Conflit en Ukraine: le prix des fertilisants agricoles en hausse

AGRICULTURE. À l’image de plusieurs, les producteurs agricoles font les frais de la situation actuelle et voient leurs revenus diminuer en raison du conflit en Ukraine. Jumelée au prix du carburant et autres, la hausse importante du coût des fertilisants et intrants agricoles, en est le fait saillant.

Selon Financement Agricole Canada (FAC), certains prix devraient toutefois baisser légèrement par rapport aux sommets qu’ils ont récemment atteints, tandis que ceux du canola, du maïs et du soya devraient augmenter.

L’Ukraine et la Russie sont d’importants exportateurs de nombreuses variétés de céréales et d’oléagineux, en particulier le blé, le maïs, le colza/canola et l’huile de tournesol. Les sanctions imposées par les pays occidentaux, en raison du conflit, et des problèmes de logistique limitent les exportations de la récolte précédente en provenance de ces régions. 

Président de l’UPA en Chaudière-Appalaches, James Allen ne peut que constater les impacts causés par l’inflation et le conflit sur ses membres. « Certains producteurs avaient acheté leurs produits l’automne dernier, mais ce ne sont pas tous les agriculteurs qui ont pu le faire. La Russie produit 13 % de tous les fertilisants de la planète et c’est le deuxième plus grand producteur d’engrais potassique et d’ammoniac au monde. »

Des hausses vertigineuses

Les prix des engrais anhydres, uréiques et phosphatés ont bondi de 56 %, 85 % et 32 %, respectivement, au cours de la présente année commerciale, même avant l’invasion, remarque Financement Agricole Canada. De janvier à mars, les prix des engrais anhydres, uréiques et phosphatés ont encore grimpé de 22 %, 4 % et 9 %, respectivement. Cependant, après être restés stables d’août à janvier, les prix de la potasse ont bondi de 155 % de janvier à mars. Les marchés se sont stabilisés depuis, mais les prix des produits de base échangés demeurent beaucoup plus élevés qu’au début de l’année. Les prix à terme du blé et du maïs sont en hausse de 37 % et de 32 %, respectivement.

James Allen remarque également que certains fournisseurs tentent de faire payer des surtaxes à leurs clients. « Des bateaux étaient en transit, en provenance de la Russie, au moment où le conflit a débuté et les sanctions économiques sont arrivées après. Des fournisseurs tentent de refiler la facture de ces sanctions à leurs clients. »

Le facteur météo

Quant au printemps sans fin et l’arrivée tardive de l’été, M. Allen ne croit pas que la saison 2022 soit bien différente des autres. Toutefois, les producteurs ont amplement le temps de rattraper ce retard, selon lui. « On ne peut pas dire que nous avons eu une grande quantité de pluie. La neige s’est retirée lentement, la terre ne semble pas avoir gelé à outrance non plus. On verra si le beau temps des derniers jours sera constant et que des épisodes de pluie arriveront au bon moment. »

L’Union des producteurs agricoles (UPA) a aussi averti les Québécois que l’odeur de fumier se ferait davantage sentir cette année en raison de la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix de l’engrais. « Plutôt que d’étendre leur fumier davantage après la troisième coupe, certains pourraient décider d’en utiliser davantage au printemps. Ils ne mettront pas plus de fumier nécessairement, mais répartir ce qu’ils vont étendre dans l’année », résume James Allen.