cela. C’est intéressant pour nous, car l’ensemble de nos produits sont touchés», mentionne-t-elle tout en reconnaissant qu’il reste du travail à faire afin d’inclure les alcools de petits fruits ayant un taux d’alcool supérieur à 16 pour cent.
«C’est stimulant et encourageant pour 2016 et les années à venir, car cela nous permettra enfin de faire du développement. Quand tu es limité dans tes points de vente, c’est difficile d’offrir ton produit à grande échelle.»
Déception au Ricaneux
Propriétaire du Ricaneux de Saint-Charles, Nathalie McIsaac reconnaît-elle aussi que ce projet de loi est intéressant pour les producteurs de cidres et de vins, à l’exception qu’ils ne pourront pas afficher, sur les bouteilles, les cépages utilisés dans la conception de leurs produits.
Elle se désole du fait que le projet de loi ne permet pas la vente dans les épiceries de boissons ayant plus de 16 pour cent de taux d’alcool, ce qui inclut la grande majorité des alcools à base d’érable, d’hydromel et de petits fruits. «La plupart de nos produits ont entre 16 et 20 %, alors c’est certain que cela nous déçoit. Nous avons entrepris des démarches auprès du bureau de la députée et nous rédigerons un mémoire à cet effet au cours du mois de janvier, dans lequel nous présenterons à la fois nos doléances et nos critiques, mais aussi nos recommandations», indique-t-elle.
Mme McIsaac n’était pas encore en mesure de dire si chaque producteur allait préparer son propre mémoire, ou si la démarche allait se faire en collégialité. «C’est certain que nous essaierons d’avoir la plus grande représentativité possible. On souhaite également se faire entendre en commission parlementaire.»
Elle ajoute, par ailleurs, que ce nouveau projet de loi pourrait ouvrir la porte à la création d’une distillerie qui permettrait aux producteurs artisanaux québécois de transformer les résidus de raisins et petits fruits en alcool. «C’est certain que ce serait intéressant d’avoir un alcool 100 % Québécois que nous pourrions utiliser dans la conception de nos produits. Ce n’est pas une priorité pour notre entreprise pour le moment, car nous avons d’autres projets. On pourrait former une coopérative, mais les coûts pour démarrer un tel projet sont énormes», ajoute-t-elle.
Place à amélioration
La députée-ministre Dominique Vien, qui se réjouit de ce projet de loi, a tenu à saluer la persévérance de Mme McIsaac. Si le projet de loi limite la vente de produits jusqu’à hauteur de 16 pour cent d’alcool, ce qui empêcherait de voir certains alcools de petits fruits comme ceux du Ricaneux dans les épiceries, elle rappelle qu’il est toujours possible de modifier le projet.
À cet égard, elle invite les producteurs artisanaux, groupes ou individus intéressés à faire valoir leur point de vue en commission parlementaire. Il est possible de soumettre des commentaires dans la section prévue à cet effet sur le site internet de l’Assemblée nationale ou préparer des mémoires pouvant être déposés dans le cadre de cette commission parlementaire.