Une enfant de Tchernobyl dans Bellechasse
SAINT-MICHEL. Plus de 30 ans après l’accident nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986, les effets des radiations se font toujours sentir chez la population du Belarus (Biélorussie), situation qui pourrait durer pendant plusieurs décennies encore.
Sachant cela, des familles québécoises accueillent, depuis plus de 25 ans, des enfants de cette ancienne république soviétique, âgés entre 8 et 17 ans, qui profitent d’un séjour de sept semaines pour donner un répit à leur corps contaminé au césium 137.
Cet été, 12 familles québécoises accueillent un enfant de Tchernobyl par le concours de la fondation Séjour Santé Enfants Tchernobyl (S.S.E.T). Un couple de Saint-Michel, Mireille Bergeron et Florence D’Allaire, fait partie du groupe et héberge, depuis le 22 juin, la petite Katsiaryna (Katia) Arlova, une fillette de 10 ans originaire de Krasnopolye.
Mireille a entendu parler de ce programme au début de la dernière année scolaire, en discutant avec une collègue qui était famille d’accueil depuis 10 ans. Après réflexion, elle et Florence ont amorcé les démarches afin de s’inscrire au programme.
«Une équipe de la fondation est venue nous rencontrer afin de voir si nous étions aptes à recevoir un enfant du Belarus. Katia nous a été présentée par la suite», explique Florence qui ajoute qu’elles aimaient l’idée d’avoir un enfant avec elles cet été et de l’aider à améliorer sa santé.
Fait à souligner, les familles inscrites auprès de la fondation Séjour Santé Enfants Tchernobyl assument tous les frais associés à la venue de l’enfant qu’elles parrainent, que ce soit l’achat du billet d’avion, les assurances, le visa ainsi qu’une partie des frais de l’interprète qui accompagne les 12 enfants, ceux-ci étant divisés entre les familles participantes.
Premier voyage
Si l’expérience est énorme pour elles, Mireille et Florence reconnaissent qu’elle l’est davantage pour la petite Katia qui en était à son premier voyage en avion, à l’étranger de surcroît, ainsi que pour sa famille qui a accepté de la laisser partir pour une période de sept semaines.
«Ce sont souvent les parents qui poussent les enfants à aller à l’étranger, car cela améliore leurs chances de survie à long terme. Comme ces familles ne sont pas riches, cela permet aussi à leur enfant de découvrir autre chose, de faire des activités plus diversifiées, ce qui est très positif pour eux», mentionnent-elles.
La communication représente, il va sans dire, un défi important pour le couple et l’enfant, surtout en raison de la langue. «On fait beaucoup de gestes, on essaie de lui apprendre des mots de base et on utilise Google Traduction, ce qui aide, souligne Florence qui ajoute qu’elle apprend beaucoup grâce à un mouton en peluche qu’elle a reçu en arrivant ici, mais aussi grâce au chien de la famille. «Les commandes pour le chien sont affichées sur le réfrigérateur en français et en alphabet cyrillique, ce qui l’aide à prononcer les mots plus facilement», note-t-elle.
Comme Katia aime côtoyer d’autres enfants, elle essaie de communiquer davantage avec eux à travers le jeu. Elle apprend aussi le vocabulaire avec les jeux de société. «Ce n’est pas un séjour de langue, mais dès qu’elle a une occasion de communiquer, elle le fait. Plus elle va maîtriser la langue, ce sera plus intéressant pour elle», poursuit Florence qui ajoute qu’internet permet à la jeune fille de garder un contact régulier avec sa famille, ce qui aide à chasser l’ennui qui peut survenir à l’occasion.
Horaire chargé
Depuis son arrivée il y a un mois, la petite Katia a pu visiter différents endroits comme la Grosse-Île, Québec et même l’Estrie, d’où Florence est originaire. Vélo, baignade et plage sont des activités qu’elle apprécie. «Elle aime beaucoup les grandes étendues d’eau comme on a ici avec le fleuve, ainsi que nos lacs. Le Belarus est un pays relativement plat avec de petites rivières et de petits lacs. Quand elle va au bout du quai, elle aime s’asseoir et observer le fleuve pendant de longues minutes», indique Florence qui ajoute qu’elle a également goûté à la randonnée en kayak.
Côté santé, Mireille et Florence voient déjà une amélioration, Katia étant moins fatiguée qu’au départ. Elles savent d’ailleurs que les effets de son séjour dans Bellechasse seront permanents et qu’elle ne devra pas recommencer à zéro en retournant chez elle, en août prochain.
Florence et Mireille sont les seules, dans tout l’Est-du-Québec, à accueillir un enfant du Belarus chez elles cet été. Les autres familles sont situées dans les régions de Montréal, de l’Estrie, de l’Outaouais et des Laurentides.
Elles espèrent que d’autres familles de la région manifesteront leur intérêt dans le futur, tous les renseignements à cet effet se trouvant sur le site web de la fondation au www.enfantstchernobyl.org.